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LES GANGS DES COMITÉS DE VIGILANCE FINANCÉS PAR LE RÉGIME BIYA IMPLIQUÉS DANS LA DÉCAPITATION DE L’OFFICIER DE POLICE ET DE LA GARDIENNE DE PRISON

Par Michel Biem Tong, journaliste web en exil

Juste pour comprendre au nom du bon sens. Un dimanche après-midi, on découvre dans un carrefour à Bamenda la tête d’un homme posé non loin de sa pièce d’identité. Puis, il apparait qu’il s’agit d’un officier de police en service dans la ville. Deux jours plus tard, des images d’une jeune fille circulent sur les réseaux sociaux. Elle est présentée par la propagande officielle comme celle chez qui le policier a été tué (par des séparatistes armés bien sûr !) et les effets du défunt retrouvés.

Il y a 3 hypothèses : (1) soit les Amba Boys ont agi à découvert (devant témoins) en tuant et décapitant cet officier de police au point que le Bataillon d’intervention rapide (BIR) ait pu en l’espace de deux jours seulement localiser le lieu où le crime a été commis. Impossible car la jeune dame aurait rejoint les séparatistes armés dans leur camp que de rester au lieu de la commission de l’acte criminel et avec les effets de la victime ; (2) Ceux qui ont appréhendé cette dame puis l’ont présenté sur les réseaux sociaux comme celle chez qui le policier a été tué connaissait bien cette fille ainsi que le lieu de la commission du crime au point d’être aussi formel ; (3) l’image de cette jeune dame ainsi que celle des effets retrouvés est une histoire montée de toute pièce pour diaboliser le camp d’en face et brouiller les pistes qui conduisent vers des suspects qu’on veut protéger.

Le contexte de l’assassinat avec décapitation de cet officier de police mérite d’être pris en compte. En ce moment, le pouvoir de Yaoundé subit des pressions énormes de la communauté internationale qui le pousse à s’asseoir sur la table de négociations avec les indépendantistes. Mais les autorités camerounaises qui refusent cette option ont choisi de former ce qu’elles appellent « des comités de vigilances ». Il s’agit en réalité de milices qui kidnappent contre rançons, qui tuent et décapitent dans le but de dresser la communauté, la presse et les ONG internationales contre les séparatistes armés. Le pouvoir commandite des actes de terrorisme sur le terrain afin de faire croire aux gouvernements occidentaux : « regardez ce que font ceux avec qui vous nous demandez de dialoguer, ils se comportent comme des assassins et des voyous et ne sont pas ces libérateurs qu’ils prétendent être ».

Ces « comités de vigilance » financés et équipés par le régime de Yaoundé, encadrés par des soldats camerounais, ont mis la barre un peu plus haute. Ils ne s’attaquent plus seulement aux civils innocents. De plus en plus ils ciblent des fonctionnaires qu’ils tuent et décapitent. La dernière de leurs victimes c’est la gardienne de prison Florence Ayafor, assassinée le 29 septembre 2019, violée, mutilée et décapitée. Pendant que le pouvoir de Yaoundé reste de marbre face à cette horreur, les présumés auteurs de ce crime se trouvent entre les mains des Ambazonians Defence Forces, les forces indépendantistes anglophones.

Dans une autre publication qui circule sur les réseaux sociaux, la fille présentée comme celle chez qui le policier aurait été tué est pointée du doigt comme une complice dans l’assassinat de Florence Ayafor. De quoi donner l’impression d’une volonté de distraire l’opinion internationale des véritables commanditaires de ces assassinats en série.

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