LE COLONEL DAMIBA JETTE FINALEMENT L’ÉPONGE
La situation restait encore confuse et des doutes subsistaient sur la réussite du coup d’Etat au Burkina Faso. Samedi, après l’annonce à la télévision de la destitution du président colonel Damiba remplacé par le capitaine Ibrahim Traoré, l’armée burkinabè avait plutôt donné un autre son de cloche.
Dans un communiqué, l’armée du Burkina Faso évoquait simplement « une crise interne » et la prise de « certaines artères de la ville de Ouagadougou » par « quelques unités » demandant le départ du lieutenant-colonel Damiba. Une requête qui « ne représente pas la position de l’institution ». L’armée évoquait également des « concertations » en cours. Et ce dimanche, c’est la même qui a fini par lâcher le lieutenant colonel Damiba et le contraint à la démission.
« Sous la pression d’une partie de l’armée, et après 48 heures de confusion, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba s’est finalement résolu à démissionner de ses fonctions de président de la transition, ce dimanche 2 octobre au matin. Selon nos informations, le document a été signé en début de matinée, à 9h heure locale, à la base aérienne de Ouagadougou. », informe le magazine panafricain Jeune Afrique dans sa version numérique.
« Hier encore, et alors qu’une frange de l’armée s’était soulevée pour réclamer le versement de primes impayées d’abord, puis tout bonnement le départ de Damiba, dont la destitution a été annoncée vendredi soir sur les ondes de la Radiodiffusion Télévision du Burkina (RTB), l’équilibre des forces avait paru incertain.
Mais les négociations, en partie menées sous l’égide des religieux, d’un représentant du Mogho Naaba, le plus influent chef traditionnel du pays, n’ont pas permis aux deux camps de trouver un compromis. Ce dimanche matin, une large partie de l’armée a fini par apporter son soutien à l’unité Cobra, à l’origine de la mutinerie, ne laissant d’autre choix à Damiba que d’accepter sa défaite. », explique Jeune Afrique.
Samedi 1er octobre, il s’était pourtant exprimé sur la page Facebook de la présidence, appelant les putschistes » à revenir à la raison pour éviter une guerre fratricide dont le Burkina Faso n’a pas besoin dans ce contexte « . Affirmant qu’il n’avait pas quitté le pouvoir, il avait formellement démenti s’être réfugié dans la base française de Kamboinsin.
« Il y a une base qu’on appelle Kamboinsin, où il y a une base française, a-t-il expliqué à France 24. Lorsqu’on exfiltre quelqu’un vers cette base, on dit la base militaire française de Kamboinsin. Je sais que la France ne peut pas s’ingérer directement dans nos affaires. Si on a d’autres partenaires aujourd’hui, qui peuvent nous soutenir, ne voyez pas forcément la Russie. Les Américains sont nos partenaires actuellement, on peut avoir aussi la Russie comme partenaire, donc il ne s’agit pas de la France ou d’un problème de Russie et de Wagner. »
Hier samedi, le Colonel Paul Henri Sandaogo Damiba s’est adressé à la nation à travers sa page Facebook : » Peuple du Burkina Faso, les évènements tragiques que traverse notre pays en ce moment, sont à l’origine de diffusion d’informations mensongères, savamment orchestrées et distillées dans le but de manipuler les populations en les instrumentalisant pour des causes étrangères et au détriment de l’intérêt supérieur de la Nation. Je démens formellement m’être refugié dans la base française de Kamboinsé. Ce n’est qu’une intoxication pour manipuler l’opinion.
J’appelle le Capitaine Traoré et compagnie à revenir à la raison pour éviter une guerre fratricide dont le Burkina Faso n’a pas besoin dans ce contexte. J’invite enfin les populations civiles à rester calmes chez elles. »
Samedi, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a « fermement » condamné dans un communiqué « toute tentative de prise de pouvoir par la force des armes ».
L’Union africaine (UA) a, elle, dénoncé un « changement anticonstitutionnel de gouvernement » et l’Union européenne (UE) estimé que le coup de force mettait « en danger les efforts engagés depuis plusieurs mois » pour la transition.
De leur côté, les États-Unis sont « profondément préoccupés » par la situation au Burkina Faso, a affirmé le porte-parole de la diplomatie américaine dans un communiqué.
« Nous exhortons les responsables à désamorcer la situation, à prévenir tout préjudice aux citoyens et aux soldats, et à revenir à l’ordre constitutionnel », a déclaré le porte-parole du département d’État, Ned Price, précisant que les États-Unis « suivaient la situation de près ».
Dès vendredi soir, la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) avait « condamné avec la plus grande fermeté » un coup de force jugé « inopportun au moment où des progrès ont été réalisés pour un retour à l’ordre constitutionnel au plus tard le 1er juillet 2024 ».