LES DIAMANTS D’UN MINISTRE AFRICAIN SE TRANSFORMENT EN CAILLOUX AU COMMISSARIAT
Pour des experts miniers de RDC, le diamant de 87,40 carats saisi récemment chez le député Lambert Mende Omalanga était un «faux» diamant. Et l’affaire fait déjà polémique.
C’est un véritable rebondissement dans l’affaire du diamant trouvé récemment chez le député Lambert Mende Omalanga. Le joyau avait beau briller, il avait tout d’une autre chose qu’un diamant.
Et c’est l’accablante conclusion du procès-verbal rendu public le 22 mai par le Centre d’expertise, d‘évaluation et de certification (CEEC) des substances minières précieuses et semi-précieuses.
«Le centre constate, au regard des analyses ce qui suit: la pierre pèse 87,20 et non 87,40 carats. En outre, la pierre présentée n’est pas du diamant».
Pourtant, ce problème a déjà fait des dégâts. Pas des moindres. Accusé d’exploitation et vente illégales de diamant, Lambert Mende a été interpellé dimanche dernier de manière «brutale» et «au mépris de son immunité parlementaire» par la police.
Bien qu’ayant condamné la manière, le vice-Premier ministre en charge de la sécurité Basile Olongo avait affirmé que l’ancien porte-parole (2008-2018) du régime de l’ex président Joseph Kabila encourait une peine allant de 10 à 20 ans de prison avec une amende allant de 250.000 à 500.000 dollars américains, pour «détention illégale de diamant artisanal».
Réponse du berger à la bergère. Pour avoir porté l’affaire au niveau de l’Assemblée nationale, Lambert Mende a obtenu gain de cause. Lors de sa plénière, l’Assemblée nationale de RDC a promis le 21 mai d’attaquer en justice ces policiers auteurs de l’arrestation musclée.
Et bien avant, une grosse tête de la force publique en avait déjà fait les frais. C’est Vital Umiya Awashango, directeur des Renseignements généraux de la Police nationale congolaise (PNC) qui avait été suspendu de ses fonctions pour avoir dirigé l’opération.
Mais si la justice peut abandonner des poursuites contre Mende, beaucoup de questions demeurent. Et l‘épineuse question est celle de savoir où se trouverait actuellement le vrai diamant. Une question désormais dans la bouche de plusieurs Congolais visiblement partagés entre interrogations et indignation. À l’image de l’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ).
« L’ACAJ est scandalisée par le contenu du procès-verbal du CEEC qui constate qu’il lui a été déposé autre chose que le diamant de 87 carats», écrit sur sa page Twitter, Georges Kapiamba, responsable de l’ACAJ.
Mais, pour l’ONG, le vrai diamant a dû disparaître. Et la justice devrait sévir. «ACAJ appelle le Procureur Général près la Cour de cassation à enquêter sur la disparition du vrai diamant et arrêter les suspects», recommande M. Kapiamba.
Ce qu’on pourrait désormais appeler «Mende diamondgate» semble encore très loin de livrer tous ses secrets. Et pourrait plus susciter d’interrogations qu’il n’apportera de réponses.