HOMMAGE AU TRÈS GRAND MANU DIBANGO

C’est dur. Je garderai toujours le souvenir de sa bienveillance, de sa gentillesse et de sa grandeur d’esprit. Il appartenait à la race des anciens utiles, que l’on souhaite voir s’éterniser.

Il y a quelques années, je lui avais rendu l’hommage ci-dessous :

MANU DIBANGO
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Trop près des Dieux pour être apprivoisé.
Trop mythique pour être vulgarisé.
Manu Dibango est un homme d’exception. Une figure inspiratrice. Même pour Michael Jackson qui a plagié une de ses chansons en 1983.

En quête permanente d’élévation, ce guide spirituel est d’abord un citoyen du réel, qui allie discrétion, humilité et patriotisme.

Sur le patriotisme:
Malgré 60 ans de vie en occident, il a gardé sa nationalité camerounaise. Evitant systématiquement tout dénigrement public de son pays, c’est souvent avec un silence réprobateur qu’il écoute toutes les critiques véhémentes portées sur le Cameroun.

Sur l’humilité:
Manu Dibango paye l’impôt sur la fortune en France. Pourtant aucun signe extérieur de richesse ne le montre. Passant aisément des milieux aseptisés de la bourgeoisie parisienne, aux petits lieux ou il savoure sa prise avec la vie réelle, Manu a fait de la scène le théâtre de ses variétés. Son génie a aussi été dans la révélation du talent des autres.

Sur la discrétion:
Il ne montre aucune passion excessive pour les mondanités. Sauf quand sa présence est utile pour l’avancement de causes humanistes. Entrepreneur de sa vie, il refuse de choisir entre création et gestion, enrichissement et redistribution, libéralisme et militantisme. Desservi par des proximités affectives connotées, cet homme d’une époque reste indémodable.

Intelligent, ne parlant quasiment jamais de toutes ses oeuvres de bienfaisance, pour lui le bien ne fait pas de bruit. Parce que le bruit ne fait pas de bien.

Fin connaisseur de la musique, analyste pointu des grandes tendances sociétales, il y a quelques années déjà, que le Président Paul Biya l’a fait Ambassadeur itinérant de la république du Cameroun. Un acte de reconnaissance encourageant. Mais une exploitation minimale d’un personnage ayant une aura mondiale.

Patron tout court de la diplomatie camerounaise, voilà un rôle ou il pourrait bien pousser le vibrato, en ouvrant son carnet d’adresses, pour redorer le mythe écorné d’un pays jadis respecté.

Il est des hommes que l’humanité doit célébrer continuellement de leur vivant. Manu Dibango en est.

Morgan Palmer