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LA DROGUE DE LA DETTE ET L’AIDE FATALE

Le président français Emmanuel Macron propose aux pays développés d’alléger tout ou partie de la dette des pays africains pour les aider à surmonter l’inévitable choc économique post-Covid19.

Cette annonce a rappelé à mon souvenir le livre fameux de l’économiste zambienne Dambissa Moyo intitulé « L’aide fatale. Les ravages d’une aide inutile et de nouvelles solutions pour l’Afrique », paru chez JC Lattès en septembre 2009.

Dans cet ouvrage qui pose le problème de l’efficacité de l’aide au développement, Dambissa Moyo fait un constat : plus de 2000 milliards de dollars d’aide étrangère ont été transférés des pays riches aux pays pauvres au cours des cinquante dernières années pour un bilan économique et humain à peu près nul.

Pour cette économiste, l’aide est source de paresse chez les dirigeants africains qui sont devenus dépendants de cette manne. Tels des drogués, les pays africains se font administrer une dose régulière depuis plus de 60 ans. En bons drogués, ils en veulent toujours et n’envisagent plus l’existence sans leurs prises. Et Dambissa Moyo de plaider pour une solution radicale : la fin de l’aide. Fermer les robinets pour contraindre les dirigeants africains à penser des solutions originales pour leur propre développement en oubliant le recours paresseux à l’aide étrangère.

Dambissa Moyo rejoint l’économiste hongrois Peter Bauer qui affirmait que l’aide publique au développement est un « excellent moyen de transférer l’argent des pauvres des pays riches aux riches de pays pauvres ».

Cette position de Dambissa Moyo est fortement contestée par les Ong, les philanthropes et même des économistes, dont l’Américain Jeffrey Sachs, consultant spécial du secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres et auteur de « La Fin de la Pauvreté ». Il pense que les populations africaines sont tombées dans le « piège de la pauvreté » (poverty trap) et ne peuvent en sortir que par un apport massif d’argent extérieur…

Ramené au Cameroun, la masse d’argent reçu depuis 19960 comme aide au développement doit être impressionnante. Le pays s’est-il développé ?

J-B. Tagne

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