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IL ÉTAIT UNE FOIS: MOÏSE BANGTEKE ET SAINT LAZARE AMOUGOU

Il fut un temps au Cameroun où nous eûmes de vrais journalistes prêts à valoriser la culture et la musique Camerounaise sans rien attendre en retour, parmi ceux-ci on peut citer Moise Bangtéké; un homme pluriel qui a joué un rôle déterminant dans l’éclosion des carrières de plusieurs artistes camerounais. Au micro de la FM 105, il faisait la promotion des artistes talentueux et prometteurs sans rien attendre en retour; son credo c’était la valorisatuon du talent et par ricochet de la culture Camerounaise.

Il a mis en lumière plusieurs artistes parmi lesquels Bendji Matéké ou encore Davis Mambo. Ce n’est pas pour rien que Benji Matéké commence son tube à succès « Rosy Muna » par la phrase suivante :  » Il y a du soleil sur les ondes, n’est-ce pas Bendji Maétéké ». En effet, Bendji Matéké a à peine 18 ans et est encore lycéen lorsque paraît son fameux titre « Fifion Ribanna »; très peu de personnes vont miser sur lui à la sortie de ce titre. A la sortie de « Fifion Ribanna », Moise Bangtéké soucieux de valoriser les talents fera tout pour faire de cette chanson un véritable succès. Pari réussi, qui n’a pas dansé sur « Fifion ! Fifion! mauvais sorcier Fifion ».

Davis Mambo est certainement l’un des artistes qui a le mieux rendu hommage à Moise Bangtéké, dans son titre à succès « femme sponsorisée », il consacre plusieurs secondes à Moise Bangtéké à travers le retentissant :  » Eba Eh bangtéké et Ba! ». Dans le clip vidéo, on aperçoit le grand Moise Bangtéké en plein exercice dans son studio de la Suelaba FM 105.

« Nyanga Boy » est le premier animateur à diffuser la chanson Zangalewa du groupe golden sound sur les antennes de media laquelle chanson sera reprise des années plus tard par Shakira; c’est pour vous dire que l’homme avait du flair.
Inutile de spécifier ici le rôle que Moise Bangtéké a joué auprès de son épouse, l’artiste Nadia Ewandé.
Plusieurs journalistes culturels au Cameroun ont contribué a révélé des vedettes de la musique Camerounaise. On peut par exemple citer : Saint Lazare Amougou journaliste à la CRTV Radio, Roger Owona ,journaliste à Cameroontribune, Jean Marie Ahanda, journaliste à Cameroontribune.

En réalité, à l’heure de la domination du Makossa, Nkodo Sitony a connu le succès au point de remporter pendant 2 ans le titre de chanson de l’année grâce à Saint Lazare Amougou et Roger Owona. Pour la petite histoire, c’est ce même Saint Lazare Amougou qui repère Moise Bangtéké alors qu’il est employé au ministère de la fonction publique.
Nous devons le groupe les têtes brûlées au journaliste Jean Marie Ahanda. Il a pensé un projet culturel dirigé vers la musique traditionnelle dans le but de l’internationaliser.

Les bons journalistes culturels de nos jours, sont rares au Cameroun. On a plus affaire avec des gombistes, de véritables mercenaires qui ne feront une promotion que s’ils sont payés en monnaie sonnantes et trébuchantes, billets de banque ou même en nature. Ils s’en foutent du talent ou même de la valorisation de la culture. Leur souci premier c’est de se remplir le ventre et les poches. Ils feront même la promotion des artistes médiocres pourvu qu’ils soient rémunérés par ceux-ci.
Dans cet océan de cancres, il y a quand même quelques exceptions qui se démarquent et font bien leur travail.

Moise Bangtéké était surtout un formateur, un travailleur, un modèle pour les jeunes journalistes et animateurs. Dès 1985, il présentait déjà l’émission  » volcan hit parade » sur la FM 94 à Yaoundé. En 1993, Cap sur Douala le « Nyanga Boy » présente  » soleil sur les ondes » avec Solange Aicha. Cet homme pluriel a été aussi journaliste sportif, président du club de football olympic fc, président départementale de karaté pour le Nkam, administrateur à la SOCAM, promoteur du cabaret « la belle époque », promoteur du concours « miss mama kilo ».

Il a cassé son micro précipitamment le vendredi 10 mai 2013 suite à un malaise lors d’un jogging matinal.
Son fils Boris est en train d’assurer la relève; le digne fils de son père.

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Sous  trois parpaings repose Saint Lazare Amougou ! Et si on honorait la mémoire de nos hommes de culture. L’oubli est la ruse du diable.

Je constate de jour en jour l’indifférence témoignée à l’égard de la mémoire des hommes et femmes qui ont marqué notre culture et même notre Histoire. C’est vraiment terrifiant. Je vois par exemple beaucoup de camerounais apprécier les chansons de Samson Chaud gars et les jouer même à longueur de journée. Cependant, j’ai constaté avec beaucoup de tristesse que la majorité des camerounais ne sait même pas en quelle année et quel jour est mort ce monument de l’Assiko. Chaque année l’anniversaire de sa mort passe dans la grande indifférence ; même les médias n’en font pas mention ; et pourtant les fans continuent à se délecter ses chansons. Dans les réunions « Bassa », les chansons de Samson chaud gars tournent en boucle. On danse, on fait l’amour, on boit, on mange en écoutant ses chansons.

Comment aimer les chansons d’un artiste et occulter, oublier totalement la mémoire de celui-ci. Paradoxe !

Dans le cadre du devoir de mémoire, je vais évoquer ici le cas de Saint Lazare Amougou alias Nyamoro, un journaliste qui a réalisé un travail phénoménal pour la culture camerounaise. Je ne souhaite pas soulever le débat sur les choix des rythmes qu’il a décidé de promouvoir au détriment des autres. Il a comme tout le monde peut être fait des erreurs dans son parcours, c’est un humain. Toujours est-il que Saint Lazare Amougou est une icône de notre culture et du journalisme. Ce journaliste, animateur radio et télé a fait rêver une génération de Camerounais. Il a été le promoteur de plusieurs programmes radio l’instar de : « le volcan hit-parade », « Question de temps », « café de Nyamoro », « la roue libre » etc. C’est à lui que nous devons les fameuses formules « stop chrono, question de temps », « la roue libre, elle tourne, elle tourne ». Il est le premier chef de chaîne de la radio « Yaoundé FM 94 ».

L’émission « Le Volcan hitparade » qu’il a créé a connu un succès phénoménal et a révélé plusieurs artistes. C’est le premier hitparade musical au Cameroun. Le succès de l’émission est tel que les bénéfices engrangés permettront à la Crtv de construire en partie bâtiment de la station du Littoral à Douala.

Lazare Amougou était de ceux qui donnaient le rêve, la pèche et l’espoir à la jeunesse Camerounaise aux côtés des Abel Mbengué, Elamé Mikado, André Bawondo Elimbi, Bernard Alphonse Lipot, Jean-Marie Watonsi, Zacharie N’kwo, Serge Ngando Ntone, Marie Françoise Ewolo Biloa, Jean Claude Ottou, Jean Vincent Tienehom, Keye Ndogo, Ignace Ngogang Kapsi, Jacques Logmo, Nieman, Alain Belibi etc

Il est décédé le 15 janvier 2007 des suites d’une longue maladie et il n’a pas reçu la moindre reconnaissance. Le jour de son enterrement dans son village natal, on notera l’absence totale des artistes et des nombreux fans.

En mai 2019, la famille de Saint Lazare Amougou appelait toutes les âmes de bonne volonté et tous ceux qui ont aimé St Lazare à faire un geste afin de construire pour Nyamoro une pierre tombale digne de lui et un hangar pour le mettre à l’abri des intempéries.

Sous d’autres cieux, l’Etat aurait pris en charge ses obsèques et il aurait été honoré à sa juste valeur ; des promotions de l’école de journalisme (ESSTIC) aurait même porté son nom.

La tendance actuellement au Cameroun est d’inviter à coup de dizaines de millions des artistes étrangers pour des prestations furtives ; Et si on prenait une partie de cet argent pour honorer la mémoire de nos hommes de culture. Ceux-là qui ont beaucoup donné pour notre pays et qui ne doivent pas être oubliés. L’oubli est la ruse du diable.

Arol KETCH – 03.01.2019

Fourmi Magnan égarée

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