LA CEDEAO DONNE LA VICTOIRE AUX POINTS À L’OPPOSITION FACE À GNASSINGBE
Le 31 juillet était attendu par le peuple togolais tout entier comme une finale de la CAN entre le régime Gnassingbe et la coalition de l’opposition. L’organisatrice de la compétition, la CEDEAO, avait désigné deux arbitres, Alpha Condé et Nana Akufo Ado pour évaluer les forces en présence dans les deux camps. Plus le 31 juillet approchait, plus chaque camp faisait des pressions, plus les Togolais s’impatientaient à connaître les résolutions à la manière des candidats attendant la proclamation des résultats d’un concours à la radio.
Après les travaux à huis clos entre les chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO, voici leur principales recommandations :
1- élections législatives le 20 Décembre 2018.
2-Recomposition et limitation des mandats des membres de la Cour Constitutionnelle.
3-Appui technique à la CENI et suivi des élections.
4-Restitution des armes prises lors des manifestations.
5-Mise en place d’un comité de suivi composé du gouvernement, de l’opposition et de la CEDEAO.
6-Limitation du mandat présidentiel à deux.
7-Élection à deux tours.
8-Réformes par voie parlementaire et à défaut de majorité parlementaire par voie référendaire.
9-Vote de la diaspora.
De ce qui précède, le régime pourrait pousser un ouf de soulagement puisque Faure Gnassingbe reste chef d’État, n’est pas formellement interdit de briguer un quatrième mandat, peut organiser les élections législatives avant la fin de l’année, et peut poursuivre des réformes par voie parlementaire ou référendaire.
Toutefois, même si l’opposition n’obtient pas le retour à la constitution de 1992, la libération de tous les prisonniers politiques, entre autres, la CEDEAO a validé plus de 80% de ses revendications:
1- Limitation de mandat à 2
2- Élection présidentielle à 2 tours
3-Vote de la diaspora
Ça peut paraître anodin, mais c’est énorme . En plus, la recomposition de la Cour Constitutionnelle avec la limitation des mandats des membres, la révision complète du fichier électoral, l’appui technique à la CENI par les institutions de la CEDEAO, le comité de suivi de tout cela au sein duquel vont siéger les représentants de la coalition des 14 partis de l’opposition , de la facilitation et de la commission de la CEDEAO. Tous ces garde-fous enlèvent le volants de la manoeuvre des mains du président Faure Gnassingbe qui n’est plus le seul capitaine à bord, mais est maintenant encombré par des co-pilotes comme dans un gouvernement de cohabitation.
Diplomatiquement, il était quasi- impossible aux chefs d’État de la sous-region d’évoquer l’article 59 de la Constitution réclamée par l’aile dure de l’opposition avec sa fameuse phrase: » En aucun cas, nul n’a le droit d’exercer plus de deux mandats ». Mais les dirigeants de la sous-région ont coupé les ailes à Gnassingbé à se présenter en 2020.
Alors que la Constitution version Gnassingbe lui autorisait à briguer des mandats illimités comme en Afrique centrale, la CEDEAO vient de lui imposer de respecter la Charte- Protocole d’Accra sur l’uniformisation des mandats presidentiels au sein de la sous-région. Désormais, on ne peut briguer que deux mandats au Togo, comme chez ses voisins qui ont déjà adopté cette règle d’alternance: Benin, Burkina, Côte d’Ivoire, Cap Vert, Gambie, Ghana, Guinée, Liberia, Mali, Niger, Nigeria, Senegal et Sierra Leone.
Faure Gnassingbe lui-même n’aura de choix que de renoncer au quatrième mandat quand le processus des réformes va véritablement démarrer. Issoufou a renoncé à un troisième mandat, tout comme Ouattara. Condé n’envisage plus à haute voix de se représenter. Vont-ils laisser leur trône après deux mandats tandis que Faure Gnassingbe empilerait un quatrième? Impossible!
La CEDEAO n’a pas voulu la défaite de Faure Gnassingbe par KO face à l’opposition , mais, elle lui donne le temps et l’occasion de sortir par la grande porte, et non par la fenêtre. Il n’est plus président de la CEDEAO et a passé la main à Buhari. Sa succession est lancée pour 2020 au Togo.