HÉCATOMBE COVID-19 : TROIS JOURS DE DEUIL NATIONAL
Pendant que l’alerte était donnée dans le monde entier pour la pandémie du coronavirus, au Brésil, on organisait encore des réjouissances . Une fête d’anniversaire a été à l’origine de propagation du coronavirus parmi les membres d’une famille, marquant à jamais leur vie.
Trois frères et sœurs sont morts et dix autres personnes sont tombés malades en un peu plus de deux semaines après ce rassemblement. Les autorités avaient confirmé qu’au moins un des décès était dû à un coronavirus lors de cette fête qui a eu lieu le 13 mars dans la ville d’Itaperica da Serra, dans l’agglomération de Sao Paulo.
Désormais, le Brésil est frappé de plein fouet par le coronavirus et vient d’entrer dans la liste des six pays qui ont le plus de décès au monde. Après avoir touché les grandes villes, comme Sao Paulo et Rio de Janeiro, l’épidémie est en train de se répandre dans tout le pays. Une récente étude fait craindre une hécatombe.
Avec plus de 3800 morts, la capitale économique Sao Paulo est la ville plus touchée du Brésil. Mais une récente étude, publiée par la Fiocruz, Institut public de santé, fait craindre une propagation rapide du coronavirus dans les lieux les plus reculés du Brésil. Selon le Groupe de suivi de la pandémie, créé par Fiocruz, le taux de transmission dans les villes de moins de 20 000 habitants a augmenté de plus de 50% ces deux dernières semaines.
Après avoir touché les centres urbains, le virus est donc en train de circuler très rapidement. Ces petites villes ne disposent pas d’hôpitaux, équipés de lits de soins intensifs… Les chercheurs de la Fiocruz ont constaté que de nombreux patients malades du virus se déplaçaient vers les grands centres urbains – dans lesquels les urgences sont déjà saturées. Le taux de transmission du virus dans les grandes ville a augmenté de près de 30% ces deux dernières semaines.
Le Parlement et la Cour suprême ont décrété un deuil national de trois jours. Le président, Jair Bolsonaro, n’a pas commenté la mesure – il est très critiqué pour être opposé au confinement et à la quarantaine, mise en place par les gouverneurs des grandes villes du pays, les plus touchées par le coronavirus.
Les autorités ont enregistré 10 627 décès et 155 939 cas confirmés de contamination au Covid-19, des chiffres qui toutefois, selon la communauté scientifique, pourraient être 15, voire 20 fois plus élevés en réalité, le Brésil pratiquant très peu de tests.
L’Etat brésilien de loin le plus touché est celui de Sao Paulo (Sud-Est), dont le gouverneur Joao Doria a annoncé vendredi à ses 46 millions d’administrés la prolongation de leur confinement jusqu’à la fin du mois. « Nous sommes au pire moment de cette pandémie », a-t-il déclaré, « la situation est affligeante ». « Nous devons prolonger le confinement jusqu’au 31 mai ». Cet État, locomotive économique du Brésil, enregistre à lui seul plus d’un tiers des décès dus au Covid-19 dans le pays, avec 3608 morts, et plus de 44 411 cas de contamination.
Mais proportionnellement à leur population, les États d’Amazonas (Nord) et du Ceara (Nord-Est) vivent des situations encore plus catastrophiques. Ainsi l’Amazonas, qui abrite de nombreuses tribus indigènes très vulnérables au virus, a enregistré 232 morts par million d’habitants, soit près de trois fois plus que les 79 morts de l’État de Sao Paulo.
Au rythme élevé où progresse le Covid-19, le pays de 210 millions d’habitants pourrait être en juin le nouvel foyer mondial de la pandémie qui a fait au moins 276 000 morts dans le monde depuis son apparition en décembre en Chine. Samedi soir, 730 décès supplémentaires avaient été enregistrés en 24 heures, un chiffre proche du record quotidien établi la veille (751).