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KADHAFI ENTERRE SARKOZY : UN DISQUE DUR ET UNE CLÉ USB SAISIS DÉBALLENT TOUT

Un disque dur et une clé USB. Et de quoi détruire l’une des lignes de défense de Nicolas Sarkozy, dans la tentaculaire affaire des présumés financements libyens de sa campagne de 2007. Révélé par Mediapart, le contenu de ces deux pièces mises sous scellés depuis plus de dix ans apporte de nouveaux éléments à la justice. Les documents prouvent, selon le média d’investigation, que l’ancien président de la République a bien eu des contacts réguliers avec son ancien collaborateur Thierry Gaubert, condamné dans plusieurs affaires politico-financières et récipiendaire, avant la campagne de 2007, de 440 000 euros d’argent libyen. Pourtant Nicolas Sarkozy avait toujours nié, devant les juges ou dans la presse, avoir eu le moindre contact avec l’affairiste après 1996. Mediapart revient en détail sur la relation entre les deux hommes, de Neuilly à l’Elysée en passant par Beauvau.

Tout commence en juin, raconte Mediapart, lorsque des enquêteurs découvrent, dans les placards sous scellés de la police anticorruption, un disque dur et une clé USB saisie en 2011 dans le cadre de l’affaire Karachi. Les deux appareils informatiques contiennent les archives personnelles de Thierry Gaubert, mis en examen pour «association de malfaiteurs» dans l’enquête libyenne, portant sur le financement potentiellement illégal de la campagne pour la présidence, en 2007, de Nicolas Sarkozy, par de l’argent liquide qui aurait été versé par le clan Kadhafi.

L’examen par les agents de l’office anticorruption de la police judiciaire révèle bien vite des initiales loin d’être mystérieuses : «NS», ou Nicolas Sarkozy, dans de multiples occurrences : «dîner NS», «cadeau NS», «rdv NS» ou encore «NS hier». La preuve, souligne Mediapart, que «l’ancien chef de l’Etat a menti» et a côtoyé régulièrement Thierry Gaubert, souvent par l’intermédiaire de l’ancien ministre Brice Hortefeux – «B» ou «BH» dans les notes de l’affairiste.

«Les pièces manquantes d’un immense puzzle»

A travers ces archives, ce sont aussi «toute la diplomatie parallèle et les affaires occultes du cabinet Sarkozy» qui apparaissent, «comme les pièces manquantes d’un immense puzzle», écrivent les journalistes auteurs de l’enquête. A commencer donc par l’affaire des financements libyens. Ainsi d’une note, datée de janvier 2006 et nommée «NS-campagne», associée à un mail souhaitant «bon voyage» à Ziad Takieddine, l’intermédiaire et «transporteur de mallettes», alors qu’il prend un vol Tripoli-Paris.

autre document «prouve matériellement» les «interactions secrètes» des anciens ministres sarkozystes Claude Guéant et Brice Hortefeux (tous deux mis en examen dans l’affaire) avec Ziad Takkiedine et Thierry Gaubert. Des rencontres étayées par plusieurs témoignages, mais qu’un email et une note, datés aussi de 2006, viennent confirmer. «L’enquête judiciaire a déjà montré que la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy avait été abondée en espèces non déclarées aux autorités de contrôle», rappelle Mediapart. Ces éléments viennent ainsi consolider les pistes des enquêteurs quant au circuit par lequel l’argent venu de Libye serait arrivé entre les mains des hommes forts de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.

Leurs liens ne s’évaporent pas après l’élection du candidat de l’UMP. Les archives numériques de Thierry Gaubert révèlent au contraire des contacts récurrents et dans le plus grand secret entre l’affairiste,le «clan Sarkozy» et Ziad Takkiedine, celui-ci préparant le rapprochement du nouveau président avec le dictateur libyen Muammar al-Kadhafi, assassiné en 2011, qui avait en décembre 2007 planté sa tente sur les pelouses de l’Elysée.

Les archives Gaubert viennent prouver que, contrairement à la distance que la sarkozie veut désormais mettre avec Takieddine, l’intermédiaire était bien au cœur de la machine élyséenne sur la Libye», poursuit  Mediapart. Le média cite un message de celui-ci a adressé en 2009 à Thierry Gaubert, portant sur une rencontre secrète entre Claude Guéant et le fils de Kadhafi Saïf al-Islam (recherché depuis 2011 par la Cour pénale internationale, pour des soupçons de «crimes contre l’humanité») ainsi que sur des «rendez-vous confidentiels avec “B”, qui pourrait être Brice Hortefeux, selon les enquêteurs».

En somme, toute une pluie de documents accréditant les relations particulières, et entretenues, entre des affairistes trempant dans de nombreuses affaires politico-financières et les proches de Nicolas Sarkozy, dont la défense est dans le même coup mise à mal. A n’en pas douter, ces archives, déterrées par la police et détaillée par Mediapart, nourriront les procédures engagées dans l’affaire des financements libyens de la campagne de 2007, impliquant des dirigeants politiques du plus haut niveau et de nombreux collaborateurs.

Cités dans l’article de Mediapart, ni Thierry Gaubert ni Nicolas Sarkozy n’ont souhaité répondre aux questions et aux faits déroulés par le média en ligne. Mediapart relaie les réponses brèves de Brice Hortefeux, qui indique dénoncer «formellement depuis des années des contre-vérités et des erreurs factuelles» (sans les préciser), et de Claude Guéant, niant toute «connaissance que Thierry Gaubert se soit occupé de quoi que ce soit dans les relations avec la Libye» et affirmant qu’il n’a «jamais vu ni entendu parler d’un financement libyen».

Parmi les nombreuses personnes soupçonnées d’être impliquées, sont notamment mis en examen Nicolas Sarkozy pour «association de malfaiteurs», «corruption», «financement illicite de campagne électorale» et «recel de détournement de fonds publics», Brice Hortefeux pour «financement illicite de campagne» et «association de malfaiteurs»,  quand la mise en examen de Claude Guéant engobe une dizaine de délits potentiels, dont «association de malfaiteurs», «corruption», «recel de détournement de fonds publics», «financement illicite de campagne électorale» et «blanchiment de fraude fiscale».

Sont également mis en examen Thierry Gaubert (pour «association de malfaiteurs»), Ziad Takkiedine (notamment pour «corruption»  et «association de malfaiteurs») et l’ancien ministre et actuel député Les Républicains Eric Woerth, pour «financement illicite de campagne».

Source : Libération

 

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