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LE TROISIÈME MANDAT D’ALASSANE OUATTARA EN TÉLÉCHARGEMENT

Vendredi 14 Juin 2019, lors de sa visite d’Etat en Côte d’Ivoire, un journaliste  portugais avait  voulu savoir si le Président de son pays ainsi que celui de la Côte d’Ivoire brigueront respectivement un deuxième et un troisième mandat en 2020.

Dans leurs différentes réponses, Marcelo Rebelo de Sousa et Alassane Ouattara avaient  renvoyé tous les deux, le journaliste portugais à l’été 2020 où ils se décideront s’ils brigueront un deuxième ou troisième mandat.

«Merci pour cette question curieuse. Je vais dire ce que j’ai déjà répété. Ma décision en ce qui concerne ma candidature à la prochaine élection sera prise pendant l’été 2020, c’est ma réponse, » avait  déclaré le président de la République du Portugal. «Monsieur le Président, je vous remercie. Nous avons parfaitement cordonné. Ma réponse sera connue à l’été 2020, » avait répliqué  Alassane Ouattara de son côté.

Et au moment où Alpha Condé a déjà franchi le premier pas pour passer par la force au troisième mandat en Guinée malgré des vagues de manifestations qui ont déjà fait au moins neuf morts, les spéculations sur le troisième mandat commencent à faire des remous à moins d’un an de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire. Alassane Ouattara qui avait affirmé vouloir passer le relais à une génération, laisse planer le doute sur son envie de briguer un troisième mandat. En a-t-il vraiment envie et le droit?

Le professeur Ouraga Obou, l’un des rédacteurs de la nouvelle Constitution, répond catégoriquement non. Lors d’une conférence  de presse, le 8 novembre 2016, le Pr Ouraga Obou Boniface, président du comité des experts, avait répondu non tout en  expliquant pourquoi Alassane Ouattara ne sera pas candidat en 2020: « Le président Ouattara ne va pas briguer un autre mandat (…) depuis environ quatre mois, j’échange presque au quotidien avec le président de la République. Je puis vous assurer qu’il respectera la Constitution et ne briguera pas un autre mandat.»

« Pour lui, la Constitution est claire sur la question : toutes les dispositions antérieures qui ne sont pas contraires aux nouvelles ne sont pas abrogées », avait répondu le professeur Ouraga Obou à ceux qui voyaient déjà une manoeuvre d’une révision constitutionnelle visant à ouvrir la voie au troisième mandat d’Alassane Ouattara.

« Le Président de la République qui est à son deuxième mandat ne peut en briguer un autre, dès que la Loi fondamentale le lui en interdit », avait-t-il assené. A l’en croire, suivant la continuité législative, le Président de la République qui est à son deuxième mandat ne peut en briguer un autre, dès que la Loi fondamentale le lui en interdit.

« Il y a la continuité législative dont il est question dans l’article 183. Il n’y a donc pas de suspension. Et cela s’impose à tous. Au regard de l’article 183, ce n’est pas parce qu’il y aura la nouvelle Constitution que tout ce qui existait avant sera caduc … ».

Or, Alassane Ouattara ne voit plus les choses de la même façon et juge que la nouvelle Constitution de 2016 est l’autoriserait à candidater en 2020 s’il le souhaite.

Les juristes et autres experts du droit qu’il aurait consultés en la matière lui auraient en effet donné un avis favorable. Car à partir du moment où nous avons une 3e République créée par une nouvelle Constitution qui entraîne un chamboulement institutionnel sans précédent.

Avec notamment l’Exécutif qui enregistre la création d’un poste de vice-président de la République, le Parlement qui devient bicaméral avec la création de plusieurs Cours, il faut considérer que nous sommes passés sous une ère politique et institutionnelle nouvelle.

Et que dès lors, ce qui a été fait par le passé sous l’empire de la défunte Constitution ne peut continuer à produire ses effets sous la 3e République. Or justement sur le sujet, le débat semble avoir été vidé avant même l’adoption de la nouvelle Constitution par les concepteurs et les rédacteurs de cette nouvelle Loi fondamentale.

Interrogé sur RFI par Christophe Bouabouvier sur l’ambiguïté de certains points de la nouvelle constitution relatifs à l’éligibilité du candidat à l’élection présidentielle, Alassane Ouattara a  affirmé : « C’est très clair. Je peux me représenter si je le souhaite. C’est une nouvelle Constitution qui a touché non seulement à l’exécutif, avec un poste de vice-président, qui a touché au législatif avec la création d’un Sénat, qui a touché au judiciaire, avec la création de nombreuses cours plutôt que des chambres. C’est une toute nouvelle Constitution. Et tous les avis juridiques que j’ai consultés me confirment que si je veux être candidat en 2020, je peux l’être. Et ce serait conforme à la Constitution ».

Si le projet d’un troisième mandat n’est pas nourri par le président ivoirien, pourquoi donc Alassane Ouattara qui a tant de choses à faire, se préoccupe à consulter plusieurs « avis juridiques » ?

 

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