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LES CANDIDATS AU FAUTEUIL VIDE D’ALI BONGO PRÊTS POUR LA GUERRE

Les temps changent et introduisent à chaque fois un nouvel état d’esprit, ici et ailleurs, qui détermine l’avenir de nos pays et le devenir de nos peuples respectifs.
Nombreux se sont toujours posés la question de savoir pourquoi, dans nos écrits, la France est constamment prise en référence. A ceux là nous répétons que dans sa constitution fondamentale, le Gabon reste une pâle copie de son ancien colonisateur.

Le dispositif institutionnel en vigueur dans notre pays n’est qu’une copie empruntée à la cinquième République conçue par le général de Gaulle et Michel Debré. Certes elle demeure peu conforme à l’originale dans son fonctionnement, mais dans sa composition, on note une similitude frisant un plagiat insultant pour les intelligences gabonaises, sensibles aux conceptions originales et adaptées à nos réalités. Hélas…

Témoins des événements de Mai 68 en France et de la violence du vent de l’Est qui entraîna la chute du mur de Berlin, une vague conséquente des jeunes cadres du parti démocratique gabonais (PDG) s’était donnée pour ambition d’imposer cet état d’esprit rénovateur au sein de cet appareil politique dominé par les générations précédentes.

Omar Bongo Ondimba, en son temps, avait su, d’un côté, dompter la fougue de ces jeunes identifiés dont l’une des figures de proue était son fils Ali Bongo, et d’un autre, temporiser les frustrations des anciens qui n’acceptaient pas les humiliations répétées, infligées par des imberbes sans état de service convaincant.

Pour matérialiser cette gymnastique politique, le président de la République dut opter pour le départ de nombreux dignitaires du régime, recasés dans les conseils d’administration des diverses structures de la place pour les uns et au Sénat pour la plupart. Dans un autre temps, il rejeta vigoureusement le projet « Akoma Mba » porté par son fils Ali qui nourrissait l’ambition de faire du Gabon un royaume. A cette claque politique publique s’ajouta la promulgation de la loi visant à chasser du gouvernement tout individu âgé de moins de 35 ans. Ce fut une façon très prudente de ménager le chou et la chèvre.

Autrement dit, ce fut une manière de protéger son fils Ali et de mieux préparer sa succession, étant donné que ce dernier s’était mis à dos un grand nombre d’hommes devenus trop influents dans le pays.
Omar Bongo Ondimba, depuis ces événements violents, avait imposé à son fils la posture ou le rôle de celui qui « ne sait rien et qui ne veut rien ». L’objectif visé était d’éloigner Ali Bongo des pronostics réalisés ca et là quand il était question de succession.

C’est pourquoi on pouvait entendre en 2009 des Gabonais disqualifier Ali Bongo de la liste des potentiels présidentiables, l’affublant de toutes sortes de profils caricaturaux: du petit gros paresseux au petit gros ignorant et gourmand. Tout y est passé. Or, le chemin avait été tout tracé pour que nul autre que lui ne puisse l’emprunter. C’était le temps où la stratégie politique était pensée et planifiée.

A contrario, dans ce qu’on peut froidement observer depuis la nomination de Brice Laccruche Alihanga, Ali Bongo semblait s’être engagé dans une opération ultra dangereuse car, visiblement, il n’avait certainement pas su  » convaincre  » les siens de la nécessité de patienter ou de « mûrir  » une stratégie plus habile ou plus digeste pour une éventuelle succession à la présidence de la République. Car, c’était sans compter sur les imprévus de l’histoire : cas de maladie aggravée ou mort subite qui semblent demeurer des hypothèses de travail totalement exclues.

Pour les observateurs avisés, le schéma semblait tout tracé. Brice Laccruche Alihanga n’étant qu’une couche de make-up empruntée pour la manœuvre qui, finalement, a trop brillé lors d’une soirée arrosée. Ali Bongo et les siens avaient oublié que le chien ne va pas à la chasse pour son maître mais pour sa panse avant tout. Entre l’épisode de Ryad, le choix du lieu de la convalescence et le retour d’Ali Bongo au Gabon, trop d’eau a coulé sous les ponts. Les tensions au sein même du régime en place a créé une crise de confiance profonde entre les différentes parties. Ce qui peut d’ailleurs justifier au mieux le fameux coup d’état monté de toutes pièces qui a eu raison du légaliste et républicain Etienne Massard, ministre de la défense à ce moment. Sinon, pourquoi les acteurs ou auteurs de cette affaire grave ne sont toujours pas jugés dans un État qui se veut policier et tout répressif ?

L’incongruité de la situation au sommet de l’Etat atteint son apogée avec la fameuse tournée du messager intime. On voit bien qu’on est face à un vent de panique et d’incertitudes qui fait cumuler les erreurs aux néophytes de la politique de l’univers franco gabonais. Le bouc émissaire des plans démasqués est vite trouvé : Brice Laccruche Alihanga, le maillon faible doit payer. A lire de très près ce qui lui est arrivé, il n’avait pas lu la fable kenyanne du lièvre et de l’éléphant. Au quel cas, il aurait refusé de jouer un rôle qui n’est pas donné à Théophile Ogandaga qui, pourtant, occupe le même poste. C’est dire que ce que font les uns et les autres est bien dicté quelque part.

Une fois Brice Laccruche Alihanga en prison, et Noureddin Bongo Valentin aux premières loges de la République désormais, il convenait pour ce dernier de se lancer dans une stratégie payante aussi bien sur le plan national qu’international si tant est que son ambition était de succéder à son père un jour. Hélas, parmi les centaines d’opportunités existantes et pertinentes pour se faire un nom et se constituer des états de service conséquents, il choisit une trajectoire qui s’accommode mal avec l’esprit même du système en place : se construire le profil de « Monsieur Propre ».

Or, cette démarche quasi suicidaire portait en elle même les germes de son auto destruction. Peut-on faire la morale en matière de gestion financière quand on s’appelle Bongo et quand on hérite indirectement d’Omar Bongo ? La question des biens mal acquis et l’état catastrophique de notre pays auraient dû attirer l’attention du désormais coordonnateur général des affaires présidentielles sur le chemin glissant de ce choix hasardeux.

En effet, sa proximité de gestion ou de gouvernance avec Brice Laccruche Alihanga continue de développer un scepticisme légitime chez ceux qui voulaient bien croire en sa démarche de moraliser la vie publique de notre pays. Les enquêtes menées à ce jour ne nous révèlent rien de bien conséquent, susceptible de valider l’arrestation et l’emprisonnement de l’ancien directeur de cabinet du président de la République.

Sinon où sont passées les sommes d’argent récupérées au Gabon et ailleurs dans le cadre de l’opération scorpion? Dans quel compte ont elles été mises ? A combien sont elles évaluées à ce jour? Quid des complices et des receleurs ? Qu’est devenue « l’opération scorpion  » aujourd’hui ? Autant de questions qui continuent de créer le doute sur la pertinence de cette entrée en matière publique du fils d’Ali Bongo qui au passage s’est débarrassé du cercle premier de son père l’ayant permis de se maintenir à la tête de l’Etat en août 2016.

Sans qu’on ait eu les réponses aux questions posées, on nous sert une affaire de « Task force sur la dette ». C’est justement cet élément qui nous amène à conclure que la succession d’Ali Bongo Ondimba est plus qu’improbable désormais. Dans aucun système au monde, surtout pas celui dont nous sommes la pâle copie, la France, où les méthodes de lutte contre la corruption sont plus que évoluées, les gouvernements successifs n’ont pris le risque suicidaire de jeter en pâture un système où tout le monde se tient par la barbichette.

Pas une, pas deux, quand le système en place s’est senti en danger avec cette affaire de « Task force sur la dette », les démêlés ou les antécédents d’un des responsables de cette entité avec la justice espagnole ont été révélés au grand jour, disqualifiant la qualité de ce dernier à s’imposer en donneur de leçon. Depuis son interview dans le quotidien « l’Union » les promesses du porte parole de la présidence de la République sur les éventuelles arrestations ou sanctions des cadres du ministère des finances se font attendre.

Ce silence qui règne de ce côté depuis lors démontre bien que le système en place s’est mis en alerte rouge et qu’on n’est plus dans la politique de la petite semaine. La promptitude avec laquelle Léandre Nzue a été arrêté prouve bien qu’on est face à un blocage quelque part. Sinon quid des menaces du porte parole de la présidence de la République. A ce niveau, il semble que les acteurs de la Task force sur la dette ne savent pas à quel monstre ils s’attaquaient. Or, dans tout pouvoir de cette nature, il existe des espaces sacrés inviolables.

La dernière expérience amère du même genre fut le cas Fillon en France. Il lui a été fait la démonstration que lorsqu’on possède des squelettes dans le placard, il n’est pas bon de vouloir enculer la République. Nous pouvons déjà prédire que les révélations de Brice Laccruche Alihanga feront les jours heureux de tout le système qui compte les jours de la fin de ce mode de fonctionnement indigeste et irrespectueux.

C’est dire qu’en laissant Noureddin Bongo Valentin se construire un profil sur la base d’un bilan issu des résultats de la Task force, c’était tout simplement le jeter dans la gueule du loup. Ce qu’Omar Bongo n’avait pas fait en son temps lorsqu’il voulut épargner son fils Ali des griffes des caciques. La politique n’étant pas le monde des bisounours.

En montrant jusqu’où il était capable d’aller, Noureddin Bongo Valentin a certes fait la démonstration qu’il était un jeune homme courageux, déterminé mais hélas il a tenté de bousculer trop de codes qui n’ont pas laissé indifférent les tenants du système en place. Dans ce genre d’exercice ou de manœuvre, malheureusement, il faut toujours un perdant et un gagnant. Seul le temps nous le dira avec précision.

Le président de la République sait combien de fois ça a été difficile pour lui de s’imposer en 2016. Aussi, en laissant faire tout ce qui se passe actuellement au sommet de l’Etat et dans la haute administration, il y a comme une forme de renoncement à la succession.

En d’autres mots, il a déjà mis à prix son fauteuil présidentiel. La question qu’on peut se poser est de savoir si Noureddin Bongo Valentin et lui pourront remonter la pente ou changer l’état d’esprit de rejet total qui semble s’être développé de façon générale dans le pouvoir et au-delà. Une chose reste certaine, seule une réflexion de fond sur la situation actuelle et un changement radical de politique pourraient nous révéler la possibilité d’éventuels frémissements. Il faut avouer que c’est de plus en plus complexe. Le nouveau monde s’étant imposé en France avec Emmanuel Macron. Ce dernier vient symboliquement d’enterrer tous ses prédécesseurs vivants en un seul mandat.

Quel bilan le président de la République présentera au peuple en 2023? Quel bilan concret son fils et son équipe lui présenteront pour l’aider à espérer affronter sereinement la future échéance qui pointe à l’horizon ?

Or, il aurait été plus judicieux pour le coordonnateur général des affaires présidentielles de mettre en place l’égalité des chances annoncée en 2016, c’est-à-dire, faire la promotion des cadres gabonais compétents, rénover l’université Omar Bongo, vivier électoral non négligeable, moderniser les espaces les plus délaissés de notre pays, construction de nouveaux quartiers et réaménagement des cités vétustes, sans oublier les casernes des forces de défense et de sécurité, s’intéresser à l’intégration des jeunes à la fonction publique, le taux de chômage ayant atteint des propositions démesurées, etc.

Déjà 2009 et 2016 n’étaient pas faciles. Mais qu’en sera t-il de 2023 là où les frustrations diverses dans le pouvoir et ailleurs semblent avoir atteint un niveau insoupçonné, créant ainsi un état d’esprit belliqueux et prêt à en découdre avec un chef affaibli par la maladie. Et dire qu’ils avaient tout pour réussir. Écouter les vendeurs d’illusions a un prix : l’échec. Ce qui fait dire sans le risque de se tromper que succession s’annonce vraiment plus qu’improbable.

Par Télesphore Obame Ngomo

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