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JUSTICE CAMEROUNAISE, GRAND CORPS MALADE

“ A quelques jours de la tenue du Conseil Supérieur de la Magistrature, il est judicieux que la lumière soit braquée sur cette institution étatique qui fera les choux gras de la presse nationale après que cet illustre organe aura livré les résultats de ses travaux notamment l’intégration et les affectations des magistrats récemment sortis de l’ENAM, les promotions en grade mutation et nominations de ceux qui sont sur le terrain et les sanctions pour les plus indélicats parmi eux qui se seront faits prendre; voilà pour l’essentiel l’ordre du jour des travaux de ce conseil.

Mais ce qui est pathétique et même dramatique c’est que ce conseil qui donne l’occasion unique et idoine pour mettre sur la table devant le Chef de l’Etat en personne tous les problèmes de la Justice camerounaise ne prend en considération que ceux des magistrats oubliant que ceux-ci ne sont qu’un maillon de la longue chaîne que constitue la Justice.

Tenez par exemple, dans l’ordre judiciaire, les magistrats viennent au premier rang suivi des greffiers. Ces deux corps constituent dans la longue chaîne de la Justice, ceux qui composent essentiellement et exclusivement les cours et tribunaux au Cameroun selon l’organisation judiciaire de la république. Mais curieusement dans la pratique les greffiers sont transparents pour ne pas dire invisibles quand il s’agit de s’asseoir pour parler des problèmes qui minent la Justice et des solutions qui peuvent être apportées.

Et pourtant ce corps de fonctionnaires constitue la grande partie des ressources humaines du Ministère de la Justice et leur rôle dans la mise en action de la politique de l’Etat en matiere de Justice ou de la distribution de la Justice est essentiel. Le Greffier est le seul plus proche collaborateur du magistrat et son assistant personnel et légal. C’est par les fonctions du Greffier que le travail du Magistrat est visible perceptible et palpable. Sans greffier le magistrat est inapte pour ne pas dire handicapé pour accomplir ses fonctions judiciaires.

Sur le terrain, ces deux fonctionnaires de la Justice sont légalement des complices et des co-auteurs de tous les actes judiciaires qu’ils dressent et co-signent. La loi est très claire et rigide sur ces principes de base de la légalité des actes judiciaires. Mais force est de constater que dans notre pays tout est fait et présenté de la Chancellerie et dans toutes les juridictions comme si le greffier est inutile remplaçable et ses rôle et fonction négligeables et dispensables pouvant être exercés par n’importe qui.

Il est inconcevable que ce personnage central dans la matérialisation de la Justice auprès des usagers n’ait pas son mot à dire dans la marche et l’évolution du service public de la Justice au pays. Il n’existe aucune instance professionnelle tel un syndicat qui permette qu’au moins ces deux acteurs principaux de la Justice s’expriment et donnent leur point de vue sur la bonne marche de la Justice au Cameroun.
Qui peut mieux parler des problèmes de la Justice et en proposer les solutions si ce n’est ces deux personnages et beaucoup plus le greffier?

Actuellement les lenteurs judiciaires sont décriées et la Justice est ainsi à la barre de l’opinion publique nationale et internationale. Curieusement, récemment, suite aux émeutes de la prison de Kondengui, le Garde des Sceaux n’a recueilli que les avis et propositions des chefs de Cours d’appel qui ont répercuté à leurs subalternes locaux qui ont travaillé entre eux excluant le greffier qui est l’homme du terrain en matière d’exécution des décisions de Justice…

C’est comme si dans un foyer le mari connaît mieux les problèmes du ménage et de la cuisine que la femme qui est au feu au four et au moulin tous les jours!

La justice n’est pas seulement l’affaire des magistrats. Notre gouvernement semble s’être fondé sur ce faux principe au point que même dans le traitement des personnels il y a une disparité criarde et foncièrement injuste!

Les magistrats bénéficient seuls d’une indemnité spéciale de fonction, d’une indemnité spéciale de non-logement, d’une indemnité pour eau électricité et téléphone et en plus de tout ceci ils partagent la prime des émoluments des greffiers qui est la seule que ces derniers bénéficient avec la prime dérisoire de sujétion comme les autres fonctionnaires et pourtant ils ont un statut spécial qui depuis presque 09 ans n’est pas appliqué.

Avec une telle inégalité dans le traitement de ces deux composantes principales des cours et tribunaux on peut s’attendre à quelle célérité dans le travail et sérénité dans les milieux judiciaires?

Il est temps que le Conseil Supérieur de la Magistrature devienne le Conseil Supérieur de la Justice afin de traiter à fond tous les problèmes des personnels judiciaires (magistrats greffiers avocats huissiers notaires et les fonctionnaires de l’administration pénitentiaire) en leur donnant aussi l’occasion de s’exprimer et prenant en compte leurs avis et propositions pour la bonne marche de la Justice dans notre pays”

Correspondance anonyme

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