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LA RECOLONISATION DE L’AFRIQUE PAR LA FRANCE, FREIN DE L’ÉMANCIPATION

Cet article de grande importance a été écrit au lendemain de la nomination en Guinée d’un gouvernement de transition en 2010, dirigé par Jean Marie Doré, conformément aux Accords de Ouagadougou. Près de 9 ans après sa publication, ce texte a toujours sa valeur car les faits et évènements qui se sont succédés en Guinée dans certains pays africains (la Côte d’Ivoire, le Mali, le Gabon, le Togo, la RD Congo, Cameroun, Lybie) n’ont pas dérogé ma vision (et prévision) .

J’ai trouvé utile de le ‘’réchauffer’’ pour le publier après le changement opportuniste de la monnaie coloniale Franc CFA annoncé en Côte d’Ivoire le 21. 12. 2019 et le tripatouillage constitutionnel du 22.03.20 en République de Guinée.

Bonne lecture!

Depuis les tueries barbares de l’armée guinéenne contre son propre peuple lors des manifestations du 28 septembre 2009 et suivi de la prise du pouvoir de Mr. Alpha Condé en 2010, la République impérialiste française ne cesse d’user de tous les moyens pour récupérer ce qui lui aurait échappé le 28 septembre 1958. C’est à dire la soumission totale de la Guinée à la France Impérialiste et ceci à l’image des autres pays francophones d’Afrique. Car une chose reste certaine la France n’a jamais digéré la perte de la Guinée suite au référendum historique de 1958.

Les questions fondamentales que l’on se pose face à la situation tragique que vit actuellement la Guinée et les pays francophones de l’Afrique restent á savoir jusque quand la France continuera-t-elle à jouer sur l’alibi démocratique et des droits de l’homme pour des fins impérialistes ?

Où était la France lors des tueries des 9 dernières années du Regime de Condé ?
Quelles sont les causes de ce rebondissement d’intérêt de la France impérialiste vers la Guinée ?

Pourquoi a t-elle soutenu pendant toutes ces années le pouvoir de Mr Alpha Condé ?
Où est la France lorsque ses passoires politiques tels que Paul Biya du Cameroun, Faure du Togo, Ali Bongo du Gabon tuent leur peuple, étouffent la démocratie ?

Pourquoi l’actuel président français compte avec l’aide de ses marionnettes de présidents africains étouffer cette envie de liberté grandissante de la jeunesse africaine?
Pourquoi l’élite africaine notamment celle guinéenne ne veut pas comprendre que nous sommes les seuls véritables responsables de l’alternance politique et de la défense de tous nos droits dans nos pays ?

Il n’est en réalité un secret pour personne que les raisons de l’engagement de la France dans les crises africaines sont purement et simplement d’ordre économique et politique. Personne n’ignore qu’en dehors des faux opposants, des fausses ONG bref une fausse élite marionnettiste se trouvent des enjeux véritables de cet intérêt brusque de la France pour l’Afrique. Il suffit de jeter un regard sur ces exemples illustratifs comme le cas du Togo, du Gabon, du Cameroun, de Madagascar, de la République Centrafricaine, de la Côte d’ivoire, du Congo-Brazzaville etc. pour ne citer que ceux-là. Ces exemples démontrent à quel prix la France sur l’alibi démocratique continue à piller ces pays et tout en leur privant des transitions démocratiques consolidées. La France à l’instar de toutes les anciennes puissances coloniales, vu l’avancée menaçante de la Chine (pour elles) n’a jamais eu autant besoin de renforcer sa présence en Afrique sous prétexte d’instaurer des régimes fondés sur la démocratie. Ces puissances y arrivent au prix de l’ingérence, de la subversion et de la guerre.
Le soutien de la France au fils de l’ancien président togolais, Eyadema, lors des élections présidentielles de 2005 et au fils de l’ancien président gabonais, Oumar Bongo, lors des élections présidentielles de 2009 et encore aujourd’hui, en est un exemple illustratif. Ces fils de dictateurs, de Nègre aux services des Blancs ont pu avec l’aide de la France prendre les rênes de leur pays et ceci malgré le changement voulu par la majorité de ces deux peuples anéantis et meurtris après plus de 40 ans de dictature.

L’opposition togolaise et gabonaise fût anéantie et l’est encore aujourd’hui, les peuples togolais et gabonais massacrés. La France et sa bande de communauté internationale se sont tues. Faure Eyadema et Ali Bongo se sont installés au pouvoir, des nouvelles dynasties sont nées en Afrique. La situation actuelle de ces deux pays n’ont pas changé, l’état de droit n’existe pas, la démocratie demeure de façade et le peuple togolais et gabonais continuent de subir en plein fouet les conséquences de la politique française de l’Afrique.

On aurait pu penser que cette parodie d’élections démocratiques, avec ses grosses ficelles et ses manœuvres éhontées s’arrêtaient là après la mort de dictateurs que sont Omar Bongo et Gnassingbé Eyadema. Au contraire, la France a sans cesse fourni des nouvelles ressources pour permettre aux deux fils de perdurer afin d’assurer la continuité en imposant leur candidat á la succession du dictateur et garantir leurs intérêts dans les pays, et ceci malgré les dénonciations récurrentes des peuples d’Afriques.

L’ancien président congolais, Pascal Lissouba, s’est vu évincé du pouvoir en 1997 par une rébellion, menée par Denis Sassou Nguesso, lorsqu’il a remis en cause les accords d’exploitations du pétrole signé entre son pays et la multinationale française, ELF. Le peuple congolais se trouve depuis le retour du sanguinaire N’Guesso, sous l’emprise d’un pouvoir moribond, autoritaire sans élan démocratique et progrès.

Nous avons l’impression que le temps s’est arrêté dans cette autre giron de la France-Afrique. Et Elf continue de piller le pétrole congolais sans être inquièté.

L’ancien président Laurent GBAGBO s’est vu confronté en 2002 à une rébellion dans son propre pays lorsqu’il a voulu ‘’décoloniser’’ l’économie ivoirienne á son arrivée au pouvoir en 2000. Car jusqu’en 2002, les intérêts français en Côte d’Ivoire représentaient un tiers des investissements étrangers et 30 % du PIB ivoirien. Ainsi dans chaque ministère ivoirien se trouvait un représentant français qui veillait à ce que les intérêts de la France notamment les grandes multinationales comme Bolloré, Bouygues, EDF et Saur soient garantis, sans être confrontée à une concurrence des autres multinationales d’où qu’elles viennent.
Ceci étant, personne n’avait à toucher à ce privilège néocolonial dont jouissent les multinationales françaises en Côte d’Ivoire. L’envie prononcée des Ivoiriens de vouloir en finir avec cette « indépendance confisquée » qui dure depuis plus de 40 ans leur a coûté une rébellion de 8 années suivi du renversement spectaculaire de Laurent GBAGBO par l’armée française après les élections présidentielles de 2011 pour installer l’ancien parrain des rebelles les forces nouvelles Ouattara déclaré vainqueur des élections présidentielles par la communauté internationale et la France. Sauf que l’on se doit de se poser la question de savoir depuis quand un contentieux electoral doit être résolu par une intervention militaire d’une armée d’occupation ?

Aujourd’hui Laurent GBAGBO est kidnappé par la Haye et Ouattara dirige la côte d’Ivoire d’une main de fer, et il est devenu aujourd’hui le fervent défenseur de la France-Afrique au prix de la la liberté du peuple africain. Il met aux arrêts ou rapatrie tout africain qui ose critiquer la France-Afrique de nos jours en Côte d’Ivoire. Et c’est dans cette optique qu’il vient d’annoncer avec son maître l’actuel président français la fin dela monnaie coloniale Franc CFA en remplacement par l’ECO, empêchant ainsi la réforme en profondeur envisagée avec les pays anglophones.

Ce changement intervenu est le fruit d’un opportunisme politique bienvenu et ne correspond pas donc à l’idée Initiale de monnaie unique régionale.

Ainsi pour une énième fois de l’histoire africaine, la France avec l’aide de ses sous préfets prive l’Afrique de sa souveraineté monétaire pour que vive éternellement la France-Afrique.

Pourquoi MACRON devrait t’il donc s’indigner des sentiments Anti-politiques françaises, lorsqu’elle refuse de sonner la fin de la France-Afrique, de l’infantilisation du peuple africain ?

Le Sieur Blaise Comparé en bon nègre au service de la France qui entretenait l’un de régimes les plus répressifs du continent est certes chassé du pouvoir par le vaillant peuple burkinabé, mais reste encore avec le nouveau président dans le giron de la France-Afrique donc pas libre. Ce pays se trouve confronté à un problème de terrorisme très inquiétant et cela malgré la présence des troupes coloniales françaises. Le président Roch Kaboré est entrain d’emprunter lentement mais sûrement le pas de son prédécesseur afin de bien paraître chez son maître. L’arrestation de Kemi Seba est illustratif de cet état de fait.

Parlant de la Guinée, l’actuel président de la République guinéen brille avec son coup d’état constitutionnel illégitime du 22.03.20, au terme de son second et dernier mandat. Mr Alpha Condé, dévoile aux Guinéens sa vraie face, celle d’un personnage antidémocratique voire dictateur des temps contemporains sous les tropiques. Plus de 150 personnes tuées en 9ans sans justice et beaucoup d’emprisonnement de prisonniers politiques, c’est cela la vraie face de celui qui joue tant avec le panafricanisme. En réalité il est aussi un protégé de la France-Afrique, même si la France tente de faire croire le contraire.

Le Mali et le Niger, deux pays en proie d’une recolonisation française, voire d’une implosion, qui malgré leur ressources humaines et minières sont incapables de faire face au terrorisme. Car la France-Afrique y étouffe toute forme d’émancipation et de liberté de ce peuple.

La situation politique au Tchad, au Cameroun, en Centrafrique n’est pas aussi reluisante puisque confrontés à l’image des autres pays de l’Afrique francophone aux mêmes problèmes. C’est à dire des pays évoluant dans le giron, du précarré France-Afrique avec en leur tête des présidents despotes à vie qui bénéficient par le fait de leurs allégeance à la France-Afrique d’une protection sans faille de leur maître.
Le Cameroun a en sa tête un régime anarchiste, fachos qui tue, opprime, divise et reste incapable de trouver une solution pacifique au conflit qui sévit dans la partie dite anglophone du pays.

Que fait et que compte faire cette même Communauté internationale contre les conflits, les tensions sociales, les violences de tout genre et les pertes de revenus en Afrique ?
Rien sinon qu’une indignation sélective ou une justice à géométrie variable. Car la déclaration universelle des droits de l’homme existant depuis 60 ans n’est valable que  » pour eux les « civilisés » qui évitent la guerre chez eux et se serrent les coudes dans la mise au pas des « barbares“.

Pillée et humiliée, l’Afrique se doit de tirer le maximum d’enseignements de cette réalité en apprenant à distinguer les conséquences des actes de sabotage économique et de déstabilisation des dirigeants qui osent dire « non » de la mauvaise gestion que les démocraties occidentales savent, du reste, pardonner tant que leurs intérêts ne sont pas menacés.

Il serait donc naïve de la part de la diaspora guinéenne et africaine de penser que cette France impérialiste, de même que cette communauté internationale impérialiste, va contribuer à l’instauration d’un système démocratique fiable et consolidé en Afrique plus précisément en Guinée.

Sachez bien que les transitions démocratiques en Afrique et particulièrement en Guinée ainsi que le vote ne servent qu’au renouvellement du personnel local du système-monde. Les électeurs locaux en deviennent, à leur propre insu, des clients de la politique spectacle et les victimes des rapports marchands qui lui sont sous-jacents. Les sujets qui peuvent écorcher les oreilles du G8, de l’UE tel que le pillage des matières premières de l’Afrique, le diktat des grandes puissances, la dette extérieure, les réformes néolibérales sont soigneusement écartés du débat électoral quand débat il y a.
La Guinée est avec l’arrivée du professeur Alpha condé au pouvoir membre du Précaré France-Afrique. Et la plupart des opposants politiques guinéens font déjà allégeance à la France-Afrique.

Le joug du néocolonialisme continue á se resserrer autour de l’Afrique avec l’aide d’une élite africaine, incompétente, insoucieuse et apatride comme celle que constitue la plupart des gouvernements des États francophones d’Afrique.

Donc, réveillons-nous afin de pouvoir nous débarrasser de cette élite complaisante, arrêtons surtout de soutenir des faux opposant, les faux medias aux ordres, les associations et ONG qui savent manier la langue de bois et qui attendent d’être récompensés et utilisés pour soigner l’image de leurs pays.

Baldé Aissatou Cherif
Politologue à Hambourg. Allemagne

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