LES AFRICAINS ONT INVENTÉ LE VIN, ET CE SONT LES EUROPÉENS QUI LES SOULENT
Par Pougala
Il existe une légende métropolitaine savamment entretenue par les Européens selon laquelle le vin serait européen. Ce qui est faux. Le vin est Africain. Il est né en Afrique. Ce sont les Africains qui ont inventé le vin. Ce sont eux en effet qui ont mis au point les techniques de vinification aujourd’hui utilisées par les Européens et le reste du monde entier. Parce que le raisin est un fruit tropical, contrairement à ce que dit la science officielle.
Ce sont les Égyptiens qui inventent le procédé de vinification pour passer des raisins au vin. Ils créent le système de vendange et de pressurage des raisins pour en faire le vin, comme l’attestent plusieurs tableaux égyptiens datant de 2500 ans avant notre ère nous montrant la place de la viticulture et de la vinification dans l’Egypte antique.
Des recherches menées par Maria Rosa Guasch-Jané de l’Université de Barcelone sur des échantillons de résidus prélevés des vases en terre provenant du tombeau de Toutankhamon ont prouvé en 2004 que ce sont les Égyptiens qui ont inventé d’abord le vin blanc et ensuite le vin rouge. Les Romains vont importer le procédé et le diffuser dans tout l’empire en améliorant les techniques jusqu’à la fin de l’empire au Vème siècle.
En définitive, l’histoire nous enseigne que ce sont les Égyptiens qui sont les premiers à cultiver la vigne à environ 3.000 ans avant notre ère. Il vont produire le vin blanc et rouge pendant 2000 ans avant que les Romains puissent l’importer et la développer en Italie, sur l’Ile de Sicile, vers l’an 1000 avant notre ère, parce que c’est la partie de l’empire qui est la plus ensoleillée, grâce à sa proximité longitudinale avec le continent africain.
La première tentative de déposséder l’Afrique de la paternité de la vigne cultivée nous vient de la bible où on fait du personnage Noé, le premier viticulteur de l’humanité. Ce qui est archi faux, parce qu’au moment de ces récits, l’Egypte vante déjà 2.000 ans d’expérience dans la production du vin.
De l’Italie, le vin va regagner toute l’Europe avec des améliorations culturales pour adapter la vigne à des climats plus froids, ce qui va entraîner une forte dégradation de la qualité du vin originale. C’est ainsi que les pays comme l’Italie qui ont suffisamment de soleil, vont interdire l’utilisation du sucre pour « couper le vin », alors que d’autres comme la France, pour cultiver la vigne dans des zone froides comme la Champagne, sont contraints d’autoriser la sophistication du vin avec du sucre. La seule vraie nouveauté que les européens vont apporter au vin venu d’Egypte est de le rendre mousseux. Nous le savons grâce aux témoignages écrits en 1531 par les moines de l’abbaye bénédictine de Saint-Hilaire qui citent la Blanquette de Limoux, le Gaillac mousseux et la Clairette-de-die.
LA THÉORIE DE LA DÉPENDANCE
Avec le vin, les Européens se sont assis sur un pactole qu’ils n’ont envie de partager avec personne. Pour le faire, ils ont intelligemment su persuader les Africains que le raisin ne pousse que dans des climats tempérés. Ce qui est évidemment faux. C’est ce qu’ont très vite compris les Brésiliens. Comme les Européens avaient su adapter à leur climat les techniques culturales importées d’Egypte, l’Afrique peut également adapter à toutes les latitudes ses propres techniques pour optimiser sa production de vin. C’est ce qui est déjà fait avec brio en Algérie, en Afrique du Sud et timidement en Madagascar, pendant que les pays sud-américains situés aux mêmes degrés de latitude que les pays africains sont en train d’exceller et concurrencer le vin européen sans complexe, le dernier arrivé étant le Brésil justement.
Dans son très célèbre livre « Dépendance et développement en Amérique latine » publié en 1969, Fernando Henrique Cardoso, partisan de la théorie dite « de la dépendance », nous explique comment la pauvreté des pays sud-américains repose sur le lien de dépendance créé par l’Europe et les Etats-Unis pour soutenir leur croissance, et que s’ils sont riches, c’est parce que les pays du sud sont pauvres et le jour où ces pays du sud deviendront riches, ces pays occidentaux deviendront pauvres. Lorsqu’il devient président du 1/1/1995 à 1/1/2003, il cherche à mettre en application ses idées pour rompre la dépendance. L’Occident voulait que le Brésil soit le premier producteur mondial du café, Cardoso n’en veut pas. Il veut que le Brésil s’investisse surtout sur tous les secteurs déconseillés par ces derniers. Notamment le vin de raisin. Alors que tous les experts européens consultés prédisent que le Brésil ne peut pas produire le vin, Cardoso pose une seule question : le raisin peut-il pousser au Brésil? Aussitôt dit, aussitôt testé et les résultats sont stupéfiants. Et c’est en 2002, à la fin de son mandat que l’initiative démarre à grande échelle de la production de vin de qualité supérieure au Brésil. 10 ans après, c’est à peine croyable, avec une production de 3,2 millions d’hectolitres par an d’un vin de qualité destiné aux USA, Canada, Allemagne, Royaume Uni, Chine, Suisse, Pays-Bas et 20 autres pays; vin qui ne se vend pas au supermarché, mais exclusivement chez des spécialistes.
Alexander Thoele de Swissinfo fait remarquer que l’Institut Brésilien du Vin (Ibravin) n’a pas convié ses dégustateurs Suisses n’importe où. La rencontre était à Kaufleuten Hof, le club de luxe le plus prisé de Zurich, coincé entre les sièges des deux plus prestigieuses banques suisses, l’UBS et Crédit Suisse. Et les invités faits des directeurs et les chefs de vente des restaurants des plus grands palaces à 5 étoiles de Zurich. Mais l’originalité des Brésiliens a surtout été d’inviter les concurrents Suisses à déguster et critiquer leurs vins. Et quelle ne fut leur surprise ! La seule vraie critique était sur le côté écologique de la longue distance que ces vins allaient parcourir du Brésil en Suisse. Ils avaient oublié que c’est la même distance encore parcourue de nos jours par les vins de l’Europe vers le monde entier.
L’exemple Brésilien peut être suivi par bon nombre de pays africains. Par exemple, le Sénégal, pays musulman à 95% a vu sa balance commerciale s’aggraver avec l’Europe en payant en 2010 une facture de 5,5 millions d’Euros (3,6 milliards de Francs CFA) pour le vin importé d’Espagne, de France et d’Italie. Alors que la Casamance est une région propice à la production du même vin et peut en l’espace de 5 ans garantir l’autosuffisance du pays.