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JOSEPH OWONA, LE RETOUR DU CONSTITUTIONNALISTE FASCISTE ET TRIBALISTE

AU SUJET DE JOSEPH OWONA: LE DANGER DES BAMILEKE AU CAMEROUN

Par Jean Francois Channon

En 1991, je suis journaliste à l’effort camerounais, journal de l’église catholique camerounais basé à l’époque à Mvolye. En mars 1992 se tient au Cameroun une session de l’union interparlementaire. La réunion des parlementaires du monde en entier. Le président Biya préside la cérémonie d’ouverture. Avant les discours, Bounougou Fouda aux côtés de qui je suis assis aperçoit le Pr Joseph Owona. Il me suggère que nous allions lui dire bonjour. Nous arrivons vers lui.

L’entretien que nous avons se passe en Ewondo. Une langue que je connais bien. Le pr Owona après les présentations nous suggère d’adhérer à son projet de créer un organe de presse en langue Ewondo pour sensibiliser le peuple face aux dangers des Bamileke au Cameroun. Je ne croyais pas ce que j’entendais.

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 » UN BAMILEKE À ETOUDI? JAMAIS  »

Les bamiléké sont un groupe ethnique qui fait partie des Grassfields (Ngraffi, Nguelafiss). Ces derniers sont un ensemble de peuples qui vivent sur les hauts plateaux du Cameroun occidental et parlent des langues bantoues, dont les plus connues comprennent les langues Bamun, Yamba et Bamileke de l’Est et la langue Kom du Ring Road de l’Ouest (province actuelle du Nord-Ouest).

Comme les Haouassa du Nigeria voisin, les Bamileke ont des traditions des commerçants qui s’établissent facilement dans toute région ou localité où leurs affaires prospèrent, contrairement aux autres tribus sédentaires et agricoles d’Afrique centrale, comme les beti et bulu du Sud Cameroun.

Quand Patrice Nganang se glorifiait de la mort d’Ateba Yene en février 2014, attaquant l’ami du défunt Mathias Owona Nguini dans Facebook, j’étais sorti dans un post pour éteindre le feu du tribalisme, notamment lorsque, de concert avec Shanda Tomne, il soufflait sur les braises des haines tribales.

Les bamiléké, parce qu’ils résident partout sur le territoire camerounais, sont les plus représentatifs de la nation camerounaise, et aussi les moins portés à accepter une guerre tribale dont ils seraient les plus grandes victimes.

Le régime néocolonial dirigé par Biya le sait et utilise justement le chantage de la guerre tribale pour les soumettre.

Certes, les sorties de Nganang et Shanda Tomne étaient légitimes, car ils répondaient aux «élites du Mfoundi», dont notamment le groupe d’André Mama Fouda qui s’était félicité des massacres des manifestants de février 2008, commis par leur «régime beti» de Paul Biya, et disant ceci dans leur communiqué signé par leur association Asfesem :
«Nous invitons fermement les prédateurs venus d’ailleurs, de quitter rapidement et définitivement notre sol.(…) Les forces du Mfoundi ont de nouveau revêtu la tenue de combat de leurs ancêtres.(…) nous répondrons au coup par coup.»

Ainsi donc, lorsque les camerounais se soulevèrent contre le projet de modification constitutionnelle de Paul Biya ayant supprimé la limitation des mandats présidentiels, le régime Biya les massacra en les présentant comme des «vandales», tandis que les «élites du Mfoudi» les présentaient spécifiquement comme les «prédateurs» bamiléké «venus d’ailleurs», ceux-là mêmes que la constitution du mauvais État La République du Cameroun (LRC) appelle «les allogènes», et qu’ils entendent éliminer par un génocide.

Je trouvais donc gauche et bas de la part de Patrice Nganang de se glorifier de la mort de Charles Ateba Yene parce qu’il était bulu, malgré tous les livres et propos publics du défunt critiquant les «élites» beti et bulu du «pays organisateur» lui ayant valu la mort, et aussi parce que le défunt était l’ami de son ennemi des débats publics, Mathias Owona Nguini, fils du tribaliste atavique Joseph Owona l’auteur des termes constitutionnels diviseurs «autochtones» et «allogènes».

J’avais moi-même publié en 1994 dans mon journal Le Nouvel Indépendant les propos graves que Joseph Owona avait tenus en privé devant moi et mon ancien rédacteur Manda Mbida, quand il me miroitait une enveloppe de 500 millions de francs CFA réservée pour moi, disait-il, pour concurrencer la presse bamiléké de Douala appelée «Sainte Trinité», notamment celui qu’il répéta et que j’avais titré à la Une, à savoir «Un Bamiléké à Etoudi? Jamais!».

Cet article m’avait valu que je sois jusqu’aujourd’hui enseigné dans l’école de journalisme – pour ne pas dire de griotisme – de LRC de Biya comme le mauvais exemple de publication des propos recueillis par le journaliste off-the-record.

Mais je tenais alors à faire échouer le plan diabolique du régime Biya tendant à les frustrer et à provoquer les bamileke à la révolte afin de les massacrer et renforcer l’assise du régime par la terreur.

Je n’ai jamais condamné Patrice Nganang d’avoir attaqué les tribalistes du régime Biya qui font tout pour diviser les camerounais, en menaçant les fragiles bamiléké de génocide, afin d’empêcher l’union du peuple camerounais qui, seule, est capable de renverser leur Paul Biya du pouvoir comme les burkinabé unis ont renversé Blaise Compaoré.

Je condamne fermement et avec la dernière énergie Patrice Nganang quand il appelle les bamiléké à tuer les bulu, non pas seulement les «élites» bulu du pouvoir, mais même les pauvres bulu qui vivent en paix avec les bamiléké dans nos quartiers et villages.

De tels appels, insensés et débiles, exposent les bamiléké au génocide, auquel ils ont échappé in extremis en fin 1992, mais aussi les pauvres bulu et beti aux massacres, pour qu’à la fin Paul Biya et les siens s’accrochent au pouvoir sous prétexte de préserver l’unité et l’intégrité du Cameroun.

Ndzana Seme, 05/07/2019

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