Afrique Politique

LA COHABITATION AVEC PAUL BIYA N’EST PAS POSSIBLE AU CAMEROUN

On annonce déjà la composition d’un gouvernement d’union nationale regroupant le parti au pouvoir et les partis d’opposition après le grand dialogue national. Est-ce une solution? Un Premier ministre issu de l’opposition peut-elle avoir un poids sur les décisions du président de la république au Cameroun ? Lisez cette analyse.

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Le professeur Messanga Nyamding, lors de l’ émission L’ARENE a déclaré sur Canal 2 (22/09/2019) qu’avec la majorité que les partis politiques prétendument de l’opposition avaient obtenue lors des élections législatives de 1992, ils auraient pu s’en servir pour obliger M. Biya à nommer un Premier Ministre issu de leurs rangs. J’ai souvent entendu beaucoup d’intellectuels respectables dire la même chose, mais, c’est archi-faux !

En effet, l’article 10 de la Constitution dispose : (1) « Le Président de la République nomme le Premier Ministre et, sur proposition de celui-ci, les autres membres du Gouvernement.
– Il fixe leurs attributions ;
– Il met fin à leurs fonctions ;
-Il préside les conseils ministériels.
L’article 11 continue : « Le gouvernement est chargée de la mise en œuvre de la politique de la Nation, telle que définie par le Président de la République.

Revenons un peu en arrière pour l’analyse. La constitution ne dispose pas que le Président de la République nomme le Premier Ministre issu DES RANGS DU OU DES PARTIS QUI ONT EULA MAJORITÉ AUX ELECTIONS LEGISLATIVES (qui ont la majorité à l’Assemblée) ! Par conséquent, si même le RDPC a zéro député, rien ne l’empêche de nommer un PM issu des rangs de ce parti !

L’éventualité d’un PM issu de l’opposition avec M. Biya toujours Président de la République conduit à ce qu’on appelle en France la COHABITATION, ce qui n’est possible que dans » les régimes parlementaires rationalisés ».
Et si même par extraordinaire, cela arrivait, puisque c’est le Président de la République qui définit la politique de la NATION, comment un PM issu de l’opposition accepterait-il de mettre en œuvre non pas sa politique alternative, mais une politique qu’il a toujours combattue, la politique définie par un adversaire qu’il vient de battre ?

Pour terminer, le Président de la République a la possibilité de manœuvrer pour dissoudre l’Assemblée nationale (art 15.4). Donc, s’il est mis en minorité, il peut dissoudre l’Assemblée Nationale et réorganiser les élections jusqu’atteindre ses fins.

Le Cameroun est un régime présidentialiste où le Président détient tous les pouvoirs. La cohabitation, comme je l’ai déjà dit plus haut, n’est possible que dans les régimes parlementaires où le PM, véritable chef de gouvernement, nomme effectivement après des consultations un gouvernement qui va mettre en œuvre sa propre politique et non celle définie par quelqu’un qui a perdu ! Voilà la vérité !

Jean Takougang

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