LES DÉPUTÉS ISSUS DE LA RÉGION DE PAUL BIYA INSTITUTIONNALISENT LE TRIBALISME ET LE FÉDÉRALISME
Quand des députés de la nation se réclament être des parlementaires du Sud juste le temps d’applaudir leur frère Biya “rapatrié au Cameroun comme un colis encombrant”, c’est à chaque Camerounais lucide de prendre acte du fédéralisme de fait qui vient de s’installer au Cameroun. Si non, qu’est ce qui peut justifier des suffrages à 100% en faveur d’un dirigeant qui a manqué de donner l’eau potable et de l’énergie électrique dans ces villes du Sud, Centre et Est qui prétendent plébisciter le président de la république?
Si l’État camerounais a donc cyniquement institutionnalisé la tribalisme d’Etat, que chaque Camerounais accepte de facto ce fédéralisme pour nous épargner de ce suicide collectif qui se pointe à l’horizon. Il n’y a aucune fierté de se réclamer d’un pays qui prêche le tribalisme d’État! Je n’ai pas choisi de naître Bamum, mais j’ai le choix d’accepter ou de refuser la nationalité Camerounaise ou d’ailleurs.
Je m’oppose au tribalisme tout simplement parce qu’il me semble absurde d’éprouver de la haine pour une personne pour une identité naturelle qu’il n’a pas choisie. Voilà pourquoi je me sens blessé et trahi par des gens que j’ai fréquentés qui se sont avérés être des apôtres de la “haine tribale”. Je dis ceci très sincèrement, même si on payait des salaires aux gens pour haïr les gens à cause de leur race ou de leur ethnie, je mourrais pauvre tout simplement parce qu’il me semble si injuste d’éprouver de la haine contre un humain pour ce qu’il est.
Quand depuis l’école primaire mes meilleurs enseignants furent tous des Bamilekes, qu’il s’agisse de monsieur Renez à la SIL en 1985, monsieur Mbiadam Thomas au CE1 en 1987, Madame Foaka Jeanne au CM1 en 1989, de Monsieur Djiele Joseph en 3ème en 1994, et de Messieurs Kameni en première en 1997. Sans oublier bien entendu messieurs Toyem Jean, Medjo, Ngune, Kenfack, Fany Yakam et bien entre autres. Comment pourrais-je hair un seul Bamileke de toute ma vie, quand ils ont été des architectes de ma conscience intellectuelles? Je suis ce que je suis de nos jours grâce à eux!
Admis à l’université de Yaoundé I, mes meilleurs enseignants furent les Pr. Jean Jacques Marie Essono, Edmond Biloa, Onguene Essono, Christian Kouoh Mboundja, Tamanji Pius, Ongwana, Ndongo Semengue entre autres. Et si Je dois passer en revue les amis intimes que j’ai connu de la SIL en Doctorat, ça me donnerait juste envie de pleurer face à cette déferlante saignée des propos tribalistes qui puent la haine et la honte.
Par respect donc à tous ces camarades et ami(e)s que j’ai côtoyé(e)s dans chaque classe au Cameroun, je m’engage d’aller en guerre féroce contre les tribalistes. Pour faire honneur à tous ces enseignants qui ont eu à se sacrifier pour notre éducation dans un pays où leur travail a été aussi méprisé, je dis au diable à chaque tribaliste dans notre pays!
A mes rares enseignants Bamum comme Messieurs Abel Yifomjou et Emmanuel Njukouyou, Zakariaou, Ndoung Njimoke Ibrahim (de regretté mémoire) je vous dis une fois de plus merci de nous avoir préparé avec honneur et compassion. N’est-ce pas franchement ironique de réaliser avec vous que de tous ceux qui m’ont formés, vous êtes les 4 rares Bamum qui ont contribué à mon confort spirituel et intellectuel? Permettez-moi ainsi de vous rendre un hommage mérité ainsi qu’à vos collègues durant ces péripéties. Nous sommes des adultes conscients de nos jours grâce à vos précieux conseils. La solidarité qui se dégageait dans vos rapports avec tous vos collègues nous confortent dans l’idée que le Cameroun peut se relever en s’inspirant de votre vision, de notre pays dépouillé de cette fâcheuse haine tribale.
Si nous nous inspirons de nos enseignants, il est fort à parier que le tribalisme ambiant ne pourra pas prospérer au Cameroun. Un autre Cameroun sans tribalisme est possible, il passe par un cadre juridique qui condamne explicitement ce sentiment. Vivement que nos députés se penchent là dessus et non rédiger les motions de soutiens ridicules avec un seul objet: le tribalisme d’État !
Laziz Nchare, New York, le 7 Juillet 2019.