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L’ARMÉE GUINÉENNE ANNONCE AVOIR DÉJOUÉ LE COUP D’ÉTAT

Entouré de militaires en treillis, masqués et les armes à la main, Alpha Condé apparaît sur un canapé du palais présidentiel. Le président guinéen est comme sonné, la chemise entre-ouverte, les pieds nus. « Est-ce qu’on a touché à un seul de vos cheveux ? On vous a brutalisé, Excellence? » lui demande un militaire dans une vidéo tournée à Sékoutoureya. Alpha Condé, 83 ans, semble aller bien mais reste silencieux. Il n’aura fallu que quelques heures aux putschistes pour se saisir de celui qui dirigeait le pays depuis onze ans.

Dans cette vidéo, béret rouge sur la tête et lunette de soleil sur le nez, entouré de deux militaires, Mamady Doumbouya annonce que « la situation socio-politique et économique du pays, le dysfonctionnement des institutions républicaines, l’instrumentalisation de la justice, le piétinement des droits des citoyens, la gabegie financière […] ont amené l’armée républicaine à prendre ses responsabilités vis-à-vis du peuple de Guinée. » Il annonce aussi la dissolution de la Constitution, du gouvernement, des institutions et la fermeture des frontières. Enfin, il annonce qu’un « Comité national du rassemblement et du développement, CNRD » a pris le pouvoir.

De son côté, le ministère de la défense a affirmé dans un communiqué que « les insurgés [avaient] semé la peur » à Conakry avant de prendre la direction du palais présidentiel, mais prétend que « la garde présidentielle, appuyée par les forces de défense et de sécurité, loyalistes et républicaines, ont contenu la menace et repoussé le groupe d’assaillants ». Ci-après l’intégralité du communiqué anonyme du ministère de la Défense :

 » Dimanche, 5 septembre 2021, aux premières heures de la journée, Conakry, la capitale, a été le théâtre de tirs nourris de la part d’éléments du Groupement des Forces spéciales.
Les insurgés ont semé la peur et troublé la quiétude des paisibles populations avant de se diriger vers le cente-ville aux abords du Palais présidentiel. La Garde présidentielle, appuyée par les forces de défense et de sécurité, loyalistes et républicaines, ont contenu la menace et repoussé le groupe d’assaillants.

Les opérations de sécurisation et de ratissage se poursuivent pour rétablir l’ordre et la paix.
Monsieur le Président de la République, Commandant en chef des Forces Armées, son Excellence Professeur Alpha Condé, et le Gouvernement appellent les populations au calme et les invitent à la vigilance pendant toute la durée des opérations militaires.
Vive l’armée guinéenne!
Vive la République!
Fait à Conakry, le 5 septembre 2021
Transmis par la cellule de la Communication du gouvernement  »

 

Et pourtant, le président Alpha Condé a bel et bien été arrêté. Une source sûre de la présidence a confirmé que le président Alpha Condé a été arrêté par un petit groupe de militaires mais l’armée nationale reste
loyale au chef de l’Etat. La même source indiquait en revanche que le groupe de militaires qui a arrêté le président Condé n’avait pas encore le contrôle de la radiodiffusion télévision nationale. Le pont 8 novembre, principal point d’accès à Conakry restait aussi bouclé par les soldats de la garde présidentielle.

Toutes les sources déclare confirment que les photos d’Alpha Condé largement diffusées sur les réseaux sociaux sont vraies.

Selon plusieurs médias , des éléments de l’armée guinénne des forces spéciales étaient visibles dans les rues. Les autorités sont restées jusqu’alors silencieuses sur cette situation très confuse. L’accès à la presqu’île de Kaloum est restreint du fait de sa géographie.

Un peu plus tôt, un diplomate occidental a dit à l’AFP n’avoir « aucun doute » sur le fait qu’une tentative de coup d’État était en cours, conduit par les forces spéciales guinéennes. Selon ses informations, cette unité d’élite a pris au moins temporairement le palais présidentiel.

Depuis des mois, la Guinée est en proie à de profondes crises politique et économique. La candidature du président Alpha Condé à un troisième mandat le 18 octobre 2020 a provoqué avant et après l’élection des mois de tensions qui ont causé des dizaines de morts dans un pays coutumier des confrontations politiques sanglantes. L’élection a été précédée et suivie par l’arrestation de dizaines d’opposants. Des défenseurs des droits humains fustigent une dérive autoritaire.

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