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L’ARMÉE CAMEROUNAISE ARRÊTE LES ANGLOPHONES POUR ALLER VOTER

Par Michel Biem Tong, journaliste web exilé

Le 18 janvier dernier, une image a été répandue par les agents du pouvoir de Yaoundé sur les réseaux sociaux. Celle montrant une banderole déployée dans une banlieue de Bamenda (capitale du nord-ouest anglophone) sur laquelle il était écrit : « Bamenda says no to lockdown ». Traduction : Bamenda dit non au lockdown, mot d’ordre de blocus total décrété par le gouvernement indépendantiste de l’ « Ambazonie » et qui doit démarrer ce jeudi 6 février pour s’achever le 11 février prochain. L’objectif de ce mot d’ordre est d’empêcher la tenue des élections législative et municipale dans le Southern Cameroons (nord-ouest et sud-ouest anglophone du Cameroun).

A travers cette propagande, le régime Biya voulait donner l’impression que le peuple combattant du Southern Cameroons en a vraiment marre de cette lutte pour la restauration de leur Etat indépendant depuis le 1er octobre 1961. La dernière actualité sur ce territoire donne à penser que cette banderole a été confectionnée dans les cabinets noirs du régime Biya à Yaoundé car comment comprendre que des militaires camerounais forcent les populations locales à aller voter alors qu’elles sont censées avoir tourné le dos aux mots d’ordre des indépendantistes demandant entre autres de boycotter ledit vote ?

En effet, ce mardi 4 février 2020, dans les localités de Bamenda, Buea, Muyuka, Tiko, Balikumbat et autres Kumba, des soldats camerounais ont procédé à l’arrestation d’un millier de personnes (hommes, femmes et jeunes en âge de voter) qui ont été regroupés à des points précis puis à la confiscation de leurs cartes nationales d’identité. A Bamenda, certains ont été déshabillés. Dans d’autres localités, d’aucuns ont été forcés de voter. Les victimes de ces arrestations arbitraires ont été signifiées qu’ils ne peuvent récupérer leurs cartes d’identité qu’après le 9 février prochain, après avoir voté.

Cette attitude diabolique et irresponsable du régime de Yaoundé traduit au moins une chose : Une bonne majorité du peuple du Southern Cameroons n’aspire qu’à la restauration de son indépendance qui depuis le 1er octobre 1961 s’est plutôt muée en annexion et en assimilation par la République du Cameroun, indépendante depuis le 1er janvier 1960. Par conséquent, les élections législative et municipale prévues le 9 février prochain ont été bannies sur ce territoire. Si Yaoundé est vraiment en train de reprendre le contrôle du Cameroun anglophone, si d’après la propagande officielle, les populations anglophones sont en train de tourner le dos aux indépendantistes, pourquoi obliger ces dernières à aller voter ?

Que Yaoundé daigne reconnaître enfin qu’il est inutile de forcer avec le peuple anglophone une union qui elle-même a été obtenue le 20 mai 1972 par la fraude, la manipulation et la force. Que Yaoundé daigne enfin reconnaître que l’histoire du Cameroun ne commence pas le 20 mai 1972 mais bien le 1er janvier 1960, date d’indépendance du Cameroun (Southern Cameroons exclu). Alors qu’il laisse ce peuple faire l’expérience de la liberté et de la souveraineté sur son territoire. Ne dit-on pas souvent que « vox populi, vox déi (la voix du peuple c’est la voix de Dieu» ?

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