Afrique Politique

LE TESTAMENT PROPHÉTIQUE DE RUBEN UM NYOBE

Ruben Um Nyobè, le héros oublié du Cameroun

Jusque dans les années 1990, au Cameroun, toute évocation de Ruben Um Nyobè était interdite. Il a fallu attendre la loi de réhabilitation du 16 décembre 1991 pour briser ce tabou. Pourtant l’ancien syndicaliste, fondateur de l’Union des populations du Cameroun (UPC) en 1948, a été l’objet, après son assassinat par l’armée française, d’une immense admiration populaire. Excellent orateur, il a parcouru le Cameroun pour transmettre les idées d’indépendance et de réunification du pays et est devenu, au cours des années 1950, une des icônes internationales du tiers-mondisme naissant. Il a fini sa vie dans la clandestinité, tué en 1958 par l’armée française. À l’occasion du 62 ème anniversaire de son assassinat par l’armée coloniale française, nous vous proposons quelques extraits de ses réflexions qui se vérifient aujourd’hui comme des prophéties.

Message aux prêtres catholiques qui supportent la dictature

Ruben Um Nyobè a dit :

« Certains prêtres catholiques oubliant que l’évangile s’élève contre les injustices, font les griots du colonialisme et nous traitent d’anti-religieux, ce qui est très faux d’abord parce qu’il ne peux y avoir d’Africains anti-religieux, ensuite parce que nous ne considérons pas le travail forcé, l’indigénat, la spoliation des terres, l’exploitation colonialiste en général comme des recommandations prescrites par la Bible.

Au contraire, ce sont ces prêtres qui, en faisant de l’Eglise une tribune politique, ressemblent à ces trafiquants que Jésus chassa du temple. »

Ruben Um Nyobè, extrait du « Rapport présenté au premier congrès de l’UPC », Dschang, 10 avril 1950.

Si tu ne fais pas la politique, c’est la politique qui va te faire

Le Mpodol Um Nyobè a dit :

« Des Africains naïfs ou de mauvaise foi, pour justifier leur renoncement à la défense de nos intérêts, prétendent ne pas faire de politique, parce qu’on leur a dit dans les couloirs administratifs que la politique est une mauvaise chose.

[…] Ne faites pas de politique, pour l’Administration et le Gouvernement colonialiste en général, signifie simplement qu’il ne faut pas défendre vos intérêts. Cela peut se traduire aussi : « Ne faites que ma politique, celle qui approuve mon arbitraire et mes illégalités »

Ruben Um Nyobè, extrait du « Rapport présenté au premier congrès de l’UPC », Dschang, 10 avril 1950.

Um Nyobè a dit non au tribalisme

 » Nous reconnaissons la valeur historique des ethnies de notre peuple. C’est la source même d’où jaillira la modernisation de la culture nationale. Mais nous n’avons pas le droit de nous servir de l’existence des ethnies comme moyens de luttes politiques ou de conflits de personnes. »

Avant Thomas Sankara, Ruben Nyobe avait déjà expliqué que seule la lutte libère.  » Un peuple décidé à lutter pour sa liberté et son indépendance est invincible » Ruben UM NYOBE

RUBEN UM NYOBE ET L’UPC AVAIENT DÉJÀ VU DANS LEUR TEMPS LA CRISE ANGLOPHONE ET AVAIENT AVERTI LES NATIONS UNIES

« Si les Nations Unies se laissent tromper par le chantage et les promesses irréalisables des autorités administrantes, la réunification du Cameroun ne sera possible dans l’avenir qu’au prix du sang. »

« La Réunification du Cameroun est la condition même de la marche de notre pays vers son indépendance. La Réunification du Cameroun est la seule voie par laquelle, le Cameroun doit passer pour accéder à son indépendance. Si l’on n’accepte pas ainsi, ce qu’on est partisan de l’indépendance des deux parties du Cameroun au sein de la nigérian ou du commonwealth britannique et l’autre partie du Cameroun au sein de l’union française, de ce fait, le peuple camerounais ne pourra plus jamais réaliser son Unité qu’en ayant recours à l’expérience de ce qui se passe en Corée depuis 1950 (…) aujourd’hui, la Réunification du Cameroun est absolument réalisable pacifiquement. Si les Nations Unies se laissent tromper par le chantage et les promesses irréalisables des autorités administrantes, la réunification du Cameroun ne sera possible dans l’avenir qu’au prix du sang. », extrait de l’intervention de Ruben Um Nyobe devant la 4e commission de l’assemblée générale de l’ONU le 17 décembre 1952.

 

Articles Similaires

Quitter la version mobile