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LES MILITAIRES CAMEROUNAIS SONT ATTEINTS DES TROUBLES PSYCHIATRIQUES SELON UN MEDECIN

Par Dr Roger Etoa

Qu’est ce qui peut bien se passer dans la tête d’un militaire pour qu’il en arrive à vider son chargeur sur les corps sans défense de femmes et enfants? :

Insuffisance de formation sur la protection des droits humains ?

insatisfaction sur des conditions salariales ou de travail ?

Complot politique ?

Problème de gouvernance de notre armée, voire de notre pays ?

Si oui, qu’est ce qui avait également poussé ce jeune soldat américain (G.I) à abattre de sang froid 15 victimes civiles dans un village en Afghanistan en 2012 ?
Ou alors des soldats français à abattre 11 militaires maliens qui pourtant les accompagnaient sur le terrain des opérations anti djihadistes ?

Pour répondre à ces questions, du moins sous l’angle de la santé mentale, il faut savoir que le modèle de guerre contre BOKO HARAM ou même contre les séparatistes ambazoniens sont des  » conflits de faible intensité militaire mais à haute intensité psychologique  » .

LA GUERRE (ASYMÉTRIQUE) : UN MOMENT INTENSE DE « CORROSION PSYCHIQUE  »

Si vous interrogez tous les soldats au front, ils vous diront presque tous la même chose: « Le plus difficile, c’est pas la confrontation militaire directe, mais la menace aveugle: les roquettes surprises et les engins explosifs improvisés telles que les mines antipersonnelles, les bombes humaines (kamikazes).

Alors que les accrochages et affrontements directs tuent en moyenne deux fois plus que ces engins, «paradoxalement, ils sont moins stressants au niveau psychique», explique le Dr Andruetan , psychiatre militaire. « Cest tres perturbateur, car ça fait naître un sentiment nouveau: le doute, la peur d’être surpris à tout moment par n’importe qui .

Quand vous subissez des tirs de roquettes nocturnes dans un camp ou des attentats suicides surtout quand il s’agit des personnes innatendues (femmes, jeunes filles, enfants) vous avez un sentiment de vulnérabilité qui est épuisant.», poursuit le Dr Andruetan.

Ce mécanisme de «corrosion psychique» explique-t-il l’acte insupportable des militaires camerounais?

On ne peut s’empêcher d’y penser. «Comme le meilleur acier exposé à l’air libre, la répétition de la menace corrode l’esprit et peut entraîner la rupture psychique, décrypte le Dr Andruetan.

Les soldats savent repérer cette corrosion psychique. Elle peut se manifester par une fatigue exprimée, des bagarres, une augmentation des erreurs notamment dans la manipulation de l’arme, voire un décrochage du sens moral qui peut aboutir à des actes extrêmes tels que l’assassinat des femmes et enfants sans défense.»

On dénombre un nombre élevé de cas de dépressions, de « Stress post-traumatiques et malheureusement des suicides chez les militaires au decours d’une guerre qui s’eternise.

La médiatisation excessive des cas de bavures aggrave encore un peu plus le malaise des soldats victimes de ces troubles et fait courir un risque important de perturbation de la stratégie militaire.

QUELLES SOLUTIONS FACE AUX TROUBLES MENTAUX DES MILITAIRES?

Lors d’un conflit armé, il faut organiser la prise en charge de la santé mentale des soldats.
Elle consiste à éviter ou limiter les conséquences psychologiques des opérations armées.

Par exemple, lorsqu’un accrochage fait des blessés, ou bien lorsqu’un soldat est victime d’un attentat suicide,
– il est par exemple très utile d’organiser une brève entrevue entre le groupe et le blessé évacué pour atténuer les sentiments de culpabilité ressentis par les combattants.

– Contre le stress permanent, «il est important de respecter des temps de repos», Avec parfois des séjours sur une base arrière «pour souffler un peu».

– Des séances de tir de défoulement, sont aussi «une façon simple de soulager la tension accumulée».

Autre manière, Les contingents de retour d’Afghanistan passent par exemple deux jours à Chypre pour se détendre et disposer d’un sas avant de rentrer dans leur famille. «Symboliquement, ce temps marque la séparation du groupe» et cela montre aux soldats «que l’institution fait quelque chose pour eux et prend en compte la difficulté de la mission».

– Enfin les psychiatres se rendent sur le terrain pour mener des actions de prévention.

Quand un soldat ne va pas bien, l’objectif est double: «limiter les risques pour lui et éviter qu’il ne mette en danger les autres».

Tout le Cameroun compte moins de 10 psychiatres.
Et l’armée en compte combien?
Je ne sais pas.

Dr Roger Etoa

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