LE TRIBALISME D’ÉTAT INSTALLÉ PAR PAUL BIYA

Après avoir réussi au concours pour devenir Bulu, j’aimerai dire au reste du Cameroun que si le régime de Yaoundé est effectivement tribal, cela ne nous concerne pas. Nous les Bulu. Car ce ne sont pas les Bulu qui ont été élus. C’est un régime composé des Camerounais de toutes les ethnies qui est au pouvoir.

Il est bien vrai que dans la préfectorale comme dans la sphère des hautes fonctions de l’Etat ou dans le commandement des armées entre autres, les Beti-Bulu sont surreprésentés au détriment du principe de l’équilibre régional. C’est effectivement le tribalisme d’État qui est en cause dans cette discrimination et aucune âme honnête ne peut le nier.

Cependant, il ne faut pas en déduire que nous les Bulu sommes tribalistes. Ce serait de la stigmatisation. Il existe des tribalistes chez nous les Bulu comme il en existe partout ailleurs. En réalité c’est le régime au pouvoir qui est tribaliste. C’est à lui qu’incombe la responsabilité de réguler l’harmonie sociale ou le vivre ensemble. Tâche qui à été dévoyée par un tribalisme à outrance qui répugne le reste du Cameroun .

C’est pourquoi le régime Biya est responsable de la tournure dramatique que prend le tribalisme au Cameroun. Personne ne l’oblige à nommer nos frères du village partout au point de pousser le reste du Cameroun à croire que c’est nous qui sommes tribalistes. Je dénonce fermement ce régime qui tue le vivre ensemble par un tribalisme vraiment dégoûtant.

En fait c’est quoi même le tribalisme ?

Le tribalisme c’est l’un des plus beaux fruits de l’ignorance. Il sert aux regimes autocratiques comme celui de Yaoundé à diviser pour mieux régner. Ce régime exploite à cet effet l’ignorance des masses incultes pour assoir son pouvoir. Cela passe par l’exacerbation du tribalisme dans l’espace public.

La preuve c’est que Yaoundé ne s’émeut pas des discours de haine tribale dans les médias au Cameroun. De sinistres personnages comme Dieudonné Essomba ou mon frère Elimbi Lobe peuvent débiter la haine tribale à longueur de journée dans les médias Camerounais sans être inquiété, alors qu’une loi punissant le tribalisme existe bel et bien au Cameroun. Ce sont des faits.

J’aimerai dire aux compatriotes qui me lisent que c’est dans la pire des ignorances que la notion de tribu s’enracine et se développe. La tribu n’a pas l’importance qu’on veut lui donner au Cameroun simplement parce qu’on veut s’en servir à des fins de conservation du pouvoir. Nous sommes tous des frères.

La tribu est une notion historiquement insensée, scientifiquement fausse et socialement nocive.

C’est par pure hasard que l’on appartient à une race, un pays, une région ou une tribu. Votre origine raciale ou tribale ne se rattache à aucun mérite personnel. D’où la vacuité des querelles tribales. Ces querelles relèvent de l’imbécillité. Car d’où vous venez ne compte pas beaucoup en réalité. Ce qui compte le plus c’est ce que vous faites et comment vous le faites.

Plus on sera ignorant, moins on acceptera ces évidences. Malheureusement cette ignorance est à la base de bien de conflits et de destruction de vies en Afrique noire. Mais cela ne doit pas décourager le travail de conscientisation et d’éducation des masses incultes que des gouvernants vicieux maintiennent effectivement dans l’ignorance aux fins de les <<diviser pour mieux régner>>.

Je voudrai aujourd’hui, ici et maintenant, rendre un vibrant hommage au Professeur Maurice Kamto qui a eu le courage de dénoncer ouvertement le tribalisme d’État à la cour constitutionnelle du Cameroun. Il avait par sa déclaration mis le doigts sur l’un des problèmes les plus importants du Cameroun aujourd’hui.

La stupidité qui caractérise certains Camerounais les a pousser à un moment à vouloir déformer les propos de Monsieur Maurice Kamto qui dénonçait courageusement le tribalisme d’État à la cour constitutionnelle. J’invite d’ailleurs les autres intellectuels et hommes politiques du Cameroun à suivre l’exemple de Maurice Kamto en dénonçant publiquement le tribalisme d’État, ce cancer qui détruit le vivre ensemble et tire le Cameroun vers le bas. Ce n’est que de cette manière que nous changerons ce pays qui est notre patrimoine commun.

A bas le tribalisme d’État.

Oui au vivre ensemble

AFFD
Arlette Framboise Doumbe Ding