LE PRÉSIDENT MOHAMED BAZOUM JOUE LA NEUTRALITÉ ENTRE LA FRANCE ET LE MALI
Contrainte à partir du Mali, l’armée française a trouvé une terre d’acceuil au Niger. Après le sommet de Pau, le Niger est monté en puissance, puisque la coordination entre la France et les autres pays lui était confiée. Un comité de liaison comprenant les forces françaises et celles de la région avait été créé à Niamey. Avec cette évolution, le Niger prend une place plus stratégique. Il était déjà question de repositionner le quartier général de cette nouvelle force européenne et française dans la zone des « trois frontières ».
Les trois bases françaises restantes au Mali à Gao, Menaka et Gossi n’auraient qu’à traverser la frontière. Gao se trouve à environ 600 km de Niamey alors que Bamako est à 1.200 km. Mais, contrairement à Alassane Ouattara qui s’est dressé contre la junte militaire avec des mots méprisants, Mohamed Bazoum reste neutre.
Interrogé par le journal français Le Figaro sur la présence des forces paramilitaires russes de Wagner au Mali, le président nigérien a voulu rester prudent. Il évoque des « analyses » portées par la France. « C’est la raison invoquée par la France et je n’ai pas de jugement de valeur à porter sur les analyses portées par la France. Je comprends aussi qu’elle puisse considérer que les conditions n’existent plus pour rester au Mali. Je pense également qu’il est préférable d’avoir recours à des structures étatiques plutôt qu’à des personnels d’entreprises privées, dont l’éthique n’est pas très affirmée et dont l’action pourrait poser d’autres problèmes. », a déclaré le chef d’État nigérien.
« Cela m’inquiète beaucoup. Je suis incapable d’imaginer ce que pourrait être le Mali dans quelques mois. C’est pourquoi il est urgent que les autorités actuelles du Mali renouent avec leurs partenaires et recréent un cadre normal pour que la Cédéao puisse lever ses sanctions et que les forces internationales puissent, peut-être, se redéployer. Cela permettrait aussi de sauver l’acquis de la Minusma qui pourrait autrement être remis en cause par la dégradation de la situation. Dans le Gourma, par exemple, Takuba et Barkhane font un travail remarquable. Mais sans eux, la menace pèsera directement sur Gao et aussi sur Ménaka », a déclaré Mohamed Bazoum.
J. REMY NGONO