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L’ANCIEN PRÉSIDENT FRANÇAIS QUI ESCROQUAIT LES DIAMANTS DE BOKASSA EST MORT

Plus jeune président de la Vème République lorsqu’il est élu en 1974, Valéry Giscard d’Estaing, est mort mercredi à l’âge de 94 ans. Il avait été hospitalisé à Tours dimanche 15 novembre pour une insuffisance cardiaque. Cette hospitalisation faisait suite à un récent séjour de l’ancien chef de l’Etat à l’hôpital parisien Pompidou, à Paris, le 14 septembre dernier. Il avait été victime d’une légère infection aux poumons.

Valéry Giscard d’Estaing se voulait l’incarnation d’une modernité triomphante, issue du centre-droit libéral et démocrate-chrétien qui a bâti l’Europe d’après-guerre. Il n’a que 48 ans lorsqu’il est élu président en 1974, battant sur le fil François Mitterrand, et devient ainsi, dans une France qui enterre les Trente-Glorieuses et digère mai-68, le premier non-gaulliste à s’emparer de l’Élysée.

Son élection fait souffler un vent de liberté sur le pays, après le années De Gaulle et Pompidou. Aux réformes progressistes – abaissement de la majorité à 18 ans, dépénalisation de l’avortement -, le nouveau président ajoute un style inédit, s’affichant au ski ou sur un terrain de football.

Après des débuts prometteurs, VGE connaît une première crise avec la démission de son Premier ministre, Jacques Chirac, en 1976. Initiateur du « G7 », le club des dirigeants des pays les plus riches, il donne une impulsion décisive à l’axe franco-allemand aux côtés du chancelier Helmut Schmidt. Le ralentissement économique consécutif au choc pétrolier, les affaires – suicide suspect de son ministre Robert Boulin, diamants offerts par le président centrafricain Bokassa.

Le 20 septembre 1979, les parachutistes français renversent Jean Bedel Bokassa, empereur de Centrafrique qui s’est livré à des exactions insupportables – il est compromis dans des massacres d’enfants -, et installent à sa place l’ancien président David Dacko.

Trois semaines plus tard, sous le titre « Pourquoi Giscard a organisé le casse des archives de Bokassa », Claude Angeli décrit dans Le Canard enchaîné , sur une pleine page, la générosité intéressée du tyran africain à l’endroit de celui qu’il appelait son « ami et très cher parent » , Valéry Giscard d’Estaing.

Le journal révèle que, alors qu’il était ministre des Finances du gouvernement Pompidou, il avait reçu des diamants lors de ses visites tant publiques que privées ; ses cousins Jacques et François avaient également bénéficié des largesses du chef d’État africain. Le Canard produisait la photocopie d’une commande de diamants passée en 1973 par Jean Bedel Bokassa et destiné …

Le 10 mai 1981, il échoue à se faire réélire face à François Mitterrand, qui recueille plus d’un million de voix de plus que lui.

« Je n’avais jamais imaginé la défaite », confiera-t-il plus tard. Après son départ resté dans les mémoires — il laisse une chaise vide lors d’une ultime allocution télévisée — Valéry Giscard d’Estaing, alors seul ex-président en vie, traverse une profonde dépression. « Ce que je ressens, ce n’est pas de l’humiliation, mais quelque chose de plus sévère : la frustration de l’œuvre inachevée », écrit-il en 2006 dans « Le pouvoir et la vie » (Compagnie 12).

Après sa défaite, il redevient malgré tout l’un des leaders de la droite en dirigeant à nouveau son parti, l’UDF. A partir de la deuxième moitié des années 90, Giscard et le giscardisme disparaissent peu à peu du paysage politique. Cet économiste brillant, auteur de plusieurs ouvrages dont un roman où il imagine une relation avec Lady Di, avait été élu en 2003 à l’Académie française, dans le fauteuil de l’ancien président sénégalais Léopold Sédar Senghor.

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