JE SUIS CONDAMNÉ À MOURIR AVANT OCTOBRE 2018
Juste après la publication d’un article intitulé » le pharaon Salah égale l’éléphant Drogba » le 31 mars 2018, mon compte Facebook est déconnecté. Quand je veux me reconnecter, je reçois un message de Facebook qui m’apprend que j’ai publié les photos nues qui ne respectent pas les standards de la communauté , et je dois les supprimer. Mais les photos qu’on me présente sont celles de Paul Biya, Laurent Esso et une affiche de concert. Je ne vois pas la corrélation entre les photos d’un chef d’État et son ministre de la Justice, tous bien habillés et une affiche de spectacle où personne n’exhibe sa nudité . Néanmoins, je m’exécute à les supprimer. Ensuite, c’est un autre message qui m’annonce que je ne pourrai plus publier pendant 30 jours. De la même manière, les comptes de certains de mes amis et administrateurs sont aussi déconnectés avec le même motif. Ça ne va pas la tête à Facebook! Dans la nuit du 1er avril, les attaques de robots sont lancées sur le site de mon journal en ligne www.coupsfrancs.com pour prendre son contrôle. L’hébergeur m’envoie le signal. En même temps, les attaques ont aussi ciblé le site LC2P de Joël Engo qui ne fait pas de cadeaux au régime Biya.
C’est la deuxième fois que les oukases des hackers du régime tombent sur ma page depuis que le ministre de la Justice Laurent Esso a sorti une circulaire officielle envoyant en mission à l’étranger les services secrets de renseignements camerounais pour 《 identifier les journalistes et cyberactivistes》. Non seulement le régime a déclenché le processus du totalitarisme stalinien pour faire disparaître ma page, mais aussi me faire taire définitivement par l’élimination physique avant l’élection présidentielle d’octobre 2018. Et mon nom figure bel et bien dans la liste des personnes à éliminer avant l’élection présidentielle d’octobre 2018 où je ne suis pas candidat, mais classé comme handicap pour la propagande du régime Biya. Je ne suis ni le premier, ni le dernier. Le glaive de ce régime dictatorial camerounais procède toujours par l’élimination physique des journalistes et activistes qui peuvent impacter, capter l’opinion , incarner le contre-pied du pouvoir qui fait le quadrillage de l’information à chaque moment clé des élections . Et à chaque fois, Biya se sert de son bras droit Laurent Esso, crapule à la moustache de Dracula, indéboulonnable dans le gouvernement depuis 36 ans, tapi dans l’ombre de tous les assassinats politiques.
Oppresseur au regard de grand tueur, Laurent Esso ne fait que noircir sa carte de visite depuis l’assassinat du grand journaliste Pius Njawé, fondateur du journal Le Messager, son ennemi juré. Du temps où il était Secrétaire général à la présidence de la république entre septembre 2006 et décembre 2011, Laurent Esso fit arrêter Pius Njawé 12 fois. En décembre 1997, c’est lui qui orchestra l’arrestation et son emprisonnement pendant 10 mois à la prison de New-Bell à Douala. Le 10 juillet 2010, Pius Njawé quitte le Cameroun pour aller assister à un forum organisé par la diaspora camerounaise aux États-Unis pour l’alternance, en préparation de l’élection présidentielle qui doit se tenir en 2011. Le 12 juillet 2012, en plein jour, aux environs 14 heures 45, il est écrasé par un camion. Le régime Biya se précipite d’annoncer que Pius Njawé a été tué en voulant changer son pneu crevé au milieu de l’autoroute en Virginie. Mais quand son chauffeur sort du coma, il dit plutôt que Njawé a été tué assis sur le siège arrière de son véhicule par un camion qui les poursuivait à vive allure . Plus tard, on découvre une note confidentielle dans le bureau de Laurent Esso. Dans cette note des services secrets adressée au président Biya figure le nom de Pius Njawé parmi les personnalités à assassiner sous le numéro 007108/ CAM/PR/NC , signée le 4 septembre 2010.
Ministre d’État et ministre de la Justice depuis le 9 décembre 2011, Laurent Esso a encore développé ses méthodes d’affreuse hydre qui broie tous les journalistes sans prendre les gangs. C’est lui qui a ordonné à la Direction Générale à la Recherche Extérieure de torturer le journaliste Bibi Ngotta, le jeter en prison où il est décédé le 22 avril 2010. C’est encore le même Laurent Esso qui a fait écrouer à la prison centrale de Yaoundé Robert Mintya, directeur du journal Le Devoir et Serge Sabouang du journal La Nation. En juillet 2013, docteur Charles Atéba Éyéné, journaliste et enseignant universitaire, brandissant les confidences et les éléments accablants, déclara dans les médias:《 Laurent Esso a tué Bibi Ngotta(…) Laurent Esso voulait me recruter dans les sectes》. Quelques temps après, Charles Atéba Éyéné qui n’avait jamais bu une goutte d’alcool ni pris un stupéfiant, s’écroula dans une cérémonie à l’Institut Africain de l’Informatique. De ce jour où il a été empoisonné, il n’a plus jamais retrouvé ni sa santé, ni sa voix opérée d’amygdales, jusqu’à sa mort au CHU de Yaoundé.
Tout comme la liberté se dissipait comme la brume sous le règne des rayons d’Hitler, Laurent Esso a fait passer la loi No 2014/028 du 23 décembre 2014, portant répression des journalistes qui sont désormais considérés comme des terroristes et sont condamnés par le Tribunal militaire. À part en Corée du Nord et au Cameroun, on ne trouve une telle loi dans un autre pays démocratique du monde. Et puisque j’ai échappé à la mort à la prison centrale de Yaoundé, ayant refuser de vendre ma conscience avec quelques millions pour rentrer dans la niche de la pensée unique, Laurent Esso, tueur à gage du régime, a déclenché ses réseaux de rustres pour m’éliminer. Et je ne suis pas seul dans la liste des journalistes et activistes à broyer. C’est une spirale d’un régime sanguinaire qui ne recule devant aucune outrance et qui se dote d’une puissance invasive pour briser les voix discordantes à l’extérieur du Cameroun . Je reçois plusieurs menaces de mort in box et des appels anonymes. Je n’ai pas peur. Ils ont bloqué ma page Facebook, mais je vais continuer à publier dans mon journal www.coupsfrancs.com. Je vous invite à aller vous y abonner gratuitement rien qu’avec votre adresse email. Et partagez pour alerter l’opinion pour qu’on ne vienne pas vous mentir un jour que je suis mort par accident ou de courte maladie.
À tous ceux qui se battent pour la liberté de la presse en Afrique , n’abandonnez jamais le combat. Comme le disait Martin Luther King:《 notre vie commence à s’arrêter le jour où nous gardons le silence sur les choses graves》.
J. RÉMY NGONO
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