LAURENT GBAGBO AUTORISE ALASSANE OUATTARA DE SE PORTER CANDIDAT À L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE EN CÔTE D’IVOIRE
Le président ivoirien, Laurent Gbagbo, a annoncé mardi 26 avril qu’il userait de ses pouvoirs constitutionnels pour que l’un de ses principaux adversaires politiques, Alassane Ouattara, puisse se présenter à l’élection présidentielle d’octobre.
La mise à l’écart de M. Ouattara, un musulman originaire du Nord, à la présidentielle de 2000, pour « nationalité douteuse » est au cœur de la crise politico-militaire ivoirienne depuis septembre 2002. M.Ouattara n’est pas éligible en vertu de l’article 35 de la Constitution, qui exige que les deux parents d’un candidat soient d’origine ivoirienne. L’un de ses parents est considéré comme originaire du Burkina Faso voisin.
Dans un discours télévisé très attendu, sur la question cruciale des candidatures à la prochaine élection présidentielle, le chef de l’Etat a annoncé qu’il prenait « acte » de l’accord de paix du 6 avril, conclu à Pretoria entre tous les protagonistes de la crise ivoirienne, et qu’il mettait « en œuvre l’article 48 » pour prendre « les mesures exceptionnelles exigées par les circonstances ». Laurent Gbagbo a précisé que, pour la seule élection présidentielle d’octobre 2005, les candidats présentés par les partis politiques signataires des accords conclus en janvier 2003 à Marcoussis, près de Paris, seraient éligibles, y compris le Rassemblement des républicains (RDR) d’Alassane Ouattara. « En conséquence, M. Alassane Dramane Ouattara peut, s’il le désire, présenter sa candidature à l’élection présidentielle d’octobre 2005 », a ajouté le chef de l’Etat ivoirien.
L’espoir d’un règlement pacifique de la crise ivoirienne – illustrée par la division du pays entre un Nord tenu par les rebelles et un Sud sous contrôle gouvernemental – grandit depuis la signature de l’accord de paix de Pretoria. Dans le cadre de cet accord, les rebelles et les forces gouvernementales ont entrepris de retirer leurs armes lourdes des lignes de front. Ils ont aussi promis d’étudier des propositions visant à entamer en mai un désarmement complet. A l’issue de pourparlers de paix organisés en Afrique du Sud, le président Thabo Mbeki avait déclaré que tout candidat souhaitant se présenter devait être autorisé à le faire. Il avait exhorté M. Gbagbo à invoquer l’article 48 pour que ceux qui en étaient empêchés précédemment puissent se présenter.
Bon nombre de jeunes « patriotes », qui soutiennent Laurent Gbagbo, imputent la guerre à Alassane Ouattara et l’accusent de soutenir les rebelles, mais certains d’entre eux ont annoncé qu’ils soutiendraient la décision du chef de l’Etat. « Aucun patriote n’est d’accord avec cela mais tous les patriotes l’accepteront », a assuré Eugène Djue, dirigeant de l’Union des patriotes pour la libération totale de la Côte d’Ivoire, une milice pro-Gbagbo. « Pour que (M. Ouattara) soit candidat, beaucoup de gens sont morts », a-t-il ajouté. Les rebelles « ont obtenu par les armes qu’il puisse être candidat. C’est un grave précédent pour ce pays ».
Les rebelles des Forces nouvelles n’ont pas réagi dans l’immédiat. Dans le passé, ils ont refusé de déposer les armes tant que M. Gbagbo ne mettaient pas en œuvre les réformes annoncées.