JEUNESSE AFRICAINE, LA PHILOSOPHIE DU TOURNE-DOS
Où allons-nous, jeunes gens, où allons-nous, étudiants, chefs d’entreprises, commerçants, fonctionnaires, artisans, agriculteurs, ingénieurs, chômeurs qui avons mal dans notre chair et dans notre esprit, revendiquant depuis plusieurs décennies au nom de nos colères, de nos emportements, de nos irritations et de nos enthousiasmes, un espace pour la jeunesse ? Où allons-nous, éprouvant l’impérieux besoin de jeter publiquement le cri de nos consciences indignées contre notre pays ? Quelle idée faisons-nous de la patrie à laquelle nous aspirons tous ?
Je crois fermement que nous avons le DOS TOURNÉ à la réalité, nous nous sommes éloignés de la vérité. DOS TOURNÉS à la chaussée, nous nous appliquons, sous un kiosque, à sélectionner nos matchs pour nos tickets de Parifoot, pendant que les billes de bois sont transportées derrière nous pour l’étranger. DOS TOURNÉS au talus, nous sommes attachés à nos téléphones androïd importés, laissant passer derrière nous l’essentiel de notre culture de laquelle nous sommes dépossédés. DOS TOURNÉS au remblai, nous nous sommes retrouvés vautrés dans la scabreuse affaire MIDA, jonchant le champ de bataille pour la recherche effrénée de l’argent sans effort, mais surtout, laissant passer derrière nous, toutes les possibilités d’entrepreneuriat existantes. C’est aussi DOS TOURNÉS à la route que nous mangeons dans nos TOURNES-DOS. Nos égotismes de « sémi-bourgeois malappris », qui nous font donner l’impression de travailler par dilettantisme et non pour gagner nos vies et développer notre pays, notre « élégante mollesse », nos concupiscences narcissiques nous ont fait perdre l’énergie et le goût du risque qui caractérisaient les « anciens ». Une enquête Ispos pour le journal Le Monde, publiée récemment, dresse un portrait des plus lugubres de la jeunesse mondiale actuelle. Manifestement, notre Monde n’aime pas ses jeunes. Selon l’étude, ils seraient égoïstes (63%), paresseux (53%), intolérants (53%) et pas assez engagés politiquement (64%). C’est la moyenne. Il est malheureux de constater que ces inconduites notoires sont plus prégnantes dans les pays les moins avancés, l’ère 2.0 ayant consacré la « paresse culturelle » dont je parle depuis et partant, cristallisé la fracture civilisationnelle. La ferveur apparente de certains est celle de jouisseurs qui tournent très vite le dos à l’histoire. Je puis vous rassurer du fait qu’il vaut mieux gâcher sa jeunesse que de n’en rien faire du tout. Écrivons tous le livre de notre destin, cueillons notre jeunesse, cueillons-là parce que nous avons pour privilège d’être à nous-mêmes notre propre justification. TOURNONS LE DOS AUX TOURNE-DOS. Multum !
Brice Cardeau
L’enfant terrible de Ma’a Moni