LE COLONEL DOUMBOUYA LIMOGE LE PATRON DE LA POLICE
C’est à travers une série de décrets sur les ondes des médias d’État mardi, que le président de la transition, Colonel Mamadi Doumbouya a nommé le commissaire principal de police Abdoul Malick Koné, Directeur Général de la police nationale, en remplacement de l’inspecteur général de la police Ansoumane 2 Camara (Bafoé), appelé à faire valoir son droit à la retraite.
Général Ansoumane Camara connu sous le nom « Baffo », l’officier de police cité ces dernières années par l’opposition comme la principale pièce maitresse de la répression du système Alpha Condé, a donc été limogé sans ménagement mardi 9 novembre.
Le Général Camara assumait les fonctions du tout puissant Directeur Général de la Police Nationale. Et comme humiliation suprême, il est remplacé à la tête de la direction générale de la Police nationale par Malick Koné qui a été le patron de la DCPJ (direction centrale de la police judiciaire) avant d’être limogé par le président Alpha Condé.
537 fonctionnaires de police sont appelés à faire valoir leurs droits à la la retraite pour limite d’âge ou ancienneté de service. La liste sera publiée dans les services concernés, poursuit le communiqué.
En ce qui concerne l’inspecteur général Camara Bafoé, sa retraite risque ne pas être de tout repos lorsqu’on sait que son passé peut rapidement le rattraper à l’instar des événements de la grande manifestation au stade du 28-Septembre de Conakry.
C’est une démonstration de force, pacifique, qui vise à rassembler un maximum de monde ce jour-là : partis politiques, mouvements, organisations de la société civile. Les manifestants affluent dès 8 heures du matin ce 28 septembre 2009. Vers midi, des gaz lacrymogènes sont lancés à l’intérieur du stade, des coups de feu éclatent. Bérets rouges (membres de la garde présidentielle) et miliciens pénètrent dans l’enceinte. Toutes les issues sont bloquées. Des tirs en rafale ciblent la foule, des manifestants sont poignardés, des dizaines de femmes sont » violées et sexuellement mutilées « , selon la Commission d’enquête internationale de l’ONU, qui dénombre 156 morts. Le carnage dure environ deux heures.
Les auteurs de ces exactions qualifiées par les enquêteurs de l’ONU de crimes contre l’humanité n’ont toujours pas été jugés. Après sept ans d’instruction – elle a été close en 2017 –, aucun procès n’est à l’agenda en Guinée, où le président Alpha Condé a été réélu à un troisième mandat successif lors du scrutin controversé du 18 octobre 2020.
Sur 71 Guinéens initialement sanctionnés par l’Union européenne (UE) dans le règlement du Conseil du 22 décembre 2009, cinq individus font actuellement l’objet de restrictions renouvelées (interdiction de voyager sur le territoire des États membres de l’UE et gel des avoirs qui y sont détenus) pour leur implication dans ce massacre.
Il s’agit de Moussa Dadis Camara, ex-chef du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), résidant actuellement au Burkina Faso, de Jean-Claude Pivi, alors chargé de la sécurité présidentielle, de Moussa Tiégboro Camara, ex-ministre des Services spéciaux, de la lutte antidrogue et du grand banditisme, d’Abdoulaye Chérif Diaby, ex-ministre de la Santé, et de l’ancien aide de camp de Dadis Camara, Toumba Diakité.
Mais dans une lettre sur la situation des droits humains en Guinée » datée du 8 avril, 32 eurodéputés rappellent au haut représentant et vice-président de la Commission européenne Josep Borrell que » les auteurs présumés du massacre du 28 septembre 2009 […] conservent des positions élevées au sein de l’administration civile et militaire, et participent activement à la répression des manifestations pacifiques de l’opposition « . Parmi eux, ils identifient Ansoumane Camara, dit Baffoe, directeur général de la police, Ibrahima Baldé, haut commandant de la gendarmerie nationale, et Tiegboro Camara, secrétaire à la présidence chargé de la lutte contre le trafic de drogue, la criminalité organisée et le terrorisme en Guinée.