Afrique Politique

LE TRAIN À 1000 MILLIARDS DE MACKY SALL NE ROULE PAS

 » Le train sifflera trois fois « , c’est le titre d’un ancien film qui est actuellement en projection au Sénégal où celui de Macky Sall n’a jamais quitté la gare. Une nouvelle date de lancement du train express rapide (TER) a été annoncée pour début 2021. Un financement de 17,6 milliards de francs CFA, soit 26,9 millions d’euros de la Banque publique française d’investissement (BPI) vient d’être signé le 28 août. Il permettra de lancer la pré-exploitation du TER, qui doit relier Dakar à la nouvelle ville de Diamniadio, située à 36 kilomètres de la capitale.

Des milliards et des milliards pour un projet qui fait polémique. Le financement de la Banque publique française d’investissement pourrait marquer une dernière étape vers la mise en service du train express rapide de Dakar, inauguré en janvier 2019 par le président Macky Sall. L’objectif est de  » mettre en place les services nécessaires à une bonne exploitation du TER « , souligne le ministère sénégalais de l’Économie. L’exploitation ferroviaire consiste à gérer la circulation et les horaires de passage des trains, par exemple.

Cette phase de préparation est donc essentielle afin de confronter les infrastructures aux éventuelles anomalies et de garantir un bon fonctionnement début 2021.

Le TER, présenté comme « l’épine dorsale du transport dans la capitale », a déjà pris beaucoup de retard. Il avait d’abord été annoncé pour octobre 2019, puis pour le 30 novembre de la même année. Mais il ne roule toujours pas.

Ce projet fait aussi polémique par son coût d’un milliard d’euros estimé exorbitant et non prioritaire par certains. Les riverains délogés ont manifesté à plusieurs reprises pour demander une indemnisation à l’État sénégalais.

Quand on additionne maintenant le coût, on se rend compte que gouvernement sénégalais avait menti. Alors que le coût officiel de l’infrastructure ferroviaire qui doit relier Dakar à l’aéroport international Blaise Diagne se montait à 568 milliards de francs CFA (854,13 millions d’euros), Ousmane Sonko, ex-inspecteur des impôts devenu député, était le premier à tirer la sonnette d’alarme avec des révélations sur les dépenses réelles de cet ouvrage que le gouvernement sénégalais vantait comme une réalisation pharaonique .

Abdou Ndéné Sall, ministre délégué chargé du développement des réseaux ferroviaires, avait été obligé de confirmer les dires du député . Ainsi, le coût de la première tranche du TER, longue de 38 kilomètres et qui relie Dakar à Diamniadio, se chiffre en fait à 800 milliards de francs CFA (1, 2 milliard d’euros), avait déclaré le ministre, en réponse à une question orale soulevée par le député du parti Pasteef-les Patriotes, devant le Premier ministre.

L’aveu d’Abdou Ndéné Sall avait suffi au député Ousmane Sonko pour revenir à la charge. Selon le leader du parti Pasteef-les Patriotes, les déclarations du ministre n’allaient pas dans le même sens que celles du chef de l’Etat et du Premier ministre.

« Cet aveu est un pas vers la vérité, mais n’éteint pas le débat. Le montant de 800 milliards ne couvre que les 38km de la première phase portant sur la distance Dakar-Diamniadio. Ils n’intègrent pas la seconde phase allant de Diamniadio à Diass sur une distance de 17km. Je vous laisse faire le calcul »., avait lancé l’élu.

Le leader de Pasteef-les Patriotes ajoutait que ces sommes n’incluaient pas le coût des travaux assujettis à la notification de la disponibilité des crédits aux entrepreneurs. Encore moins les dépenses liées à l’étude d’impact environnemental et social, révélées par le rapport de la Banque africaine de Développement (Bad), l’un des bailleurs du TER. Et d’autres perturbations liées à la construction des murs de protection le long des voies qui vont réduire les échanges entre les communes.

« Cet aveu est grave quant à la crédibilité et la sincérité du budget, car jusqu’à présent, c’est le montant de 568 milliards qui est inscrit au budget et sur le Plan Triennal d’investissement Public 2018-2020 », avait conclu Sonko. On est donc à plus de 1000 milliards pour un train qui avance à reculons.

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