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LA MALÉDICTION ET LE DÉCLIN DU CAMEROUN

Le 30 novembre prochain , les camerounais se souviendront qu’il y a 30 ans , disparaissait à Dakar Ahmadou Ahidjo , l’homme qui les avait guidés de février 1958 , en passant par l’indépendance obtenue en janvier 1960 , jusqu’au 6 novembre 1982 .

Cela faisait exactement sept ans , qu’il avait quitté le pouvoir lorsque Ahamadou Ahidjo fut surpris par la mort , ce jeudi 30 novembre 1989 à Dakar , où reposent toujours ses restes au carré musulman du cimetière du quartier Yoff , pour ceux qui connaissent la capitale sénégalaise .

Brouillé avec son successeur , c’est-à-dire le dauphin qu’il avait formé et préparé pendant des années à la fonction présidentielle, Ahmadou Ahidjo est mort dans le ressentiment et l’amertume , en ayant à tort ou à raison le sentiment d’avoir être lâché et trahi par ceux qui virevoltaient dans son entourage , du temps de sa toute puissance , et qui lui devaient l’ascension de leurs carrières.

Depuis , sa veuve en veut terriblement au dauphin constitutionnel que son défunt mari , avait voulu pour le peuple camerounais , et qui ne souhaite pas accéder à son exigence de la réhabilitation du premier président du Cameroun, en organisant le rapatriement, et à l’arrivée la tenue d’un deuil national .

Je l’ai écrit mille fois , à plusieurs occasions , mais ce que je souhaite évoquer spécifiquement, concerne un probable mauvais sort , qu’aurait lancé le président Ahidjo , sur ce pays dont on disait jusque dans la seconde partie des années 1980 , bénit des dieux .

Car , depuis un certain temps , non seulement le Cameroun semble avoir perdu de son prestige d’antan , après avoir remporté à deux reprises consécutives , le trophée du pays le plus corrompu de l’univers , mais il va de malheurs en malheurs , de tragédies en tragédies , et d’ humiliations en humiliations .

Tout avait commencé , entre 1984 et 1986 . Le pays connut deux catastrophes humanitaires sans précédent , de mémoire de camerounais . Deux émanations de gaz toxiques , en provenance du lac Nyos, qui décimèrent une grande partie des habitants et du bétail .

Ensuite survint , une série d’assassinats sauvages inexpliqués de prélats , dont certains étaient proches du pouvoir .

En juillet 1992 , les camerounais apprirent avec tristesse et stupéfaction, la disparition de Jeanne – Irène Biya , de loin et de façon quasi- unanime, la première Dame préférée des camerounais, de tous les temps . On nous apprenait qu’elle avait succombé à une leucémie, c’est-à-dire un cancer de sang . Or , non seulement on ne la savait pas malade , mais ceux qui la côtoyaient dans son intimité , n’avaient pas souvenir d’avoir quelque peu perçu de son vivant , le moindre signe , ou symptôme d’une telle pathologie. Mystère .

C’est des années plus tard , comme toujours dans pareil cas , que les langues commencèrent à se délier . On parlait d’assassinat ordonné en règle par son époux de président . Ce dernier , absent au moment de la disparition de son épouse , se trouvait à Dakar au Sénégal, où il prenait part à un sommet de la CEDEAO ( Communauté Économique et Douanière des États de l’Afrique de l’Ouest ) dont ne fait pourtant pas partie son pays ,le Cameroun 🇨🇲.

Quand on sait , que Paul Biya en dehors des grandes messes de la francophonie en présence des présidents français , ou d’autres rencontres de ce type à l’Élysée et les assemblées générales des Nations – Unies à New York , à l’issue desquelles il profite pour opérer des fugues à l’Inter Continental de Genève, où il a ses habitudes depuis des décennies, ne goûte guère trop à ces “ folklores “ africains , il y a de quoi s’interroger .

Depuis , pas mal d’entreprises d’Etat , y compris certaines banques , héritées de son prédécesseur ont tout simplement mis la clé sous le paillasson, et ont de facto déclaré faillite en emportant l’argent de leurs clients , auxquels il ne reste souvent que les yeux pour pleurer.

Des étudiantes qui naguère , faisaient envie aux lycéennes du fait de leurs bourses , se sont transformées en prostituées occasionnelles pour boucler les fins de trimestre . Les policiers et les gendarmes , louent leurs armes de service aux malfrats , quand eux- mêmes ne prennent carrément directement pas part , aux nombreux braquages , qui ensanglantent et endeuillent fréquemment les grandes villes du pays .

Tout le secteur du terminal portuaire , a été vendu au Français Vincent Bolloré .

En retour , ce dernier en dehors des subsides qu’il en tire , finance intégralement la milice privée du dictateur camerounais, lors de ses passages en hexagone ( Suisse ou France ) , mobilisée par l’entregent de Michel Roussin , un ancien capitaine de la gendarmerie française , qui fut un temps directeur de cabinet d’Alexandre de Marenches , le patron du SEDEC , l’ancêtre de la DGSE, le contre espionnage extérieur français , avant un passage à la mairie de Paris , et de devenir ministre de la coopération dans le gouvernement Balladur en 1993.

Comme en signe du courroux céleste , le Cameroun 🇨🇲 est entrain d’opérer une descente lente , mais sûre vers les enfers . J’écris évidemment ces lignes , en éprouvant beaucoup trop de peine , à retenir mes larmes , mais c’est hélas un fait . Notre pays semble , sauf événement imprévu et donc improbable, sur le point d’affronter le moment le plus fatidique de son destin .

Tenez , chaque semaine , nos routes connaissent des hécatombes . Il n’y a pas très longtemps , partait en fumée la partie basse de notre parlement . Peu de temps après , c’est une partie du palais des congrès , qui se consumait littéralement. Il ya deux semaines , la SONARA, le symbole le plus achevé du fleuron de notre industrie , dont nous apprenons seulement maintenant qu’elle n’était pas assurée , partait également en fumée .

Nous apprenons aussi , que tout un pan de l’EMIA de Yaoundé ( École Militaire interarmes) , là où fut notamment formé un certain capitaine Blaise Compaoré a fini en fumée .

L’année dernière , le ministère de la santé avait brûlé , augurant l’humiliation planétaire consistant à voir retirer au Cameroun, l’organisation de la CAN pour l’édition 2019 .

Alors , pour conjurer tous ces malheurs , je suggère à tous les camerounais patriotes , de se joindre à nous le 30 novembre 2019 , à Dakar sur la tombe du président du président Ahamadou Ahidjo, à l’occasion de la commémoration des 30 ans de sa disparition.

Peut – être que cette thérapie collective , servira aussi d’exorcise pour le mauvais sort du courroux céleste , comme dans la fable de la fontaine intitulée les “ Animaux malades de la peste “

“ Un mal qui répand la terreur , mal que le ciel en sa fureur inventa pour punir les crimes de la terre , la peste puisqu’il faut l’appeler par son nom , capable d’enrichir en un jour l’Acheron ( enfer ) faisait aux animaux la guerre . Tous ne mourraient pas , mais tous étaient frappés .

Le lion tint Conseil et dit : mes amis , je crois que le ciel a permis pour nos péchés cette infortune. Que le plus coupable de nous se sacrifie aux traits du céleste courroux , peut- être il obtiendra la guérison commune . L’histoire nous apprend qu’en de tels accidents on fait pareils dévouements . “

Jean-Pierre Du Pont

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