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LA CARTE GÉOGRAPHIQUE DE L’AFRIQUE EST TRUQUÉE ET FAUSSE

La carte géographique officielle du monde est celle réalisée en 1569 selon la projection dite de Mercator (du nom de son auteur, le Belge Gerardus Mercator), est une carte fausse. Lorsqu’il a fallu trancher pour utiliser par exemple la carte géographique de Gall ou celle de Peter plus proche de la réalité, et corrigeant les erreurs de Mercator, le gouvernement américain a choisi la carte erronée et pour cause : c’est celle qui fait la part belle à l’Occident et endommage les pays non occidentaux, comme l’Afrique, l’Amérique du Sud et l’Asie. Sur les cartes officielles utilisées partout dans le monde y compris en Afrique, voici quelques exemples de malignités :

Le Groenland apparait plus grand que l’Afrique alors que cette dernière est 15 fois plus grande dans la réalité. Le Cameroun semble avoir la même grandeur que la Suisse alors qu’en réalité, le Cameroun est 11,5 fois plus grand que la Suisse qui avec ses 41.277 km2 n’atteint pas la dimension de l’une des 10 provinces du Cameroun (475.000 km2) La Finlande et tous les pays scandinaves semblent plus grands que l’Inde alors qu’en réalité, l’Inde avec ses 3.287.263 km² (2,3% des terres émergées) est 10 fois plus grande que la Finlande avec ses 338.424 km2 (0,23% des terres émergées) L’Allemagne semble le double du Mozambique, alors que dans la réalité, l’Allemagne avec ses 357.114 km² est moins de la moitié du Mozambique qui a 801.590 km2 La Belgique semble plus grande que le Sénégal. Mais en réalité, le Sénégal avec ses 196.722 km² est presque 6 fois et demi supérieur à la Belgique qui n’a que 30.528 km².

La France semble avoir la même dimension que le Mali. Pourtant, dans la réalité, avec ses 1.241.238 km², le Mali a une superficie double de celle de la France qui n’en compte que 640.294 km².

L’Europe semble plus grande que la Chine alors qu’en réalité, avec ses 9.596.961 km2 la Chine est presque le double de toute l’Europe d’est en ouest et représente 6,4% des terres.

L’Afrique est un très grand continent, avec ses 30.418.873 km², représentant les 6% de la terre et 20,3% des terres émergées. Alors que les 46 pays de l’Europe totalisent une superficie de 5.917.619 km², c’est-à-dire que l’Europe entière, du Portugal à l’Ukraine est 4,4 fois plus petite que l’Afrique. Pourtant, dans l’imaginaire collectif, les Africains sont convaincus d’être 10 fois plus petits que l’Europe, de disposer moins d’espace vital que les Européens, ce qui n’est pas vrai du tout, comme nous venons de le voir. Voilà pourquoi en plus d’un climat très favorable, c’est à l’Afrique de nourrir l’Europe et d’en tirer un profit conséquent et non l’inverse.

CONSEQUENCES POUR L’AFRIQUE

Grâce à cette carte à première vue anodine, l’Europe a réussi à installer dans la tête des africains une acceptation de leur supposée supériorité. L’enfant africain qui regarde une carte géographique sur laquelle l’Europe est au dessus et l’Afrique en dessous, intériorise l’infériorité africaine vis-à-vis de l’Europe. Parce qu’il est naturel que l’instinct de cet enfant le pousse à comprendre que l’aspiration d’une personne c’est de grandir et grandir veut dire partir du bas vers le haut, grandir veut dire quitter la marche sur les 4 pattes pour se mettre debout, grandir veut aussi dire, partir de ce Sud prétendument pauvre, démuni, meurtri en bas vers le nord en haut, symbole de réussite et du bien-être.

Pour défendre un continent, il faut l’aimer et pour aimer l’Afrique, il faut avoir la capacité intellectuelle de mettre comme priorité la déconstruction du conditionnement mental dans lequel presque toute la population se trouve.

Lorsque j’étais étudiant en Italie, en 1987, j’avais réalisé un test avec mes camarades italiens. J’avais pris une carte du monde que j’avais retournée et réinscrit les noms des pays à l’endroit, sur la carte renversée. Tous m’ont dit que ce n’était pas normal et quand je leur faisais remarquer que la terre était ronde, presque tous sans réfléchir me répondaient que « mais l’Afrique ne peut pas être au dessus de l’Europe » et lorsque je demandais « pourquoi ? » la réponse était tout aussi surprenante « parce que l’Afrique est plus pauvre ». Ce qui veut dire que pour un jeune européen, avoir une carte du monde où l’Europe est placée au-dessus de l’Afrique est une confirmation de sa conviction profonde selon laquelle, la forte Europe ne peut que dominer la pauvre Afrique et donc avoir son trophée même sur la carte géographique et être mise en haut et l’Afrique en dessous.

Quelques années plus tard, lorsque j’ai créé ma première entreprise en République Populaire de Chine, en 1998, j’ai fait une découverte qui, à première vue, n’avait rien de spécial, mais à force d’y penser m’a été tout aussi bouleversante. Et c’est que la carte géographique que nous utilisions n’avait rien à voir avec celle utilisée en Europe. Elle avait été revisitée avec la Chine au centre du globe terrestre et tout le reste autour, de simples satellites. Et lorsque j’ai tenté de demander à mes collaborateurs chinois s’ils ne croyaient pas que cette carte était un peu bizarre, ils m’ont candidement répondu que c’est le contraire qui aurait été bizarre parce que selon eux, la Chine était au centre du globe terrestre, à équidistance de l’Afrique et l’Europe à gauche et les deux Amériques à droite. J’ai passé 10 ans en terre chinoise pour comprendre que ma prétendue bizarrerie de la carte géographique montrait l’importance des symboles, même les plus insignifiants, dans la construction mentale de la fierté d’un peuple. Donner la fierté à un peuple n’est pas le résultat d’un simple slogan répété plusieurs fois, mais un sérieux travail de géostratégie pour comprendre en quoi nous sommes le souffre-douleur d’un autre peuple et en quoi nous sommes le paravent du bonheur et de la fierté d’un autre peuple. Ensuite nous devons prendre les décisions qui s’imposent pour, d’abord, démonter le pessimisme que l’autre nous a imprimé, avant même de mettre sur pied les mécanismes devant porter à la noblesse tout un peuple. La pédagogie de cette déconstruction peut se révéler salutaire dans la prise de conscience effective, dès lors que les bénéficiaires sont associés à tous les niveaux du démontage, parce que convaincus du bien fondé de leur naïveté.

QUELLES LEÇONS POUR L’AFRIQUE ?

Il y a 25 ans que j’ai adopté Giordano Bruno, philosophe de la renaissance italienne, comme mon maître à penser. Ses écrits m’ont permis de grandir intellectuellement, son courage d’assumer ses actes m’a convaincu d’oser aller contre la vague, pour faire accéder l’Afrique à un lendemain juste ; sa persévérance à transmettre ses connaissances contre vents et marrées m’a insufflé l’audace morale d’affronter la compromission de la médiocrité généralisée pour communiquer aux jeunes les facettes cachées d’un monde construit sur le mensonge. Pour accéder à la connaissance au XVème siècle, il fallait se faire prêtre. Bruno l’a fait. Mais dans sa chambre d’étudiant, d’emblée, il enlève toutes les images de saints, recevant les foudres de l’administration ecclésiastique. Il fait pire : il conteste la virginité de Marie, il fustige la Sainte Trinité, base doctrinale de l’Eglise catholique. Ce qui n’empêchera pas qu’il soit ordonné prêtre en 1573 . Il fait alors semblant d’être un dominicain modèle, mais parallèlement, il se cultive, il lit tout, surtout les textes interdits par l’Eglise, il retient beaucoup. Pour arriver à sa lucidité dans la critique, il a rencontré un homme qui l’a aussi façonné, Giordano Crispo, son maître en métaphysique, à qui, il rendra un hommage exceptionnel : il va se défaire de son prénom chrétien de Filippo pour adopter définitivement celui son maître Crispo, devenant ainsi Giordano Bruno et non plus Filippo Bruno. A la lecture de sa sentence, d’être brûlé vif sur le bûcher, il va déclarer : « Vous éprouvez sans doute plus de crainte à rendre cette sentence que moi à la recevoir ». En effet, un autre italien qui a 36 ans au moment des faits prendra le flambeau de la rébellion scientifique et intellectuelle : Galilée, à partir des travaux de Bruno, osant soutenir que la Terre tourne autour du Soleil et non l’inverse. « Et pourtant elle tourne » dira-t-il à sa condamnation à vie à 70 ans en 1633 .

Au XXIème siècle, l’Afrique se trouve dans la même situation idéologique de l’Europe du XVIème siècle. Le système dominant a fait de l’Afrique une victime désignée. Et la propagande distillée contre l’Afrique prend des chemins insoupçonnables. La renaissance africaine viendra des Bruno, de beaucoup de Bruno, capables de se former et se cultiver à outrance, hors des sentiers tracés par le système dominant et sans limite pour avoir enfin l’intelligence d’entrer en dissidence, d’entrer en rébellion culturelle et indiquer la vraie voie du progrès humain en Afrique et non ce cirque permanent de la mesquinerie intellectuelle et de l’insuffisance morale.

Lorsqu’en Afrique, dans toute l’Afrique sans aucune exception, des enseignants transmettent aux jeunes les informations fausses d’une carte géographique faite sur mesure pour empêcher l’émergence d’une fierté africaine et sud-américaine, ils commettent une faute grave sur le plan de l’éthique avant même de l’être sur le plan historique.

Lorsqu’un enseignant dit à ses élèves et étudiants que l’Afrique est un continent pauvre alors même qu’il sait que ce n’est pas vrai en absolu, il participe à transmettre le virus de la destruction de la fierté africaine, en faisant le jeu d’aider d’autres peuples endettés, très endettés à continuer à revigorer leur population en s’autoproclamant pays riches, pays développés, pays démocratiques etc… alors que tous ces mots sont tout aussi relatifs qu’ insignifiants.

Jean-Paul Pougala

 

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