Afrique

LE NIGÉRIA TOURNE LE DOS À L’ÉCO ET LANCE SA CRYPTOMONNAIE

Alors que la nouvelle monnaie annoncée en grande pompe par Emmanuel Macron et Alassane Ouattara est toujours dans les cartons, le  Nigeria prend position dans la monnaie numérique et devient officiellement  le premier pays d’Afrique à se doter d’une crytomonnaie baptisée le e-naira.

Le président Muhammadu Buhari a lancé en personne la devise virtuelle,  lundi 25 octobre, depuis le palais présidentiel d’Aso Rock, à Abuja. Le président de ce pays géant d’Afrique  a notamment estimé que le e-naira pourrait contribuer au PIB nigérian à hauteur de 29 milliards de dollars dans les dix prochaines années.

La monnaie numérique lancée par la Banque centrale du Nigeria est porteuse de grands espoirs pour l’économie du pays, disent les autorités. Selon le président Muhammadu Buhari, le e-naira contribuera « à augmenter les envois de fonds, à favoriser le commerce trans-frontalier (…) à rendre la politique monétaire plus efficace » et même faciliter le versement d’aides sociales aux citoyens bénéficiaires.

Le gouverneur de la Banque centrale du Nigeria a salué ce lundi ce nouveau système de paiement, « parmi les plus avancés du monde et certainement le plus en pointe d’Afrique ». Il aura fallu quatre ans de travail à l’institution pour lancer le e-naira avec la promesse de faciliter l’inclusion bancaire et la transition de nombreux Nigérians vers l’économie formelle. Les transactions en e-naira devraient même à terme être possibles sans accès à l’internet.

Avec cette devise numérique, l’état nigérian espère bien voir ses recettes fiscales s’accroître, tout en mettant un frein à l’usage des cryptomonnaies, telles que le bitcoin, qui échappent à toute régulation étatique. Pour encourager l’utilisation du e-naira, l’accès à la plateforme dédiée et aux transferts restera gratuit pendant les trois prochains mois.

Pendant ce temps, les pays francophones faisant partie de la CEDEAO comme le Nigéria, ne misent que sur la monnaie Eco dont on entend plus écho. Le processus arrêté en 2020, va reprendre dès 2022, annonce Jean-Claude Kassi Brou, le président de la Commission de la CEDEAO, et ce, jusqu’en 2027. À cette date, les économies se seront suffisamment rapprochées pour permettre l’adoption de l’eco.

Reste que ce calendrier, le quatrième déjà annoncé par la Cédéao, peut sembler très serré. Selon l’économiste sénégalais Moubarack Lô, il parait difficile de faire converger un pays comme le Nigéria et ses 10% d’inflation avec ceux de la zone UEMOA, l’union économique et monétaire ouest-africaine, l’actuelle zone franc, où l’inflation est sous la barre des 2 %. De plus, les intérêts économiques divergents entre les pays producteurs de pétrole d’une part et d’autre part, les pays importateurs doivent être conciliés. Ce qui, là encore, peut prendre du temps. Pour Moubarack Lô, si les responsables politiques sont dans leur rôle en présentant une feuille de route, ce sera finalement l’économie réelle qui décidera de l’avenir de la monnaie commune.

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