LA FILLE DE VICTOR FOTSO BALANCE DES RÉVÉLATIONS SUR SAMUEL ETO’O
Allô Eto’o, bobo… : We don’t need another « chaud gars » !
Cher Samuel Eto’o,
J’avais prévu de vous faire une petite lettre publique lorsque votre candidature pour la Fédération Camerounaise de Football semblait en difficulté pour des raisons juridiques. Le Cameroun étant le pays de la pensée magique et un état de droit féerique, par enchantement, tout s’est arrangé sans rien résoudre…Votre choix de directeur de campagne m’a de nouveau décidée à vous écrire puisque je sais que je serai comprise. Il est outillé et suffisamment flexible pour décoder les propos sibyllins de mon âme fêlée.
Monsieur Eto’o, je ne serais pas honnête si je n’admettais pas d’emblée l’animosité superficielle que j’ai envers vous. Toutefois, elle est teintée d’indifférence et due à notre seule rencontre au début des années 2000 dans un vol Paris-Yaoundé. Vous aviez essuyé vos chaussures sur mes béquilles sciemment sans la moindre excuse… Il y a également ce que la féministe que je suis sait de vos rapports carnassiers avec les femmes mais je l’occulterai en faisant semblant d’accepter que l’intime n’est pas politique. Le but est d’attirer votre attention sur le péril des premiers de la classe au Cameroun qui, lorsqu’ils sont audacieux et croient que leur génie est transposable, sont broyés par une machine infernale. Entourés de courtisans, d’intrigants, de charlatans et d’opportunistes cyniques, ils finissent comme Icare ou Fotso. Les grands talents et les grandes ambitions ne suffisent ni aux grandes réalisations ni au grands chantiers. Un collectif est indispensable pour former une équipe suffisamment solide pour développer une fédération, un village, une ville, un pays ou un continent.
Fotso Victor n’avait pas besoin de la mairie de Bandjoun pour rester une légende africaine. Mon enfant a pensé qu’il pouvait avec sa fortune faire Bandjoun et développer le Cameroun. Son village n’a même pas su le défendre, le pleurer et l’enterrer. Aujourd’hui trop de Bandjouns osent dire qu’il n’a rien fait, tout détruit en se demandant ce qu’il a fait pour eux sans méditer sur leur propre responsabilité et se demander ce qu’eux-mêmes ont fait pour le village à part manger Fotso ou se taire et laisser faire. Vous n’avez pas non plus besoin de la Fecafoot pour entrer dans l’histoire sportive africaine. Cela devrait vous libérer et vous permettre de résister à la tentation de la toute puissance qui isole et détruit plus qu’elle ne construit. Ces aventures parce qu’elles sont d’abord et surtout individuelles se terminent au mieux en un énorme gâchis et au pire en une insoutenable comédie et tragédie humaines.
Monsieur Eto’o, certes, vous avez les appétits et un peu de l’excellence du Dernier Bamiléké mais vous semblez hélas avoir surtout les prétentions villageoises et prédatrices de ma belle sœur Njitap. Oui, vous êtes un jouisseur qui a eu un destin mais tout semble montrer que vous n’avez pas suffisamment de bouteille pour ne pas céder au besoin puéril de posséder Hiala et vous prouver encore plus de choses. Construire une chefferie, un village, une fédération ou un pays est plus périlleux que devenir fô. Il est impossible de tout acheter et de tout faire. La tâche la plus importante des doués et des surdoués est herculéenne et des plus ingrate : apprendre à refuser d’être des dieux, tout être et tout faire dans un environnement chaotique et sans structure en déresponsabilisant ceux qu’on veut servir mais qui veulent manger sans contribuer.
La question n’est, Monsieur Eto’o, ni votre légitimité ni vos capacités mais le tintamarre de votre opacité et de votre arrogance qui font que votre candidature, et je le crains, votre éventuelle présidence, ne soient à la hauteur de votre parcours de footballeur. Si vous êtes élu, vous ferez le job comme vos prédécesseurs et c’est le problème puisque vous êtes une légende. Evidemment que Eto’o peut mais quoi, comment, pour et avec qui, surtout pour aller où ? Ce n’est pas uniquement de votre faute si ces questions sont sans réponse ; le Cameroun, c’est aussi l’air de zapper l’essentiel pour se focaliser sur le sucré en oubliant qu’il donne des caries. Les Camerounais veulent le changement sans changer et pensent que tout ce qu’ils ont à faire est de choisir un chaud gars qui fera forcément un grand chef en devenant leur père, n’est-ce pas Papa Eto’o ? Votre programme, c’est vous ! Les étoiles ont beau briller dans le noir mais ne produisent que si on ne leur demande pas en plus d’être le ciel et le soleil. Vos concitoyens croient que le développement et la richesse s’importent et vous demanderont tout sauf l’essentiel sans vous épauler. Vous leur donnerez de quoi manger et discuter. Ils s’en contenteront jusqu’à votre njitapage puis diront, Samuel Eto’o a cherché et c’est normal qu’il soit njitapé !
Le souci n’est donc pas votre campagne mais votre réussite à la tête d’une fédération qui, comme le Cameroun, a besoin de porteurs d’eau rigoureux sans égo et sans cour. Le fait que vous ne fassiez déjà pas l’unanimité alors que personne n’a votre parcours montre que dans les meilleurs des cas, vous serez mal élu et aurez des ennemis de l’intérieur dont l’unique raison d’être sera votre échec à tout prix. Vous n’avez pas appris à séduire sans acheter, à gagner sans mépriser et à ne pas marcher sur ceux qui vous paraissent insignifiants.
Cependant, tout est au mieux dans le meilleur des Camerouns possibles. Vous avez, Monsieur Eto’o, le parfait directeur de campagne. Tout devient donc possible. La médiocrité cessera d’être banale et sans saveur ou la continuité portera des vêtements de marque. Je ne peux que vous souhaiter d’être plus qu’une étoile filante qui éblouira les Camerounais suffisamment pour qu’ils continuent d’attendre Godot convaincus que tout est question de Mbolè, de Ndolè et de maraboutisme. Au moins, vous savez ce qui vous attend lorsque/si vous cessez d’être un lion indomptable : une tournante sans pitié à l’Hôpital Américain de Paris.
Rien ne pourra jamais vous enlever ce que vous avez fait sur les terrains de football mais beaucoup vont essayer de le faire oublier. La suite et la fin feront pschitt ou boom si vous n’apprenez pas de l’histoire et de Fotso. Mais allez, Papa Eto’o, restons camerounais, ne soyons ni exigeants ni réalistes. Puisque le chassement n’est que du tapage et qu’il y a le mangement, mangeons-nous…Le njitapage est une fatalité, acceptons-le pour tous.
Njitapons-nous !
Christelle Nadia Fotso