LE MILLIARDAIRE VICTOR FOTSO DÉCÈDE APRÈS AVOIR BRADÉ SA FORTUNE
Évacué discrètement du Cameroun pour Paris, le milliardaire Victor Fotso est décédé à l’âge de 94 ans dans un hôpital tenu secret. Selon nos informations, il serait mort depuis quelques jours à l’hôpital américain, mais il fallait l’autorisation de la présidence de la république pour officialiser son décès.
Celui qu’on présentait comme un ancien vendeur de cacahuètes et de bananes et qui est devenu un puissant homme d’affaires et multimilliardaire et polygame chevronné , a connu une fin très triste avec des soucis familiaux et une dégringolade financière.
Victor Fotso se lance dans les affaires en 1955, dans le transport en commun qu’il quitte en 1960. En 1956, il construit un centre commercial en plein centre de Mbalmayo.
En 1970, c’est la naissance de la Société Africaine de Fabrication de Cahiers (SAFCA). En 1974, il crée PILCAM. Il fonde ensuite la Compagnie Internationale de Service (CIS) à Paris en 1983 en collaboration avec le Français Jacques Lacombe. Ce dernier est décédé le 9 juillet 1996 après avoir attribué de façon significative à bâtir le groupe Fotso Victor qui compte multiples sociétés : FERMENCAM, FABASSEM, FISHCO, GFA, PHYTOCAM, PILCAM, SAFCA, PROLEG, UNALOR et SOPICAM et la CBC, créée en 1997.
Entre Victor Fotso et Paul Biya , la relation était très forte. L’industriel, qui finançait le parti au pouvoir, et pouvait se vanter d’être la seule personnalités dont Biya a accepté une invitation à dîner à son domicile, à Bandjoun en 1999. Sept ans plus tôt, Fotso avait dirigé un collectif d’hommes d’affaires qui avait appelé Biya à briguer un nouveau mandat. Déjà en 1970, il avait offert au Palais 600 bouteilles de champagne Laurent-Perrier Grand Siècle à l’occasion de l’anniversaire des indépendances.
Le milliardaire ayant fait fortune dans l’industrie, l’agroalimentaire, la banque et les services, avait fait un don d’une valeur de 40 milliards F CFA à l’État camerounais en 2012. Il s’agissait d’« un pôle universitaire ainsi que l’hôtel du département de Koung-Khi et l’hôtel de ville de Bandjoun, construits sur fonds propres pour plus de 4 milliards de F CFA.»
Bâti en R+2, l’hôtel s’étale sur 4610 m2 et compte entre autres, 30 bureaux, une salle de fêtes d’une capacité de 500 places, une salle de conférences de 250 places, un espace jardin, un musée, une salle du conseil, une terrasse pouvant contenir 200 personnes, 32 toilettes, un parking interne de 20 places et externe de 600 véhicules.
On a également vu l’homme d’affaires faire un don de 4 milliards de francs CFA en janvier 2020. Sans oublier un don d’un milliard pour la construction d’une église.
À l’issue d’un conseil exécutif du GICAM statuant sur la situation financière de ses membres vis à vis du GICAM, et conformément à l’annonce faite lors de l’assemblée générale ordinaire du 21 décembre 2017, la radiation de 43 entreprises en cessation de paiement depuis au moins deux ans avait été rendue publique . Cette décision a été prise conformément à l’article 2 de son règlement intérieur. Et parmi les radiations citées par ce groupement patronal, celle du milliardaire Victor Fotso, et son entreprise: la société de fabrication des piles du Cameroun (Pilcam).
Par la suite, il avait été éjecté du classement du top des 25 milliardaires en francs CFA d’Afrique francophone. Entretemps , la CBC, sa banque qui avait les actifs de 500 milliards de francs CFA, s’était effondré.
Le 9 janvier 2018, le Tribunal Administratif (TA) du Centre, a fait droit au recours de Fotso Victor, en annulation de la mutation du titre foncier n°1770/Mfoundi, réalisé en 2013 par la conservation foncière du Mfoundi, au profit de Julienne Djuiga, l’une des épouses du plaignant, et de ses quatre enfants.
En effet, le milliardaire avait saisi la Chambre administrative de la Cour suprême pour se plaindre de son épouse, qui lui aurait volé un lopin de terre d’une superficie de 2543m2, situé à Nkolo II, un quartier situé à Yaoundé.
Yves Michel, l’héritier qui trônait au poste de vice-président exécutif du groupe emblématique avec un chiffre d’affaires évalué à 500 milliards de F CFA (762 millions d’euros) avec 5000 employés, a été déchu et jeté en prison par Paul Biya.
Dans une interview parue dans Jeune Afrique le 9 mars 2015, Yves Michel Fotso accusait ses frères et soeurs d’être entre autres à l’origine de ses malheurs. « Comme je l’ai appris à mes dépens, au sein de ma propre famille, nombreux étaient ceux qui espéraient ma disparition. Il faut préciser que mon père est polygame et père de nombreux enfants. Certains de mes jeunes frères et sœurs qui travaillaient déjà à des postes de direction dans certaines de nos sociétés n’ont pas hésité à saisir l’opportunité de ma détention pour essayer de m’évincer définitivement « , disait-il. Il poursuivait, s’agissant de son père, Fotso Victor : » je me rends compte à quel point la fortune peut fragiliser un homme âgé. Elle fait de lui la proie facile des prédateurs. » Sa soeur Nadia Fotso, avocate, avait violemment réagi dans un droit de réponse.
Souffrant d’un cancer et du diabète , Yves Michel Fotso est arrivé au Maroc, le 19 août, à bord d’un avion médicalisé sur autorisation de Paul Biya. Hospitalisé au Centre d’oncologie Al-Azhar, à Rabat, l’ex-patron de la Cameroon Airlines incarcéré à Yaoundé, où il purgeait une double peine de condamnation à vie pour détournement de fonds publics , a encore bénéficié de la prise en charge de tous ses soins à hauteur de 90 millions sur ordre du président Paul Biya.
En fait, exacerbé par les tensions conjugales, les rivalités entre ses enfants qui ont coûté la mise en disgrâce de Yves Michel Fotso au profit de sa fille devenue épouse de l’ancien Lion Indomptable JérémieNdjitap, elle-même en bataille rangée l’avocate, le vieux Fotso ne tenait plus le bâton de commandement pour remettre ses brebis en rang. Après avoir presque vidé ses comptes, il a bradé son immeuble de Paris à Express Union, a aussi vendu sa maison blanche du quartier Bastos à Yaoundé à un jeune homme d’affaires.
