Afrique Politique

LES MILITAIRES CAMEROUNAIS ET LE CONGRÈS AMÉRICAIN RECONNAISSENT L’ÉTAT D’AMBAZONIE

En cette période de campagne électorale, cette nouvelle arrive comme un cheveu dans la soupe. Dans une résolution rendue publique le 3 octobre 2018 à l’issue de sa 115e session tenue le 2 septembre dernier, le Congrès américain (parlement) recommande à Paul Biya et à son gouvernement non seulement de libérer le président par intérim de l’Etat virtuel de l’Ambazonie, Sisiku Ayuk Tabe, détenu au SED ( Secrétariat d’État à la Défense) à Yaoundé depuis fin janvier dernier après avoir été kidnappé au Nigéria avec 8 des membres de son gouvernement, mais aussi d’engager des négociations avec les combattants indépendantistes en vue d’une sortie de crise.

Ainsi, Paul Biya et les membres de son gouvernement devront donc s’asseoir sur la même table que Sisiku Ayuk Tabe et les commandants des « Amba Fighters » tels que Field Marshall des Red Dragons, Général Ivo ou alors Général « Commando » des ADF ? Quelle fin de règne ! Devinez pour négocier de quoi ? Des termes de la séparation du Southern Cameroon d’avec la République du Cameroun. Ah oui! En voilà une pilule très amère difficile à avaler. L’ancien sous-secrétaire d’Etat américain aux affaires africaines, Herman J. Cohen, avait déjà lancé une mise en garde au pouvoir de Yaoundé sur son compte twitter en déclarant que si ce dernier refuse le retour au fédéralisme, il devra affronter la dure réalité du séparatisme pour la création de l’Etat d’Ambazonie.

Cette résolution du Congrès américain arrive après la célébration avec faste et solennité à travers le Southern Cameroon du 57e anniversaire de l’indépendance de ce territoire le 1er octobre dernier. Muni d’arbre de paix et du drapeau de l’Ambazonie, des hommes, des femmes et des enfants se sont levés comme un seul homme pour marcher pacifiquement, en chantant et en dansant. Dans pas mal de localités, il y a même eu défilé civil et même militaire.  Sans une intervention des forces de l’ordre ! La célébration de l’indépendance s’est étendue jusqu’à Kwa-kwa village là où les militaires camerounais avaient brûlé mama Pauline, une vieille mère de 95 ans en février dernier . Scène surréaliste, les militaires camerounais ont même posé avec le drapeau de l’État d’Ambazonie, exprimant qu’ils avaient marre de cette guerre inutile. Paul Biya dont la visite était annoncée à Buéa pour sa campagne électorale, se serait déjà rétracté. Les services de renseignements lui ont signalé que sa vie y serait en danger.

Si même le chef d’État camerounais a déjà peur d’effectuer un déplacement dans cette région, c’est la preuve que son armée a perdu le contrôle de cette partie du territoire revendiqué par les séparatistes anglophones. Ce sont autant de signes qui ne trompent pas. Et qui donnent à croire que l’Ambazonie arrive. Le président actif de cet Etat tant rêvé, Samuel Sako, est attendu dans les prochains jours devant la Commission Décolonisation de l’ONU. Les Anglophones sont vraiment en train de partir.

Michel Biem Tong

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