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LES AFRICAINS NE CONNAISSENT PAS LA FIDÉLITÉ EN AMITIÉ

« L’histoire émouvante d’un vieux chien : 7 ans qu’il attend son maitre décédé ». C’est le titre qu’on pouvait lire à la une de l’un des 2 plus grands quotidiens japonais Asahi Shinbun, le 4 octobre 1932.

Mercredi 25 avril 2018, c’est avec une très forte émotion et les larmes aux yeux que j’ai posé devant la statue du chien le plus célèbre du monde et qui résume à lui-seul quelque chose de très rare de nos jours : la fidélité en amitié.

L’histoire commence en 1924, lorsque le professeur Ueno Hidesaburō du département d’Agriculture de l’Université Impériale de Tokyo reçoit en don, un chien qu’il va surnommer « Hachikō » (8ème prince).

Chaque jour, Hachikō accompagne son maître à l’une des principales gares de Tokyo, la gare de Shibuya, prendre son train pour l’Université. Et chaque soir, tout seul, il vient à la même gare et à la même heure le chercher.

Tout se passe bien, jusqu’au jour où le 21 mai 1925, Hidesaburō Ueno meurt au travail, à cause d’une hémorragie cérébrale. Mais personne ne se rappelle de le dire ou l’expliquer à Hachito, son chien. Et ce dernier, pendant 7 longues années, se rendra tous les soirs à la même heure à la même gare de Shibuya, attendre son maître.

Hachikō meurt à son tour le 8 mars 1935, dans les environs de la rivière de Shibuya. Son cadavre est empaillé et aujourd’hui tenu au Musée national de la nature et des sciences de Tokyo. Tout l’intérieur de son cadavre a été enterré au cimetière de Aoyama, juste à côté du tombeau de Hidesaburō Ueno, son maître.

Aujourd’hui, pour enseigner les valeurs de la fidélité en amitié, les parents japonais amènent leurs enfants ici prendre une photo avec la statue de Hachikō, devant la gare de Shibuya, juste en face du « Shibuya Crossing », une autre attraction de Tokyo dont je vous parlerai dans mon prochain post.

Dans les écoles, les universités, l’histoire de Hachikō est enseignée pour inculquer aux enfants japonais le culte de la fidélité en amitié qui se mesure surtout par la durée avant même l’intensité. Pour les japonais, à rien ne sert une amitié très intense qui ne durera pas très longtemps. On incite donc, ici chacun a faire constamment un bilan de ses propres relations, de ses amitiés, de ses affections en termes de durée.

C’EST QUOI LA FIDELITE EN AMITIE POUR LES AFRICAINS ?

Les amis africains de longue date, je n’en ai pas. Alors que mes meilleurs amis de plus de 20 ans, sont italiens. C’est peut-être parce que durant mon séjour d’industriel en Italie, j’avais fait le choix de ne fréquenter qu’une certaine qualité de personnes ayant un lien avec mon environnement professionnel et sociétal.

La quasi totalité des africains étant, dès le départ, piégés par l’esclavage du salariat, nous ne pouvions partager les mêmes centres d’intérêt et donc pas les mêmes parcours encore moins, les mêmes fréquentations. Mais ça n’explique pas tout.

Depuis la guerre en Libye en 2011, j’ai essayé de corriger le tir en me re-orientant vers l’Afrique. 7 ans après, je me rends tout simplement compte qu’aujourd’hui, autour de moi, je n’ai comme collaborateurs que de nouvelles personnes, surtout des très jeunes, non encore trop formatés par la méchanceté des adultes.

Pour une raison ou une autre, pour avancer, j’ai été obligé de me séparer de tous ceux qui m’entouraient au départ. En Afrique, les gens ont tendance à vous tirer vers le bas, vers l’abîme. Et il faut être capable de faire violence contre soi-même pour se séparer de toutes ces personnes négatives. Mais quand c’est tout le monde qui vous tire vers le bas, cela devient inquiétant.

J’avais promus des personnes au rang de formateurs, juste pour essayer de créer ce debut d’amitié qui me manquait avec les africains, en leur demandant uniquement de témoigner de leurs expériences sur le terrain à la suite de leur formation précédente avec moi. Mais certains ont pris ce rôle tellement au sérieux qu’ils se sont cru dépositaires des connaissances extraordinaires. Et, à peine je me suis séparé d’eux, sans avoir rien à enseigner aux autres sont presque tous devenus eux aussi des promoteurs de centre de formation, juste parce qu’ils croyaient que je leur avais livré tous mes secrets.

D’autres encore, à notre séparation, ont préféré tout simplement me saboter avant de s’en aller. C’était douloureux, mais un industriel est avant tout un bagarreur, prêt à toutes les situations. Et je me suis souvent demandé ce qui se serait passé si je les avais laissés à mes côtés pour plusieurs années, pour longtemps.

J’ai alors compris que je ne savais rien des africains, de l’amitié avec les africains. Je m’approchais vers eux en pensant avoir à faire à des italiens que je connaissais. Dans l’amitié avec un italien, je me suis rendu compte au final que cela peut durer des dizaines d’années parce que personne n’attend rien de personne. Avec les africains formatés au créationnisme, par contre, on ne peut jamais savoir ce que l’autre attend de nous.

Contrairement aux idées reçues sur les européens et les africains, alors qu’avec un européen le seul intérêt du bonheur partagé est suffisant pour faire durer une amitié, chez les africains qui ont abandonné leurs traditions et habitudes spirituelles africaines où on n’attend rien de personne que de son propre effort, il n’existe pas d’amitié sans un intérêt immédiat. S’il n’a pas tout de suite ce qu’il veut, votre amitié est terminée. Est-ce une conséquence de notre pauvreté généralisée ? Ou du résultat de l’être hybride que nous sommes devenus, sans repères culturels ni religieux propres à nous ?

Peut-être faudrait-il re-enseigner d’abord aux parents la valeur de la dignité humaine, qui part de l’honnêteté et surtout, l’absence de mendicité biblique ou coranique. Si les parents continuent d’enseigner la mendicité créationniste comme une valeur de solidarité, alors, j’ai peur que la fidélité en amitié pour les africains sera peine perdue.

Quand chez nous, tout le monde escroque tout le monde, lorsque tout le monde est malhonnête
avec tout le monde, peut-on dans ces conditions espérer une fidélité en amitié qui dure des années ? Je ne crois pas !

Jean Paul Pougala

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