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LA CEDEAO DURCIT LES SANCTIONS CONTRE LE MALI ET LA GUINÉE

Le sommet extraordinaire de la Cédéao s’est tenu dimanche 7 novembre 2021 à Accra au Ghana, et a été consacré sur l’évolution des situations politiques en Guinée après le coup d’Etat qui a renversé Alpha Condé début septembre, et au Mali où des élections rapides sont attendues par l’organisation Ouest-africaine. Cependant, des sanctions ont été durcies contre la junte militaire au pouvoir en Guinée et au Mali.

Compte tenu de la situation du coup d’État militaire et du gouvernement qui n’a pas été démocratiquement élu, la Cédéao maintient et renforce ses sanctions contre les autorités guinéennes. Enfin, l’institution sous régionale ne ferme pas la porte et a décidé de nommer un envoyé spécial, le docteur Mohamed Ibn Chambas, qui connaît bien la sous-région.

Décision a été prise de sanctionner sans délai :  » Toutes les autorités de la transition sont concernées par les sanctions qui vont rentrer en application immédiatement « . Il y a une interdiction de voyages, des avoirs financiers et cela va affecter également, selon la Cédéao, leurs familles via d’autres détails. Donc c’est la principale décision qui a été prise sur le Mali.

La Cédéao a été critiquée tant au Mali qu’en Guinée, accusée de faire du  » deux poids, deux mesures « . Mais la Cédéao  » n’a pas de kit anti-coup d’Etat  » selon la ministre sénégalaise des Affaires étrangères, Aïssata Tall Sall.

Au Mali, la tension est montée récemment d’un cran entre la Cédéao et la junte au pouvoir lorsque le gouvernement malien a ordonné l’expulsion du représentant de la Cédeao à Bamako.

 » Ce qui se passe au Mali ne se passe pas dans les mêmes termes que ce qui se passe en Guinée, qui ne se passe pas dans les mêmes termes que ce qui se passe au Soudan… Et tous les jours, nous essayons d’apporter une réponse concrète », assure Aïssata Tall Sall, ministre sénégalaise des Affaires étrangères.

« Aujourd’hui, au Mali, il me semble que redéfinir une nouvelle feuille de route pour le Mali doit être une priorité pour la Cédéao. Est-ce que nous devons avoir les mêmes lunettes de lecture aujourd’hui… quand on entend aujourd’hui le discours que développent les Maliens eux-mêmes ? Est-ce que nous devons y aller avec les mêmes principes que ceux que nous avons énoncés lors du premier coup d’État ou lors du second coup d’État ?
Nous sommes dans l’ajustement perpétuel, parce que ce sont des situations qui bougent de façon quotidienne.
Voilà la responsabilité de la Cédéao ! Et ce ne sont pas des choses simples ! On n’a pas un kit tout près anti-coup d’État. Si vous pensez que c’est cela, la Cédéao, alors assistez aux débats et aux discussions et vous verrez qu’il n’y a pas un kit prédisposé anti-coup d’État où : voilà ce qu’on donne pour la Guinée, voilà ce qu’on donne pour le Mali… ! », a-t-elle déclaré en marge d’une rencontre consacrée au prochain forum de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique.

La conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement de la Cédéao avait déjà tenu, le 16 septembre 2021, un sommet extraordinaire sur la situation politique dans ces deux pays membres de l’organisation.

A l’issue de cette rencontre, une délégation de haut niveau avait été dépêchée en Guinée, porteuse d’un message concernant les décisions de la conférence.
Une autre délégation de haut niveau, dirigée par le médiateur de la Cédéao au Mali, Goodluck Jonathan, ancien président du Nigeria, avait effectué une mission similaire à Bamako.

Ci-dessous le communiqué final du Sommet de la Cedeao:

3e SOMMET EXTRAORDINAIRE
DE L’AUTORITE DES CHEFS D’ETAT ET DE GOUVERNEMENT DE LA CEDEAO SUR LA SITUATION AU MALI ET EN GUINEE

Original : anglais
Accra, République du Ghana 7 novembre 2021
COMMUNIQUE FINAL

L’Autorité des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a convoqué une session extraordinaire à Accra, République du Ghana, le 7 novembre 2021, sous la présidence de S.E. Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, Président de la République du Ghana et Président de l’Autorité de la CEDEAO. Le Sommet devait passer en revue les développements politiques en République de Guinée et en République du Mali.

Sur la transition politique en République de Guinée

L’Autorité réaffirme sa demande de libération inconditionnelle du président Alpha Condé.

L’Autorité prend note des récents développements en Guinée, notamment l’adoption de la Charte de transition, la nomination d’un Premier ministre civil et la formation du gouvernement de transition. Il exhorte les autorités de transition à soumettre d’urgence un calendrier détaillé des activités à mener dans le cadre de la transition vers la tenue d’élections, conformément aux décisions du Sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO tenu le 16 septembre 2021.

L’Autorité décide de maintenir la suspension de la République de Guinée de tous les organes directeurs de la CEDEAO ainsi que l’interdiction de voyager et le gel des avoirs financiers imposés aux membres du CNRD et aux membres de leurs familles, jusqu’à ce que l’ordre constitutionnel soit rétabli.

L’Autorité décide de nommer S. Exc. Dr Mohamed Ibn Chambas en tant qu’Envoyé spécial en Guinée en vue de renforcer le dialogue avec les autorités de transition vers un processus de transition réussi et court.

Sur la transition politique en République du Mali

L’Autorité reste préoccupée par la détérioration de la situation sécuritaire au Mali, en raison des incertitudes politiques accrues dans le pays. Il appelle les autorités de transition à intensifier leurs efforts pour améliorer la situation sécuritaire, notamment en assurant une présence effective de l’État dans les zones touchées. Dans ce contexte, l’Autorité appelle les pays voisins à renforcer leur présence sécuritaire le long de leurs frontières avec le Mali et charge la Commission de la CEDEAO d’approfondir les discussions en cours avec la Commission de l’Union africaine en vue d’améliorer la situation sécuritaire au Sahel.

En outre, l’Autorité appelle à un mandat plus robuste et offensif et à renforcer la capacité opérationnelle de la MINUSMA pour faire face aux défis du terrorisme au Mali. La CEDEAO demandera en conséquence au Conseil de sécurité des Nations Unies d’apporter les modifications nécessaires au mandat de la MINUSMA.
Sur le plan politique, le Président de la CEDEAO a informé l’Autorité de la notification officielle par les autorités de transition de leur incapacité à respecter l’échéance de transition de février 2022. L’Autorité déplore vivement l’absence de progrès dans la préparation des élections, y compris l’absence d’un calendrier détaillé des activités pour la conduite des élections aux dates convenues.

L’Autorité réitère la nécessité de respecter le calendrier de transition en ce qui concerne les élections prévues le 27 février 2022 et appelle les autorités de transition à agir en conséquence pour assurer un retour rapide à l’ordre constitutionnel. En conséquence, l’Autorité appelle la communauté internationale à prendre les mesures nécessaires pour s’assurer que les autorités de transition respectent leur engagement en faveur d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel.

Conformément à la décision prise le 16 septembre 2021, l’Autorité décide d’infliger des sanctions avec effet immédiat aux personnes et groupes identifiés, y compris l’ensemble des Autorités de transition et les autres institutions de transition. Ces sanctions seront également imposées aux membres de leur famille.

Les sanctions comprennent une interdiction de voyager et un gel de leurs avoirs financiers. Il charge en outre le Président de la Commission d’examiner et de proposer des sanctions supplémentaires lors de sa prochaine session ordinaire le 12 décembre 2021, si la situation persiste. En outre, l’Autorité appelle l’Union africaine, les Nations Unies et les partenaires bilatéraux et multilatéraux à approuver et à soutenir la mise en œuvre de ces sanctions.
L’Autorité condamne l’expulsion du Représentant permanent de la CEDEAO au Mali dans ce contexte critique et appelle les autorités de transition à maintenir l’esprit de dialogue et de collaboration avec la Commission de la CEDEAO pour assurer une transition réussie.
La situation au Mali et en Guinée sera examinée lors du Sommet ordinaire des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO le 12 décembre 2021.

L’Autorité réaffirme son adhésion à tous les cadres normatifs de la CEDEAO, en particulier le Protocole additionnel de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance.

Les chefs d’État et de gouvernement expriment leur profonde gratitude à S. Exc. Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, Président de la République du Ghana et Président de l’Autorité des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO, pour son leadership dans la réussite du Sommet.

Fait à Accra, ce 7 novembre 2021

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