L’ALLEMAGNE MENACE LE RÉGIME BIYA
«Le gouvernement fédéral dispose des règles claires pour affecter les fonds à un pays. Parmi lesquelles la stabilité politique. Notre coopération est donc en danger si la situation continue à se détériorer», a annoncé Günter Nooke, représentant de la Chancelière allemande pour le continent africain. Même s’il pense que les assises tenues à Yaoundé sont une chance pour le Cameroun.
En visite à Douala le lundi 30 septembre, Günter Nooke menace que son pays envisage stopper toute coopération avec l’État du Cameroun si le gouvernement et les sécessionnistes ne parviennent pas à appeler à un cessez-le-feu dans les deux régions anglophones en proie à une désastreuse guerre entre les sécession et l’armée camerounaise .
En novembre 2018, l’Allemagne a annoncé la supression de l’ aide au developpement au Cameroun, et l’a signifié à l’ ambassadeur camerounais à Berlin. Un coup dur, lorsqu’on sait que l’Allemagne finance les micro-projets de développement en faveur du Cameroun sur le plan rural, la santé, et même les travaux publics. En août 2017, l’Allemagne avait 66 milliards de francs CFA d’aide publique au développement en faveur du Cameroun. Puis, en septembre 2017, l’Allemagne avait encore débloqué 89 milliards de francs CFA en faveur du Cameroun pour 4547 projets à réaliser en 2018.
Dans le guide de planification des projets du Minepat intégrant le ” Visa maturité “, le Cameroun comptait sur l’appui de la quatrième puissance mondiale. Mais, avec les contestations sur l’élection frauduleuse de Paul Biya, l’amplification de la crise anglophone et les pressions de la diaspora camerounaise, l’Allemagne a décidé de couper les vivres au régime de Yaoundé.
Le 11 octobre 2018, Dr. Christoph Hoffmann du Parti Démocrate Libéral, avait déjà chargé le régime camerounais dans un discours incendiaire à l’Assemblé Nationale Allemande sur la crise politique au Cameroun
“Dans la partie anglophone du Cameroun, il y a une guerre civile. C’est la dernière station d’un long échec du gouvernement de Yaoundé, qui depuis 20 ans, a échoué ou n’a pas voulu la régionalisation promise dans la Constitution.
Dans la partie anglophone, les écoles sont fermées depuis deux ans. Des enfants se font tirer dessus par l’armée. Des personnes âgées sont brûlées vives dans des maisons incendiées par l’armée. 300 000 personnes sont en fuite dans leur propre pays, 30000 ont fui au Nigeria. Les champs d’une région particulièrement fertile ne seront plus cultivés, la faim suivra.
Vous voyez, nous dérivons vers une catastrophe humanitaire. L’Allemagne fournit une aide au développement au Cameroun depuis 50 ans. Malgré tout cet argent, il n’a pas été possible de stabiliser le pays de manière décisive. Et le gouvernement Allemand ne se préoccupe pas assez, et surtout beaucoup trop tard, des conflits en Afrique dans son ensemble. Ces conflits sont prévisibles et peuvent être résolus(…)
Ensuite, le leader de 85 ans qui préfère vivre plusieurs mois à l’extérieur du pays dans des étages entiers d’hôtels 5 étoiles sera de nouveau déclaré président. Sur les 24 millions de Camerounais, seuls 6,5 millions étaient inscrits pour l’élection et, dans la partie anglophone, les élections n’ont pas eu lieu. Et une élection qui n’est pas juste, dans un État de droit qui ne l’est pas, ne peut être acceptée. La communauté internationale doit donc négocier une phase de transition post-électorale au cours de laquelle la réconciliation nationale sera possible et peut-être un retrait du Président aussi.
Monsieur Maas et Madame Merkel, vous devez également prendre l’initiative, enfin d’agir, au lieu de devoir utiliser à nouveau l’argent des contribuables pour des aides d’urgence”, avait plaidé le député lors des débats houleux à l’Assemblée allemande.
Non seulement le Cameroun a déjà été privé des aides des États-Unis dans la guerre contre Boko Haram, privé d’une aide conséquente de l’Allemagne de 90 milliards, et si la quatrième puissance interrompt définitivement la coopération, ce sera un goulot d’étranglement pour le régime Biya qui, en plus de chercher des soutiens financiers pour la guerre contre Boko Haram et dans les régions anglophones, doit chaque année payer au minimum 250 milliards de FCFA au titre d’intérêts sur sa dette, en sus du montant emprunté.