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L’ÉPOUSE D’UN MINISTRE JUGE QU’ERNEST OBAMA PAIE LE KARMA

En mars 2019, Polycarpe Abah Abah, ancien ministre des Finances, a écopé de dix-huit ans de prison ferme. Emprisonné au secrétariat d’État à la Défense, où il purge une peine de vingt ans de prison dont il a écopé dans une autre affaire, il était accusé d’avoir détourné 205,873 millions de francs CFA des caisses de la CRTV. Annoncé aux obsèques de son fils décédé par accident, il n’avait pas reçu d’autorisation pour aller assister à l’inhumation à Zoétélé. Humilié, affaibli par la maladie,  son traitement n’a pas suscité  l’indignation. Bien au contraire, Ernest Obama a découpé l’ancien argentier tout comme la CRTV a humilié d’autres anciens ministres .  Caroline Meva, sans jamais faire mentionner le nom de son époux   Polycarpe Abah Abah, a publié  pour rafraîchir les mémoires sur les traitements inhumains ou dégradants infligés par le régime Biya aux personnalités. Lisez.

 » Je me souviens d’un certain Olanguena Awono Urbain, ancien Ministre de la Santé qui croupit en prison depuis plus de 13 ans. Lors de son arrestation, il avait été filmé par la CRTV dans sa cellule à la Direction de la Police Judiciaire, malade couché sur un matelas de fortune étalé à même le sol. A l’époque peu de personnes s’en sont offusquées. Je me souviens de tant d’autres prisonniers, encore en détention provisoire, donc présumés innocents, qui avaient été brutalisés, trainés dans la boue, et qui ont subi des traitements inhumains. Alors pourquoi c’est seulement maintenant, avec le cas Ernest Obama, que nous semblons subitement découvrir ces méthode d’autrefois, dignes des goulags russes ou de l’Allemagne nazie ? Pourquoi s’indigner aujourd’hui pour ce qu’on a applaudi hier ?

La réponse est toute simple : le monstre de brutalité et d’humiliation que certains ont créé et que nous avons entretenu et nourri a grandi, s’est renforcé au point où il s’est retourné contre ses créateurs. Beaucoup de ceux qui ont jeté en pâture ceux-là hier, croyant pouvoir échapper au monstre froid et sanguinaire qu’ils ont créé et engraissé, se retrouvent eux-mêmes en prison aujourd’hui.

La leçon que nous devons tirer de tout ceci est que le karma existe. Tôt ou tard on finit par payer pour ses crimes. Si nous justifions et cautionnons aujourd’hui le mal que l’on fait aux autres, il y a de fortes chances que l’on soit victimes de nos propres turpitudes demain. On récolte ce qu’on sème ; qui sème le vent récolte la tempête. Eh oui. ‘Qui sème le vent récolte la tempête.’

Mais Paul Biya ne fait que semer le vent depuis son accession à la présidence de la République en 1982. Déjà en 1983, juste un ans après, on se souvient des histoires montées autour de ‘la réunion du lac’ et la prise pour cible des élites Nordistes. S’en est suivi 1984 et les tueries et autres voies de fait sur des personnes innocentes juste parce qu’elles étaient du Nord. Et certains ont rationalisé cela en disant que les nordistes voulaient reprendre le pouvoir. Ahidjo et sa famille n’ont pas étaient épargnés alors que ce dernier avait élevé Biya comme son propre fils jusqu’à lui remettre le pouvoir en jonglant S.T. Muna alors Président de l’Assemblée Nationale et J.N. Foncha alors Vice Predident du parti unique l’UNC.

On se souvient des années 1990s avec le lancement du SDF et les jeunes tués à Bamenda à qui on n’a jamais rendu justice parce que le régime de Biya et son tam tam de CRTV avaient déclarés que les jeunes étaient mort ‘piétinés par balles’, et on as passé leurs vies en ‘pertes et profits’ parce qu’ils étaient tous Anglophones.

On se souvient des élections présidentielles controversées de 1992 et de la répression qui en a suivi avec les atrocités des commandements opérationnels contre les ‘villes mortes’, surtout à Douala, Bafoussam et Bamenda.

On se souvient de 2008 et les manœuvres constitutionnelles qui ont permis à Biya de s’éterniser au pouvoir au prix du sang de près de 200 jeunes tués par balles et bayonets entre Douala et Yaoundé, et donc les corps de certains ont été sauvagement largués dans le fleuve du Wouri.

Et depuis 2016, on se souvient des massacres et de atrocités de toutes sortes qui se multiplient dans le Nord Ouest et le Sud Ouest avec ses milliers des morts, des centaines des milliers des déplacés internes et des dizaines des milliers des réfugiés. Et certains comme Ernest Obama, Amougou, Biloi Okalia et bien d’autres hier encore appelaient à plus de massacres de cette population qui porte des griefs politiques légitimes, mais que certains déforment à leurs manière pour essayer de rationaliser l’absurdité d’une solution militaire à un problème éminemment politique.

Après les Nordistes et les Anglophones, et même les Bassas à qui on a arraché l’UPC aujourd’hui morcelé en petites factions par le régime, voilà que depuis 2018 le même régime pousse à l’extrême sa pratique longuement entretenue de la tribalisation de la politique, ciblée cette fois-ci contre les Bamilekés de l’Ouest. Tout y passe, des matraques et autres stigmatisations à l’utilisation des nominations pour exemplifier l’exclusion et l’ostracisme. Dans différents coins de ce pays, le régime Biya a fait couler le sang des innocents. Et les populations continuent de verser les larmes, de jour comme de nuit !!!

Les jours passent et les amertumes et autres frustrations se cumulent. Beaucoup ont gardés des tristes souvenirs et les archives qui sortiront le moment venu. Le Cameroun de demain est à reconstruire. Il sera refait, par toutes les bonnes volontés ou ne se fera pas.

Caroline Meva »

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