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LA DEPIGMENTATION DE LA PEAU COÛTE 114 MILLIARDS DE FCFA

La dépigmentation de la peau fait perdre au trésor public, près de 114 milliards de F CFA chaque année. À cause de la contrebande et de la contrefaçon des produits cosmétiques, le phénomène de la Depigmentation favorise la fuite des capitaux.*

L’information a été révélée par le réseau des défenseurs des droits des consommateurs ce mercredi à Yaoundé, au cours de la restitution du rapport de la 3e édition de la semaine de lutte contre la dépigmentation volontaire, organisée du 25 au 29 novembre 2019 dans plusieurs villes du Cameroun.

Le rapport qui a été restitué ce mercredi, révèle que sur le plan économique, la dépigmentation volontaire de la peau favorise la fuite des capitaux et fait perdre au trésor public près de 114 milliards chaque année du fait des produits de la contrebande et de la contrefaçon dans le domaine cosmétique. Les adeptes de cette pratique dépensent entre 250.000 F et 450.000F pour atteindre l’éclaircissement souhaité.

Sur le plan social, la dépigmentation volontaire est une pratique devenue culturelle qui affecte tant les clients que les promoteurs des salons de beauté sur différents plans. Ces derniers sont confrontés notamment à des crises identitaires ; le rejet de soi ; l’appauvrissement des ménages ; la dépréciation du métier de beauté et d’esthéticien ; la fuite des clients ; l’enrichissement de l’industrie pharmaceutique au détriment de la consommation familiale…)

Il faut rappeler pour le regretter que dans certains ménages, les femmes détournent les budgets de la ration pour faire allègrement leur dépigmentation, pendant que les familles restent affamées

Sur le plan sanitaire, les adeptes de cette pratique sont exposés à des complications cutanées et générales, notamment; les infections ; les tumeurs ; les troubles neurologiques ; les maladies rénales ; les cancers et les troubles pigmentaires dont l’atrophie de la peau, les irritations …

Au regard de ces tristes conséquences, le Redco- le réseau des défenseurs des droits des consommateurs formule des recommandations portant entre autres sur le renforcement des capacités des agents de répression sur la connaissances des règlements techniques relatifs aux produits cosmétiques ; la densification des contrôles sur les produits cosmétiques ; l’interdiction systématique de la fabrication ou l’importation des produits cosmétiques ne respectant pas les normes obligatoires ainsi que la prohibition de toute forme de publicité sur les produits cosmétiques éclaircissants ou décapants.

Le Redco souhaite en outre l’élaboration d’une loi anti dépigmentation. Une loi qui décourage l’entrée des produits éclaircissants ; durcit l’accès aux produits cosmétiques ; une forte taxation sur ces produits ; protège les victimes ; ainsi que l’élaboration d’une norme spécifique aux produits cosmétiques Bio made in Cameroon ; l’incitation des producteurs locaux à la démarche qualité et l’organisation des campagnes de communication périodique sur la démarche de certification et les normes rendues d’application obligatoire dans le domaine des cosmétiques et les conséquences socioéconomiques et sanitaires des produits cosmétiques de mauvaise qualité.

Le Redco avec l’appui de ses partenaires et autres organisations de la société civile, n’entend pas s’arrêter en si bon chemin. Les plaidoyers pour la mise en œuvre de ces recommandations vont se poursuivre lors de la 4e édition de la semaine de lutte contre la dépigmentation volontaire de la peau, prévue du 24 au 27 novembre 2020.

La réalisation d’une enquête sur le phénomène de dépigmentation sur le plan communautaire ; l’organisation des caravanes motorisées de sensibilisation ; le renforcement des capacités des acteurs médiatiques et la sensibilisation des promoteurs des salons de coiffure et d’esthétique seront au menu de cette 4e édition.

Demetrio Wouassom

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