Afrique Sports

LE TEMPS DU SUPER PRÉSIDENT ETO’O FILS

Samuel Eto’o et Paul Biya, main dans la main, comme des coéquipiers des Lions Indomptables au palais présidentiel. Le Pichichi est allé présenter Ahmad Ahmad à son mentor comme un trophée. Puis, il a demandé à toute son équipe d’offrir leur bulletin de vote comme des passes décisives à Paul Biya pour inscrire le but de la victoire de l’élection présidentielle. Samuel Eto’o a profité de l’organisation de la CAN 2019 et sa proximité avec le président de la CAF  pour gérer le football camerounais à sa guise. C’est lui le coach et le président.

LE TEMPS DU 9

Par: Christian Djimadeu, journaliste

Fort de sa riche carrière  et de sa patience devant ce qu’il a souvent qualifié  de “gestion pas professionnelle” de notre sport roi , le destin offre depuis quelques temps à Samuel Eto’o, l’occasion d’être le guide des décisions du football camerounais. Tel un coach, il positionne son «11 entrant »  pour imprimer sa marque .

Si « les cimetières sont remplis des gens comme Samuel Eto’o », tel qu’avait déclaré un ancien président de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot),   autant dire que les rues sont aussi bondées de personnes autrefois combattues, qui influencent aujourd’hui le court de l’histoire sans être à des postes de pouvoir. Samuel Eto’o  doit certainement rire de ceux qui, hier, ne vendaient pas cher sa stature de légende du football. Le jeune prodige du début des années 2000 au verbe imprudent a essuyé de nombreuses humiliations eût égard à son grand toupet, avant de devenir cet incontournable acteur du football national.

Sa carrière peut se résumer en une phrase : réussite malgré les polémiques. Aucun autre joueur camerounais ne peut se prévaloir d’autant d’attentions des médias. Entre coup d’éclats et scandales, l’ancien capitaine des Lions indomptables a néanmoins réussi à garder son aura à travers le monde.

C’est un Samuel Eto’o consultant et ambassadeur qui se révèle aujourd’hui. Au début de la brouille entre le Cameroun et la Confédération africaine de football (CAF), inquiète face aux retards dans les préparatifs de la CAN 2019,  le gouvernement sollicite l’entregent de Samuel Eto’o pour atténuer le brouillard entre le Caire et Yaoundé. Le 9, comme l’appelle affectueusement les fans, est allé rencontrer les dirigeants de la CAF pour leur porter la parole du président Paul Biya qui a rassuré que : « le Cameroun  sera prêt le jour dit ».

Sur le « chaos » à la Fécafoot, ni l’État encore moins  la FIFA n’ont laissé Eto’o sur la touche. Deux de ses proches, à savoir : son avocat Me Happi Dieudonné et sa collègue Ambombo Denise sont portés à la tête du Comité de normalisation composé de cinq membres. Le quadruple ballon d’or  africain (2003, 2004, 2005 et 2010) prend ainsi, de façon tacite, le contrôle de la fédération. Son ombre transparaît dans plusieurs décisions. La cascade de nominations de ses proches ne saurait être un hasard .

Le fait le plus notoire  est le choix, sans appel à candidature, du secrétaire général Martin Etonge, autrefois radié de la Fécafoot pour « haute trahison » au profit d’Eto’o. Ensuite d’autres « joueurs » vont intégrer le 11 entrant du 9. Jean Alain Boumsong, ancien international français, d’origine camerounaise, a rejoint le staff des Lions Indomptables, nommé à tête de la commission de réforme de la Direction technique nationale; Clarence Seedorf et Patrick Kluivert désignés entraîneurs de l’équipe nationale. Sur l’antenne de Radio France internationale il y a quelques semaines, le meilleur buteur de tous les temps des Lions indomptables (58 buts)  n’a pas nié son implication dans le recrutement du duo néerlandais.

Dans le pipe,   plusieurs éléments de l’équipe du 9 ont  aussi intégré l’encadrement technique. Parmi lesquels: Bill Jackson Tchato Mbiayi, ancien coéquipier en sélection, et responsable de l’académie Samuel Eto’o au Gabon ; le journaliste émérite Martin Camus Mimb a aussi été mis sur orbite au ministre des Sports et de l’éducation physique qui a reçu les propositions du Comité de normalisation.

  1. Suivant l’adage qui veut que: « qui peut le moins peut le plus », il ne serait pas superfétatoire de penser que le  Samuel Eto’o prépare un candidat pour les élections à la Fécafoot. Pour soutenir ses protégés promus et dérouler sa vision du management du football.  A Iya Mohamed, ancien président de la fédération (2000-2013), Eto’o ne manquait de réitérer à tout bout de champ : « ce n’est pas de cette façon qu’on gère le football». De ce point de vue, le temps du 9 aurait donc sonné. Et quoi qu’actif dans l’ombre, il sait sans doute qu’il devra assumer le bilan de son « _11 entrant_ ».

christiandjimadeu@gmail.com

Articles Similaires

Quitter la version mobile