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LE COLONEL DOUMBOUYA LANCE UN ULTIMATUM AUX MULTINATIONALES POUR CONSTRUIRE DES USINES DE TRANSFORMATION DE BAUXITE

En Guinée, le président de la transition veut que la bauxite, essentielle à la fabrication de l’aluminium, soit désormais transformée sur place. Pour assurer un partage équitable des revenus, il demande aux entreprises minières de construire des raffineries. Elles ont jusqu’au 31 mai pour proposer un calendrier précis.

Le président colonel Doumbouya a invité les représentants d’une dizaine de compagnies, dont six au moins ont répondu présent. Toutes ces compagnies étaient tenues par les conventions avec l’Etat guinéen, depuis 1983 pour l’une d’elles (CBG), de construire des raffineries, a souligné le ministre des mines Moussa Magassouba. Le chinois TBEA est même censé construire une fonderie d’aluminium, a-t-il rappelé.

Le président de la transition se dit « conscient de la complexité d’un projet de construction de raffineries », mais c’est « non négociable », insiste-t-il. Mamadi Doumbouya met en garde : tout retard « se traduira par des pénalités ». Mais l’État ne peut faire abstraction des réalités du terrain très variées auxquelles font face les différentes sociétés minières. Ainsi, selon l’économiste Mamoudou Touré, « la transformation de la bauxite en alumine crée de la chaîne de valeur, mais génère également des coûts extrêmement importants, surtout énergétiques. C’est faisable à condition que certaines contraintes infrastructurelles en matière de production énergétique soient levées. »

Malgré ses richesses naturelles, la Guinée reste l’un des pays les plus pauvres du monde. « En dépit du boom minier du secteur bauxitique, force est de constater que les revenus escomptés sont en deçà des attentes, vous et nous ne pouvons plus continuer à ce jeu de dupes qui perpétue une grande inégalité dans nos relations », a précisé le colonel Doumbouya aux industriels.

Des compagnies comme la Société minière de Boké (SMB, consortium formé par l’armateur singapourien Winning Shipping, le producteur chinois d’aluminium Shandong Weiqiao et le groupe Yantaï Port), la Compagnie des bauxites de Guinée (CBG, détenu à 49 % par l’Etat guinéen et à 51 % par Halco Mining Inc, un consortium formé par l’américain Alcoa, l’anglo-australien Rio Tinto-Alcan et Dadco Investments) et le russe Rusal, opèrent dans le secteur.

D’après le spécialiste, la bauxite représente 8% du budget de l’État et 16% du PIB guinéen. Ce n’est pas assez pour le président de la transition qui dénonce une « inégalité » dans les relations entre Conakry et les sociétés minières. Un « jeu de dupes » auquel il veut mettre fin.

Pays au sous-sol immensément riche, où l’on trouve de l’or, des diamants, du fer en quantité, la Guinée est l’un des pays les plus pauvres d’Afrique de l’Ouest. Les matières premières sont encore très rarement transformées sur place. Si la Guinée dispose des plus importantes réserves mondiales de bauxite avec une estimation de 7,4 milliards de tonnes, une infime partie du minerai est traitée dans le pays. C’est notamment le cas à Fria, à 160 kilomètres au nord-est de Conakry. Là-bas, la raffinerie Friguia, construite dans les années 60, appartient désormais à Rusal, leader mondial russe de la production d’aluminium.

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