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LA FRANCE ET L’UA CONTRE LE COUP D’ÉTAT AU SOUDAN, LA RUSSIE SOUTIENT LES PUTSCHISTES

Contrairement à la Guinée et au Mali où le peuple a adhéré massivement aux deux coups d’État militaires, au Soudan, les populations disent plutôt non aux putschistes. Cette nuit, malgré le couvre-feu, de nombreux Soudanais hérissaient des barricades dans leur pâté de maison. Pour eux, le destin du pays se joue ici, dans les rues, alors que dans la soirée, des arrestations de militants étaient toujours en cours et que des pick-up chargés de soldats patrouillaient dans la capitale.

Sur les réseaux sociaux, les manifestants de lundi ne sont pas du tout découragés par la violence de la répression. Au contraire, ils s’organisent et, pour cela, ils ont besoin de temps. On voit ici et là des photos de barricades qui bloquent les rues de différents quartiers de la capitale, c’est ce que les manifestants appellent le « tetris », une sorte de stratégie de guérilla urbaine pacifique, le temps que les forces civiles s’organisent et prévoient une plus grande manifestation dans les jours qui viennent.

Certains militants ont trouvé des moyens détournés pour se connecter aux réseaux sociaux, des scènes de lynchages et d’humiliations ont inondé les fils d’actualité : des vidéos de femmes rouées de coup en pleine rue par des soldats descendus de pick-up, des étudiants de l’université de Khartoum couverts d’ecchymoses, cheveux rasés après avoir été frappés jusque dans leur chambre à coucher.

Face à une répression féroce, les manifestants scandaient lundi que leur révolution resterait pacifique. À minuit, une source au sein du ministère de la Santé dressait le bilan provisoire de la journée : sept morts et 140 blessés, rappelant qu’il pourrait très vite s’aggraver alors que de nombreux Soudanais semblent prêts à tout pour faire échouer ce putsch militaire.

L’Association des professionnels soudanais, les comités de résistance ainsi que de nombreux syndicats ont appelé à la désobéissance civile et à la grève générale. C’est la même stratégie qui avait été adoptée en juin 2019, juste après le massacre orchestré par des soldats sur le sit-in du quartier général de l’armée.

À Khartoum, on est toujours sans nouvelles du Premier ministre Abdallah Hamdok et de la plupart des représentants civils détenus par l’armée depuis lundi matin dans un lieu inconnu. Le Conseil de sécurité de l’ONU doit tenir, ce mardi 26 octobre dans l’après-midi, une réunion d’urgence à huis clos.

« J’exprime notre soutien au gouvernement de transition soudanais et appelle à la libération immédiate et au respect de l’intégrité du premier ministre et des dirigeants civils », a tweeté le président français Emmanuel Macron.

Le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki, « a appris avec une profonde consternation la grave évolution de la situation au Soudan », selon un communiqué de l’organisation panafricaine. Il appelle à « la reprise immédiate des consultations entre civils et militaires ».

Pour la Russie, en revanche, ce putsch est « le résultat logique d’une politique ratée qui a été menée ces deux dernières années ». « Les autorités de transition et leurs parrains étrangers se moquaient dans la pratique du désespoir et de la situation pitoyable de la majeure partie de la population », a ajouté le ministère russe des affaires étrangères dans un communiqué.

« Une ingérence étrangère d’ampleur dans les affaires intérieures de la république a abouti à la perte de confiance des citoyens du Soudan envers les autorités de transition (…), provoquant une instabilité générale dans le pays », a-t-il encore écrit.

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