Accusé levez-vous Afrique France Politique

LA JUSTICE FRANÇAISE LIVRE LE FILS DE L’EX-PRÉSIDENT MALIEN IBK

La justice malienne a émis, lundi 5 juillet, un mandat d’arrêt international contre Karim Keïta, ancien député et fils de l’ex-Président Ibrahim Boubacar Keïta. Il est recherché dans le cadre de l’enquête sur la disparition il y a un peu plus de cinq ans d’un journaliste malien Birama Touré. Depuis 5 ans, les enquêtes n’avaient vraiment pas avancé. Le dossier s’est accéléré grâce notamment à la coopération judiciaire entre le Mali et la France.

De source proche du dossier, on affirme qu’à la demande du juge malien, la justice française a récemment interrogé à Paris plusieurs personnes. De nouvelles pièces auraient été versées au dossier. Sur place à Bamako, les enquêteurs affirment également, sans plus de précision, détenir de « nouveaux éléments » . On parle notamment de certains détails au sujet de la disparition du journaliste Birama Touré qui conduirait à une autre affaire. « Il y a peut-être une affaire dans l’affaire », commente une source judiciaire malienne.

Le mandat d’arrêt international délivré par un juge malien a été notifié à Interpol, l’organisation internationale de police criminelle qui est chargé d’exécuter ledit mandat d’arrêt. Karim Keïta, qui réside en Côte d’Ivoire, a toujours clamé son innocence dans l’affaire de la disparition depuis 5 ans du journaliste.

Le Mali «compte sur les autorités judiciaires ivoiriennes» pour que Karim Keïta, ex-député et fils aîné de l’ex-président malien Ibrahim Boubacar Keita, vienne s’expliquer sur la disparition d’un journaliste en 2016, a indiqué mardi 6 juillet une source judiciaire.

«Nous savons exactement où se trouve Karim Keïta à Abidjan. Nous avons donné son adresse» aux autorités ivoiriennes, a expliqué cette source, informée des procédures en cours au sein du tribunal de grande instance de la commune IV de Bamako. Ce tribunal, généralement chargé des affaires sensibles, a émis lundi un mandat d’arrêt international à l’encontre de Karim Keïta. Celui-ci a été transmis «dans les règles de l’art» à Interpol, a précisé cette source ayant requis l’anonymat. Elle a aussi estimé qu’«il ne devrait pas y avoir de blocage» du côté ivoirien.

Karim Keïta, ancien député influent, honni par les opposants à son père, avait trouvé refuge à Abidjan après le coup d’Etat militaire qui a renversé Ibrahim Boubacar Keïta en août 2020. Selon des sources familiales et diplomatiques, il y réside depuis. L’enquête qui le vise concerne la disparition du journaliste d’investigation Birama Touré, qui travaillait pour l’hebdomadaire Le Sphinx et qui n’a plus été vu depuis le 29 janvier 2016. Ses proches craignent qu’il ait été assassiné.

Karim Keïta dément toute implication
Le directeur du Sphinx, Adama Dramé, avait affirmé en 2018 que Birama Touré avait approché Karim Keïta à propos d’un dossier qu’il présentait comme compromettant pour le fils du président. Karim Keïta a pour sa part toujours fermement démenti toute implication dans la disparition du reporter. «Ce qu’on demande à Karim Keïta, c’est de venir s’expliquer. Il sera confronté à des témoins», a dit cette source. Elle a salué le rôle de la justice française, qui a fait «avancer les choses» en mettant sur «écoute deux personnes à Paris», sur demande de la justice malienne. Cette source a aussi salué la «volonté des nouvelles autorités maliennes d’en finir avec l’impunité».

«Nous apportons tout notre soutien à la justice et souhaitons que cette action soit le début de la manifestation de la vérité dans cette triste affaire», a de son côté déclaré dans un communiqué Bandiougou Danté, le président de la Maison de la Presse du Mali, organisation représentant les médias locaux.

L’un de ses avocats Me Yaro Kalifa a confié à RFI être surpris par le mandat d’arrêt international. « Nous n’avons pas accès au dossier et nous ne connaissons pas les faits nouveaux qui justifient le mandat », a-t-il ajouté.

La maison de la Presse de Bamako qui regroupe les journalistes locaux a également réagi : « Soutien à la justice et que cette action soit le début de la manifestation de la vérité » peut-on lire dans un communiqué.

Articles Similaires