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LA FRANCE ET L’UNION EUROPÉENNE DOIVENT INFLIGER DES SANCTIONS CONTRE LE RÉGIME BIYA

La marche organisée samedi  à Paris contre le hold-up électoral de Paul Biya a connu un succès retentissant à Paris. De 10 heures jusqu’à 19 h, l’immense foule s’est déployée dans les rues de la capitale française, entonnant des chants et des slogans hostiles au régime de Yaoundé. Encadrés par la police, les manifestants, y compris des enfants, personnes âgées et handicapées, ont scrupuleusement respecté les consignes. Mais les CRS ont bloqué l’entrée du siège de l’Assemblée nationale.

La responsable de la sécurité a expliqué aux organisateurs de la marche que les rangs grossissaient de plus en plus et ne voulait pas que ça se dégénère. Après avoir félicité les organisateurs, elle a déclaré: 《 À cette allure, la France est obligée de vous écouter. Ne lâchez pas》. Et justement, les organisateurs ont déjà prévu déposer un mémorandum aux autorités françaises dès lundi. Emmanuel Macron sera directement saisi et  prévenu que la future visite de Paul Biya prévue le 8 novembre à Paris, juste quelques jours après sa prestation de serment, sera à hauts risques. Les Camerounais soutenus par d’autres activistes africains, vont profiter de l’occasion pour organiser de gigantesques marches médiatisées pour dénoncer le soutien de la France aux dictateurs africains. Ça tombe mal pour Macron qui est encore englué dans ses relations avec le prince assassin de l’Arabie saoudite. La poignée de main du chef d’État français avec le dictateur  Paul Biya, 86 ans, 36 ans au pouvoir, qui vient encore de faire un hold-up électoral pour 7 ans, dont la vidéo montrant l’exécution des femmes et leurs enfants par son armée a fait le tour du monde entier, ne serait pas une bonne image pour la France.

Thomas Borrel, porte-parole de l’association  Survie, dénonce son pays  la France qui soutient Paul Biya : 《on a un régime en guerre contre sa population, avec un vieux dictateur qui s’impose pour 7 années de plus. Et la France ne dit rien, n’envoie aucun signal de condamnation, de prise de distance claire. C’est une Françafrique « business as usual », que l’Élysée veut faire passer en prétendant qu’une réaction passerait pour une leçon néocloniale. La France dispose pourtant d’un puissant levier, avec sa coopération policière et militaire avec ce régime. Pour ne plus s’ingérer dans les affaires camerounaises, il ne suffit donc pas d’un service diplomatique minimum : notre pays doit arrêter cette coopération, ne pas reconnaître ces faux résultats et cesser de considérer que ces dirigeants sont fréquentables 》.

Alors qu’Issa Tchiroma tente de démontrer que c’est la France qui veut déstabiliser le Cameroun par RFI, c’est plutôt le Quai d’Orsay qui a été au premier rang pour valider l’élection frauduleuse de Paul Biya. Depuis 1984, Yvon Omnes, ambassadeur de la France au Cameroun, est devenu le conseiller spécial de Paul Biya. C’est lui qui a permis à son compatriote, actuel ambassadeur au Cameroun, de se rendre dans les régions anglophones où la France soutient l’armée camerounaise en guerre contre les independantistes.   《Cette coopération consiste à proposer des formations, à mettre des conseillers français à disposition des plus hautes autorités militaires et policières – y compris parfois dans le renseignement, et à fournir du matériel répressif. Très peu d’informations sont disponibles sur cette coopération avec le Cameroun, puisque le manque de transparence est de mise dans ce domaine》, explique le porte-parole de l’association Survie. En effet les autorités françaises assurent qu’aucune unité camerounaise engagée dans la répression dans les régions anglophones ne bénéficie de programmes de formation ou de conseil français. Mais il leur est en réalité impossible de garantir qu’aucun équipement militaire français n’y est utilisé.

Thomas Borrel explique: 《 la question n’est pas de savoir si tel ou tel soldat a été formé par la France, ce qui est d’ailleurs impossible à vérifier, tout comme l’origine de leur matériel. C’est plutôt de savoir si le maintien d’une relation organique entre cet appareil répressif et le mentor historique français est perçu par les Camerounais comme la réaffirmation continue du soutien de Paris : la réponse est évidemment oui》.

L’association  » Survie » appelle officiellement 《le président Emmanuel Macron, à commencer par le retrait des coopérants policiers et militaires français du Cameroun et la transparence sur les matériels de répression et de guerre livrés à ce pays ces cinq dernières années. La France doit aussi agir au niveau européen pour que des sanctions individuelles soient appliquées aux responsables politiques et militaires camerounais de la chaîne de commandement de l’armée, et qui commettent des crimes de guerre dans les régions anglophones 》.

Mis sous pression et dans l’embarras, Emmanuel Macron n’a toujours pas pris son téléphone pour adresser ses félicitations à Paul Biya. Tel Ponce-pilate, il a laissé le Quai d’Orsay à se débrouiller pour publier un communiqué laconique, le temps de voir prendre la température de ce qui va se passer. Les manifestations des Camerounais de la diaspora  se multiplient dans les grandes villes occidentales et particulièrement à Paris. Emmanuel Macron va-t-il courir le risque à soutenir un vieillard de 86 ans qui est si honni?

J.  RÉMY NGONO

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