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LA MÉCANIQUE DE LA MACHINE À BROYER DU RÉGIME BIYA

Par Caroline MEVA

Le « rouleau compresseur » est un mécanisme de destruction mis en place par certains membres de l’establishment pour se débarrasser d’une cible devenue gênante, sous le prétexte fallacieux de faire respecter les lois et règlements de la république, par l’instrumentalisation de l’institution judiciaire. La cible est généralement un personnage public, un haut responsable de l’État qui, par son action ou son inaction, porte atteinte aux intérêts politiques ou économiques de certains membres de l’establishment et qui, de ce fait, menace l’équilibre du système de pouvoir mis en place.

Ledit système peut également sacrifier l’un de ses éléments comme fusible, afin d’éviter son effondrement; dans ce cas, la cible est utilisée comme bouc-émissaire, une victime expiatoire que l’on charge de tous les maux, ou comme leurre en vue de détourner l’attention du public des agissements inavouables dudit système. Une fois la cible identifiée, le rouleau compresseur se met en branle, suivant un mécanisme macabre bien huilé.

LES MÉCANISMES DU ROULEAU COMPRESSEUR

1) – La diabolisation de la cible

Cette phase représente le début de la descente aux enfers et de la mise à mort de la cible.

Les médias aux ordres sont largement mis à contribution, contre privilèges et espèces sonnantes et trébuchantes, pour exécuter la sale besogne, celle de la diabolisation de la cible par un lynchage médiatique en règle. Les grands titres, les Unes des journaux, les radios et télévisions à la solde des bourreaux se mettent à révéler des « crimes », des frasques qu’on attribue à la cible, la plupart montés de toute pièce. On n’hésite pas à recourir à des montages grossiers, par exemple en attribuant à la cible des fortunes colossales, ou des faux comptes bancaires bien fournis dans des paradis fiscaux. Ceci est fait à dessein pour choquer les esprits et susciter l’adhésion de l’opinion publique.

La cible est ainsi salie, calomniée, traînée dans la boue, livrée en pâture à la vindicte populaire. On la présente comme la seule et unique responsable de tous les déboires subis par les populations qu’elle aurait spoliées. L’élimination de la cible est alors perçue comme une nécessité salvatrice pour la société.

Bref, le mensonge et la désinformation sont utilisés comme des armes de destruction massive de la crédibilité et de la dignité de l’infortunée cible. La boucle est bouclée, on passe à la mise à mort proprement dite.

2) – L’interpellation fracassante et la parodie de procès

Vient le jour de l’interpellation de la cible, sous les projecteurs des chaînes de télévisions aux ordres.

Un déploiement de forces de l’ordre impressionnant, disproportionné; des dizaines de policiers ou gendarmes armés jusqu’aux dents, la plupart équipés de gilets pare-balles, investissent les lieux de l’arrestation. Les brutalités, les humiliations, les traitements dégradants sont infligés à la cible et ce, en mondovision, devant sa famille, ses collaborateurs, les voisins et les badauds. Les abus de pouvoir, les violations des lois, des règlements et des procédures sont flagrants.

La plupart des cibles arrivent dans les locaux de la police ou de la gendarmerie dans l’ignorance totale des réels motifs leur interpellation, qu’on va bâcler sur place. Certains passent des années en détention préventive avant d’être présentés à un juge. Très souvent, c’est au tribunal que l’on découvre que les dossiers sont vides, que les accusations sont fantaisistes, que les juges désignés n’ont aucune connaissance dans le domaine concerné …

L’on assiste à une mascarade judiciaire, une parodie de procès au cours duquel la Justice, visiblement instrumentalisée par certains membres de l’establishment se noie dans ses contradictions. Mais qu’importe, pour les bourreaux, le but est atteint, à savoir l’enfumage des populations bernées qui n’y voient que du feu, et l’élimination radicale de la cible gênante.

3) – La destruction finale

Comme après le passage de l’engin dont elle porte le nom, cette opération macabre ne laisse derrière elle que désolation; des familles anéanties, disloquées, des enfants traumatisés vie … L’on assiste à la disqualification sociale de la cible, condamnée à l’opprobre à vie sans aucune chance de réhabilitation, à l’oubli ou à la mort en prison pour certains, malheureusement.

Le rouleau compresseur me fait penser à la guillotine de triste mémoire, cette machine à trancher des têtes, à trancher des vies, conçue par le Docteur Antoine Louis et perfectionnée par le Docteur Joseph Ignace Guillotin, d’où elle tire son nom, qui décima presqu’entièrement la noblesse lors de la révolution française à la fin du 18e siècle. Les principaux promoteurs de cet engin de mort, Maximilien Robespierre et Georges Jacques Danton, qui avaient envoyé des dizaines de personnes à la guillotines, souvent sous des prétextes fallacieux, ont été eux-mêmes guillotinés. Tout comme la guillotine a été mise au rebus, je formule le vœu ici, que le rouleau compresseur suive le même chemin; que ce mécanisme cruel, injuste et liberticide soit banni dans notre cher et beau pays.

JE RÊVE D’UN CAMEROUN NOUVEAU OU RÉGNERA UNE JUSTICE ÉQUITABLE POUR TOUS, LE RESPECT DE LA VIE ET DE LA DIGNITÉ DE CHACUN.

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