L’ANCIEN PRÉSIDENT DE LA RDC JOSEPH KABILA TRADUIT EN JUSTICE
Plus d’immunité présidentielle. Joseph Kabila qui vient de quitter son fauteuil de chef d’État, est devenu un citoyen justiciable comme les autres. L’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ) sollicite l’ouverture d’une enquête sur le patrimoine de l’ancien président Joseph Kabila. La requête de l’ACAJ a été adressée au procureur près le parquet de la Cour constitutionnelle.
En plus des enquêtes entamées par l’inspection générale des finances (IGF) à propos de l’affaire des 15 millions de dollars américains, l’ACAJ veut ouvrir une autre enquête sur le patrimoine de Joseph Kabila.
Selon l’article 99 de la constitution, avant leur entrée au pouvoir et à la fin de la fonction le président de la République et les membres du gouvernement sont exhortés à déposer, devant la Cour Constitutionnelle, la déclaration écrite de leur patrimoine familial. Il s’agit, entre autres, des biens immobiliers, des terrains, meubles, actions, compte en banque, et d’autres valeurs.
Dans cette optique, l’ONG a réclamé l’ouverture d’une enquête au sujet du patrimoine de Joseph Kabila, car ce dernier n’a jamais déclaré ses biens à la Cour Constitutionnelle avant et après son mandat. Sur ce, l’ancien président de la RDC a enfreint l’article 99 alinéa de la Constitution.
On soupçonne que Joseph Kabila s’est enrichi illicitement pendant son mandat et a effectué des détournements de deniers publics.
La fortune de Joseph Kabila est estimée à plus 24 milliards , selon magazine économique américain Forbes et aussi le New York Times. En mars dernier, l’agence de presse Bloomberg a publié une enquête sur la fortune de l’ex-président congolais . Ce travail qui reposait sur des documents judiciaires et sur des dizaines d’entretiens qui ont mis en évidence les centaines de millions de dollars acquis par le clan Kabila qui est présent dans le capital 70 entreprises ( banque, agriculture, route, carburant, agences de voyages, boite de nuit…).
Dans une seule de ces sociétés, les avoirs des Kabila s’élèvent à 350 millions de dollars. Le chef de l’Etat qui, d’après l’article 96 de la constitution, n’a pas le droit de participer à des activités commerciales n’apparait que dans deux sociétés. Ce sont les noms de ses proches ainsi que de ses huit frères et soeurs qui apparaissent le plus souvent dans le capital des groupes congolais. Et ce n’est pas tout. Le clan Kabila possède également 120 permis miniers dans d’innombrables sociétés.
L’agence Bloomberg avait fait des révélations fracassantes sur Zoé Kabila, député et frère de l’ex chef de l’Etat. Un rapport du groupe d’étude sur le Congo et du Pulitzer Center publié dans la foulée va plus loin. Il s’intéresse à 13 membres de la famille Kabila et deux très proches associés. Et ce clan Kabila a la main sur au moins 80 sociétés dans des secteurs divers et variés. Ce qui représente des centaines de millions de revenus depuis 2003 et la fin de la guerre.
Ce rapport, c’est finalement l’histoire du clan Kabila. Il fait écho à une petite phrase prononcée en 2006 par la mère de l’actuel président, Joseph Kabila, sur les années d’avant-guerre, avant 1996 et l’AFDL, quand Laurent-Désiré Kabila, le patriarche, vivait avec sa famille en exil en Tanzanie, sous la protection du régime tanzanien. Maman Sifa disait de ces années : « Nous n’avions rien, je cultivais un petit champ et je vendais mes légumes au marché comme n’importe quelle femme pauvre africaine ».
Vingt ans plus tard, selon les données compilées dans cette enquête, 13 membres de la famille, le président et ses enfants inclus, sont à la tête ou ont des parts dans au moins 80 sociétés. Cela représente des centaines de millions de dollars de revenus depuis 2003 et des dizaines de millions en biens matériels.
C’est dans ce contexte que le président de l’Association congolaise pour l’accès à la justice(ACAJ), demande au procureur près de la Cour Constitutionnelle d’ouvrir une enquête pour savoir si Joseph Kabila « ne se serait pas enrichi illicitement ».