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LE PRÉSIDENT QUI SE MOQUAIT DU COVID-19, DÉCÈDE DE COVID-19?

C’est officiel : le président tanzanien John Magufuli est décédé de problèmes cardiaques, a annoncé mercredi 17 mars à la télévision la vice-présidente, après plus de deux semaines d’absence inexpliquée et des rumeurs autour du chef de l’Etat.

«C’est avec grand regret que je vous informe qu’aujourd’hui, le 17 mars 2021, à 18H00, nous avons perdu notre courageux leader, le président de la Tanzanie, John Pombe Magufuli», a déclaré Samia Suluhu Hassan. Elle a précisé que le président est décédé à l’hôpital Emilio Mzena, un établissement gouvernemental de Dar es Salaam, où il était soigné. Il souffrait de problèmes cardiaques depuis 10 ans, a-t-elle dit. Mais, d’autres sources médicales évoquent sous couvert de l’anonymat le Covid-19.

Il y a une semaine, le leader de l’opposition Tundu Lissu, en exil en Belgique, avait commencé comme d’autres à s’interroger sur l’absence du président, le disant atteint d’une forme sévère de Covid-19, aggravée par des problèmes de santé. Lundi, Samia Suluhu Hassan avait elle-même appelé à ignorer les rumeurs, tout en suggérant que le président, sans le nommer, soit en effet malade. «S’il y a un moment où nous devons rester unis, c’est maintenant», avait-elle dit.
Réélu en octobre, John Magufuli, surnommé le «Bulldozer», était arrivé au pouvoir en 2015 en promettant de lutter contre la corruption. Son premier mandat fut aussi marqué selon de nombreuses organisations des droits humains par une dérive autoritaire, des attaques répétées contre l’opposition et le recul des libertés fondamentales. En février, la Tanzanie, qui se disait depuis des mois «libérée» du Covid-19 grâce aux prières, a connu une vague de décès, officiellement attribués à des pneumonies.
Des personnalités de premier rang ont été touchées, parmi lesquelles le vice-président de l’archipel de Zanzibar, Seif Sharif Hamad, qui est décédé, obligeant John Magufuli à admettre à demi-mots la présence du virus en Tanzanie.

Plusieurs membres de l’opposition en Tanzanie ont appelé les autorités à donner des nouvelles du président John Magufuli qui n’est plus apparu en public depuis le 27 février, suscitant des interrogations sur son état de santé. Les rumeurs autour d’une possible contamination au Covid-19 ont essaimé sur les réseaux sociaux, notamment au Kenya voisin sous le hashtag #pray4magufuli (« Priez pour Magufuli »).

Depuis près d’un an, le chef d’Etat tanzanien, 61 ans, minimise l’impact du Covid-19. Affirmant que son pays s’était « libéré du Covid » par la prière, il a rejeté tout confinement ou mesure imposant le port du masque. Il a toutefois infléchi son discours depuis un mois, admettant que ce qu’il a nommé « cette maladie respiratoire »  circulait toujours.

De nombreux officiels tanzaniens sont décédés ces dernières semaines, souvent sans que la cause de leur mort soit précisée. Parmi eux, le premier vice-président de l’archipel semi-autonome de Zanzibar, Seif Sharif Hamad, décédé mi-février, dont le parti a, lui, indiqué qu’il avait contracté le Covid-19.

Mercredi dernier, le quotidien kényan Daily Nation avait rapporté qu’un « dirigeant africain », dont le « gouvernement est resté catégorique contre l’application de mesures de santé publique, telles que le port du masque, la désinfection et l’interdiction des grands rassemblements », avait été admis dans un hôpital de Nairobi. Interrogé par l’AFP, un responsable de l’hôpital a répondu : « Nous ne savons pas. » Des sources gouvernementales avaient démenti l’information.

John Magufuli a été vu pour la dernière fois en public le 27 février, lors de la prestation de serment de son nouveau secrétaire général. Il n’a ensuite pas participé au sommet virtuel ordinaire des chefs d’Etat de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) prévu le même jour et n’a pas été vu depuis aux deux offices dominicaux, où il est généralement filmé en direct par la télévision nationale.

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