LE GOUVERNEMENT MALGACHE LANCE UNE ENQUÊTE CONTRE L’INSTITUT PASTEUR
La meilleure défense, c’est l’attaque. Telle est la nouvelle tactique du jeune président malgache face à l’artillerie lourde de l’OMS appuyée par les laboratoires occidentaux. Andry Rajoelina ne recule pas. Depuis le 20 avril dernier, le président de la république de Madagascar défend bec et ongles un remède traditionnel 100% « malagasy » (malgache) censé guérir les malades du Covid-19. Cette tisane baptisée « Covid-Organics » ou Tambavy CVO, est fabriquée à partir de feuilles d’artemisia, une plante aux vertus antipaludéennes, ainsi que d’autres essences endémiques de la Grande île de l’océan Indien. Elle est conditionnée sous forme de bouteilles de 33 centilitres ou de sachets à laisser infuser. Et les résultats sur les malades semblent lui donner raison. Sauf que le gouvernement malgache trouve que l’Institut Pasteur est entrain de les falsifier.
L’ouverture d’une enquête a été ordonnée par le gouvernement malgache contre l’Institut Pasteur à propos. La décision est intervenue après qu’un nombre très important de cas testés positifs au Coronavirus a été rendu public en fin de semaine dernière. Selon l’État malgache, il s’agirait de chiffres truqués.
En fin de semaine dernière, le porte-parole du Centre opérationnel de commandement Covid-19 avait rendu publics, à la télévision nationale, les chiffres officiels du nombre de cas à Madagascar. Les investigations vont se poursuivre, car « les éléments de réponse fournis sur les résultats erronés n’ont pas permis d’élucider les failles et les responsables », souligne le communiqué. « L’Institut Pasteur avait indiqué qu’il y avait 67 cas positifs. Finalement, il n’y en a que 5. Donc, c’est très grave et c’est par rapport à ces anomalies que nous leur avons posé des questions. Mais pour le moment, ils ne nous ont pas donné de réponse satisfaisante », explique la porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication, Lalatiana Rakotondrazafy.
Le professeur Hanta Vololontiana avait alors annoncé 193 cas au total, soit 67 nouveaux cas sur lesquels 32 devraient encore faire l’objet de contre-tests. Par conséquent, ils n’avaient pas été insérés dans les chiffres officiels.
Chose curieuse, le même jour, les tableaux du site officiel de l’OMS faisaient plutôt état de 225 cas confirmés, soit un écart de 32 malades. Affichées toute la matinée, ces statistiques n’ont été rectifiées qu’en fin d’après-midi.
Pour le gouvernement, ce taux d’écart est anormal. L’Etat considère qu’il ne peut pas y avoir plus de 3 à 6% de cas testés positifs au Madagascar comme l’ont jusque-là démontré les chiffres officiels. Il a donc demandé que soient menées des investigations dans ce sens. Le laboratoire en charge d’effectuer les analyses est alors pointé du doigt.
Samedi dernier, les responsables de l’Institut Pasteur de Madagascar ont été convoqués par le Premier ministre malgache. Selon les déclarations du chef du gouvernement, Christian Ntsay, le laboratoire aurait reconnu qu’il y a des failles dans son organisation interne et a décidé de diligenter une enquête à l’interne.
Il est prévu qu’une enquête parallèle soit également menée par le ministère de la Santé publique. Les résultats seront rendus publics d’ici le mercredi 13 mai 2020. Les résultats sont très attendus par l’opinion publique. Pour l’heure, le nombre de cas positifs sur la Grande île a été revu. Une soustraction des 67 cas douteux a été faite pour que soient refaits de nouveaux tests.
De nombreuses questions se posent tout de même sur cet incident et sur sa possible relation avec les travaux du gouvernement malgache sur son traitement contre le nouveau Coronavirus, le Covid-Organics dont l’efficacité n’est toujours pas reconnue par l’OMS qui fait une énorme pression sur Madagascar et les dirigeants africains qui ont commandé ce produit à titre gratuit.