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LE CARDINAL ET L’ÉGLISE CATHOLIQUE S’OPPOSENT AU TROISIÈME MANDAT D’ALASSANE OUATTARA

La candidature d’Alassane Ouattara pour un troisième mandat passe mal à l’intérieur comme à l’extérieur . Après des  manifestations de près de 10 000 personnes à Paris, des mobilisations à Washington et un peu partout dans le monde, plus d’une quinzaine  de morts en Côte d’Ivoire rien qu’au mois d’août , c’est l’église catholique qui prend position…contre la candidature problématique du président  sortant-rentrant.

La candidature du président ivoirien Alassane Ouattara à un troisième mandat pour la présidentielle du 31 octobre « n’est pas nécessaire », a estimé lundi le chef de l’Eglise catholique en Côte d’Ivoire, le cardinal Jean-Pierre Kutwa.

« Je ne peux pas ne pas me tourner avec respect vers le président de la République, dont la candidature à ces prochaines élections n’est pas nécessaire, à mon humble avis », écrit Mgr Kutwa dans une lettre ouverte intitulée « Appel au respect du Droit dans la concertation ».

« Son devoir régalien de garant de la Constitution appelle son implication courageuse, en vue de ramener le calme, de rassembler les Ivoiriens, de prendre le temps d’organiser les élections dans un environnement pacifié par la réconciliation », explique le haut responsable de l’église catholique en Côte d’Ivoire .

« La vie socio-politique de notre pays aborde un virage dangereux. Au fur et à mesure que s’approche l’échéance des élections présidentielles, force nous est donné de constater la radicalisation des positions de part et d’autre. Celles-ci se sont d’autant plus accentuées depuis la déclaration de candidature du président », poursuit l’homme de Dieu.

Le cardinal d’Abidjan « invite les uns et les autres à aller au dialogue et à la concertation, dans la recherche de solutions à cette crise qui n’augure pas d’un lendemain meilleur quant à l’organisation paisible des élections ».

La Côte d’Ivoire, avec 25 millions d’habitants, compte 40% de musulmans, 35% de chrétiens et 15% d’animistes ou sans religion, selon les statistiques officielles.

Déjà les évêques de Côte d’Ivoire, réunis en assemblée plénière en janvier 2020, se disaient « préoccupés » avant la présidentielle d’octobre 2020 parlant de « climat de peur » dans une déclaration transmise à la presse.

« Nous archevêques et évêques de Côte d’Ivoire préoccupés par la situation socio-politique qui prévaut à la veille des élections générales dans notre pays, vous adressons ce message comme une suite logique de celui délivré en juin 2019, intitulé +évitons-nous une autre guerre+”, écrivent-ils.

« Les mutineries, les conflits inter-communautaires se sont soldés par des pertes en vies humaines. Ces conflits ont montré combien les cœurs ne sont pas encore apaisés et que tout peut exploser à tout moment. Surtout avec les armes (…) qui révèlent que le processus de désarmement (…) de la crise post-électorale n’est pas allé à son terme », estiment les évêques.

Ils évoquaient les mutineries qui ont ébranlé le pays en 2017 ou des affrontements interethniques comme ceux de Beoumi  qui avaient fait 16 morts en mai 2019.

« Progressivement s’installe dans notre pays un climat de peur et de terreur », écrivaient les évêques qui estimaient que « les prochaines élections doivent être transparentes, crédibles et pacifiques pour que tous acceptent les résultats comme expression de la volonté de la majorité des Ivoiriens ».

Les évêques avaient alors  exhorté le « pouvoir exécutif (…) à garantir aux personnes et aux institutions, notamment la Commission électorale indépendante (CEI), une totale indépendance ».

« Comme toute compétition, les élections ont besoin d’un arbitre. Si l’arbitre est à la fois joueur et arbitre, la fin de la compétition est déjà connue », tranchaient-ils.

Ils soulignaient  que « la question de l’indépendance des structures devant arbitrer ces joutes électorales comme la CEI divisent et cristallisent encore les tensions ».

Dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011 qui avait fait 3.000 morts, la présidentielle d’octobre 2020 s’annonce encore plus tendue en Côte d’Ivoire.

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